samedi 9 juillet 2011

L’UDC veut revoter sur les criminels étrangers

Le parti craint une mauvaise mise en application de son initiative acceptée en novembre dernier. Il veut lancer un nouveau texte d’ici à début 2012.

«La volonté du peuple est bafouée. Nous devons réagir!» Vice-président de l’UDC Suisse, Yvan Perrin n’a pas peur des grands mots. Hier, son parti a annoncé vouloir lancer une nouvelle initiative pour ancrer dans la Constitution sa vision de l’application du renvoi des criminels étrangers. «Cette fois-ci, le texte touchera directement la Constitution, de manière à ce que personne ne puisse le modifier en cours de route», lâche Gilberte Demont, présidente de l’UDC Fribourg.

Ce qui fâche le parti de Christoph Blocher? Les conclusions du rapport final du groupe de travail qui a planché sur la mise en œuvre de l’initiative. Le rapport propose quatre variantes. Seule la première trouve grâce aux yeux de l’UDC. Elle prévoit l’automaticité des renvois, quelle que soit la gravité des délits

Les trois restantes, soutenues par les autres partis, tiennent compte du principe de proportionnalité. Elles prévoient que l’expulsion ne soit obligatoire que si l’étranger concerné a été condamné à une peine de 6 mois, ou s’il s’agit d’un récidiviste.

«Six mois, c’est beaucoup trop laxiste, estime Yvan Perrin. Nous voulons que les mailles du filet soient beaucoup plus petites.» Pour le Neuchâtelois, le groupe de travail n’a «jamais eu l’intention d’appliquer fidèlement l’initiative».

L’UDC a déjà commencé à faire campagne, en ressortant son affiche «Ivan S. violeur», utilisée en 2010. A quelques mois des élections fédérales, Yvan Perrin se défend de tout électoralisme. «Une initiative, c’est un énorme boulot. Je préfèrerais de loin ne pas avoir à repartir pour un tour. Mais nous nous devons de faire respecter la volonté populaire.»

L’UDC n’aurait-elle pas pu dès le départ soumettre au vote un texte suffisamment précis pour qu’il ne nécessite pas un deuxième passage devant les urnes? «On est toujours plus intelligent après, reconnaît Yvan Perrin. Mais nous avons eu la naïveté de croire qu’une volonté clairement exprimée par le peuple serait acceptée par les Chambres. Or le résultat du groupe de travail correspond en tout point au contre-projet qui a été rejeté par le peuple .» Le 28 novembre 2010, le contre-projet avait été refusé à 54%. L’initiative avait, elle, été acceptée par près de 53% des votants et 20 cantons.

Farouchement opposée à l’initiative, la socialiste Ada Marra ne se montre absolument pas surprise par la volonté de l’UDC de remettre la compresse. «Il était dès le départ évident que la mise en application de cette initiative n’allait pas être simple. Ce qui est gênant, c’est que cela permet à l’UDC de crier au loup et de faire le Calimero.» Pour la conseillère nationale, le renvoi automatique est un problème. «Envoyer un réfugié se faire tuer chez lui pour une petite effraction, ce n’est pas possible. Pour ma part, j’estime que la Confédération fait son travail et tient justement compte de l’avis de la population.»

Julien Magnollay dans 24 Heures

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