La colonie libre italienne a réussi à fédérer toutes les communautés immigrées du canton. La nouvelle fédération veut dialoguer avec la population.
Canton multiculturel et fier de l'être, Neuchâtel ne pratique pas encore suffisamment l'échange entre ses communautés migrantes et indigènes. La colonie libre italienne est déterminée à y remédier en étant à l'origine de la création de la Fédération neuchâteloise des communautés immigrées (Feneci). La nouvelle structure, qui vise à rassembler les quelque 200 associations de migrants du canton, a été lancée officiellement vendredi 27 août avec l'appui des autorités politiques cantonales.
Fédération indépendante
A l'origine du projet, Gianfranco de Gregorio est établi dans le canton depuis cinquante ans. Il affirme ne pas pouvoir abandonner le lien qui l'unit à l'Italie, son pays d'origine. Cependant, il a fait sa vie ici, et souhaite que les migrants et les Neuchâtelois de souche puissent mieux se connaître et s'apprécier.
«Au début des années 1960, les Italiens étaient souvent les boucs émissaires de tous les maux des Suisses», indique Gianfranco de Gregorio. «Aujourd'hui, ce sont les Albanais ou les Africains qui souffrent de ce genre de phénomène. Nous refusons ces préjugés, tout comme nous sommes opposés à la délinquance. Nous pensons que le dialogue et l'échange ne peuvent que conduire à davantage de reconnaissance sociale. C'est pour cela que la Feneci sera fondée.»
Conférences et débats
Cette fédération se voudra indépendante de toute couleur politique ou religieuse. Elle vise à regrouper les 145 nationalités recensées dans le canton, qui comptait à fin 1999 plus de 50 000 migrants sur 170 000 habitants. «Nous voulons rencontrer tout le monde, autorités, partis politiques, et groupes de tous bords», indique encore Gianfranco de Gregorio.
L'action de la Feneci entend aider tous les migrants dans leurs démarches d'intégration dans la société neuchâteloise. Les communautés africaines font notamment état de quelques cas de discrimination à l'embauche. Les responsables de cette fédération entendent baser leur action sur le respect de la personne et de la législation.
La Feneci s'adressera donc aux Suisses, bien sûr, pour rassembler et aider les migrants établis et leurs enfants, naturalisés ou non, ainsi que les requérants d'asile. Ils pourront évoluer dans un canton qui est souvent cité en exemple pour sa politique à l'égard des communautés immigrées. Gianfranco de Gregorio s'en félicite, même s'il estime que Neuchâtel peut encore faire mieux. En particulier, la Feneci souhaite participer au débat politique, sans pour autant franchir le pas de la création d'un parti, comme SolidaritéS par exemple. Il s'agira en quelque sorte d'établir un partenariat avec les autorités cantonales.
Ces prochaines semaines, la Feneci veut continuer son travail de rassemblement et d'échanges avec l'ensemble de la population. Conférences, débats et activités diverses sont déjà envisagées. Dans l'espoir que la discrimination s'efface définitivement des esprits des Neuchâtelois.
Philippe Chopard dans le Courrier
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