Fathi Derder, rédacteur en chef de La Télé, est l’invité de la rubrique Réflexions de 24 Heures.
C’est l’histoire d’un aréopage qui aurait dû être sage, voire utile. Mais qui, par son dogmatisme et sa «bien-pensance», se discrédite au fil des mois. A la lumière de la dernière prise de position de la Commission fédérale contre le racisme, il est permis de s’interroger sur sa raison d’être.
Depuis son engagement contre les affiches antiminarets, la commission – et son président Georg Kreis – s’est muée en organisme ouvertement anti-UDC. L’argumentation philosophique, scientifique ou morale – qu’on est en droit d’exiger d’un tel organisme – disparaît au profit d’une artillerie politique contre un parti suspecté de racisme…
Le pire s’est produit la semaine dernière, dans le débat sur le voile à l’école. Quand soudain, sans raison, la commission s’est attaquée à l’interdiction de celui-ci.
Sans raison? Pas tout à fait… En fait, peu auparavant, le canton de Saint-Gall avait invité ses communes à proscrire le port du foulard à l’école. Une prise de position conforme au fonctionnement démocratique du canton.
Les arguments sont connus, et acceptables: le port du voile est une atteinte aux droits de l’homme. Ou, pour être précis, aux droits de la femme. Le droit pour toute fillette de disposer, comme elle le souhaite, de son image et de son visage, dans un Etat libre comme le nôtre.
Or donc le canton de Saint-Gall s’est permis d’interdire ce geste humiliant et dégradant pour des fillettes résidant en territoire suisse. Et cela n’a pas plu à la commission. Pour des questions philosophiques? Non, strictement politiques: le Con-seil de l’éducation saint-gallois est dirigé par un UDC. Ce qui a visiblement agacé le bon Georg Kreis, la haine anti-UDC chevillée au corps.
Le communiqué n’en fait pas mystère, dénonçant «une action principalement dictée par des motifs partisans». Sous-entendu: de sales motifs, ceux d’un parti raciste. Un sous-entendu strictement inadmissible pour une commission fédérale jugeant une instance cantonale représentative de la société civile. Le propos est incompatible avec notre fédéralisme. Il l’est d’autant plus de la part d’une commission censée être neutre et qui cède à la condamnation d’une décision sur la simple évaluation de la carte de parti d’un individu.
Il s’agit d’un dérapage. Ce n’est pas la première fois que Georg Kreis s’attaque à l’UDC. Mais c’est la première fois qu’il méprise l’équilibre démocratique suisse au nom de convictions politiques personnelles. Et se permet de nier des évidences en ce nom.
Une négation irresponsable: le port du voile est un grave obstacle à l’intégration. Dans un milieu – l’école – propice à la discrimination des roux, des gros, ou des petits, le port du voile est l’assurance pour un enfant de ne jamais faire partie du groupe.
La Commission fédérale contre le racisme refuse de voir cette réalité, par dogmatisme. Alors que l’on compte sur sa sagesse, elle se montre aveugle. De campagne en campagne, elle perd en légitimité. Son parti pris et son dogmatisme la discréditent. Pour lui donner un sens, il est urgent de la dépolitiser.
En commençant par la débarrasser de son président .
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