Le premier ministre François Fillon a estimé mardi que l'Union européenne devait harmoniser ses pratiques à l'égard de ses Roms. Lefigaro.fr a passé en revue les politiques conduites par certains de nos partenaires.
Parmi les 500 millions de citoyens européens, environ 10 millions sont des Roms. Bien que la situation de cette communauté pose des problèmes spécifiques d'intégration, reconnus par les institutions de l'Union européenne, celle-ci peine à se doter d'une politique commune. Chacun des vingt-sept pays partenaires compose donc sa propre politique, allant de la fermeté à des politiques favorisant l'intégration. Lefigaro.fr a choisi de revenir sur les cas de dix d'entre eux.
En Europe de l'Ouest, l'Espagne est le pays qui accueille la plus forte communauté rom, ou gitane (800.000, selon l'estimation haute). Au printemps, le gouvernement a adopté un «plan d'action pour le développement de la population gitane 2010-2012». Doté d'un budget de 107 millions d'euros sur trois ans, il prévoit des actions en matière d'éducation, de santé, de logement, ainsi qu'en faveur des femmes.
En Italie, les Roms, ou «Sintis» (estimés à 150.000), sont régulièrement au centre de débats sur l'immigration et la sécurité. En 2008, un an après une vague de violence anti-Roms, l'Italie avait commencé à ficher les habitants de camps de nomades, en relevant notamment leurs empreintes digitales.
Comme Paris, Rome propose des aides au retour pour les Roms en situation irrégulière (billet d'avion, indemnité de voyage de 400 euros et pécule de 3000 euros maximum pour la réintégration dans le pays d'origine). Mais le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, qui applaudit le durcissement de la politique française, veut demander à Bruxelles la permission d'étendre la procédure d'expulsion aux Roms qui sont citoyens européens mais qui ne satisfont pas à certaines «exigences». «Avoir un revenu minimum, un logement adéquat et ne pas être un fardeau pour le système social du pays d'accueil», a détaillé le ministre, membre du parti xénophobe Ligue du Nord.
L'Allemagne reconnaît officiellement la minorité des Roms de nationalité allemande. La plupart des autres Roms sont des réfugiés ayant fui la guerre au Kosovo. Berlin les encourage, comme tous les Kosovars réfugiés, à rentrer chez eux avec des aides au retour. Quelque 10.000 Roms ne disposant pas d'autorisation de séjour formelle doivent ainsi être renvoyés «par étapes», a annoncé le gouvernement. Reste que selon un rapport de l'Unicef, 38% des Roms renvoyés d'Allemagne sont apatrides, ce que plusieurs conventions internationales interdisent.
En Grande-Bretagne, on recense au maximum 200.000 Roms, aussi appelés «Gypsies». Parmi les promesses de campagne du parti conservateur, arrivé au pouvoir en mais dernier, figurait le renforcement de la législation contre les occupations illégales de terrains. En projet notamment, la création d'un nouveau délit qui permettrait aux policiers d'arrêter ceux qui refusent d'évacuer les terrains qu'ils occupent illégalement.
La Hongrie - pays voisin de la Roumanie, dont sont issus la plupart de Roms expulsés par les autres pays européens - compte environ 600.000 Roms. En 2009, 40% des jeunes Roms hongrois n'avaient pas achevé l'enseignement primaire. L'an dernier, le gouvernement a décidé de tripler le budget prévu pour reloger ceux qui vivent dans des bidonvilles et favoriser leur intégration dans la fonction publique. Mais avec la crise économique, Budapest a révisé ses plans et réduit les embauches prévues. Depuis que le parti d'extrême-droite Jobbik est devenu en avril dernier la troisième force politique du pays, les Roms sont de nouveau un sujet de débat national en Hongrie. Le Jobbik propose notamment de créer une gendarmerie dévolue aux «problèmes roms».
En République tchèque, où la minorité rom est estimée à 250.000 personnes, plusieurs attaques d'extrémistes de droite ont été enregistrées à leur encontre ces dernières années. Il y a deux ans, le pays a été condamné par la Cour européenne des droits de l'homme pour le placement forcé d'enfants roms dans des écoles spéciales destinées aux handicapés mentaux. À la mi-mars 2010, le gouvernement tchèque a adopté un «plan national d'action» visant à encourager la scolarisation des enfants roms avec les autres.
Environ 250.000 Roms vivent en Grèce, la plupart dans des conditions misérables, souvent victimes d'expulsions arbitraires et de violence policière. Malgré des aides sociales provenant des programmes européens, leur intégration reste lettre morte. En 2008, la rapporteuse de l'ONU pour les droits des minorités, Gay McDougall, avait appelé Athènes à prendre des mesures urgentes pour améliorer leur situation «désespérée».
Le Portugal, la Suisse, la Pologne et la Suède comptent chacun 50.000 Roms sur leur territoire, selon les estimations hautes. Au Portugal, ceux qui se trouvent en situation irrégulière peuvent être expulsés, sauf s'ils sont nés au Portugal, s'ils y sont arrivés avant l'âge de dix ans ou s'ils ont des enfants mineurs à charge et scolarisés. La plupart des Roms en Suisse ont la nationalité suisse, les autres étant des réfugiés du Kosovo. En Pologne, selon les autorités 30% des enfants roms suisses ne sont pas scolarisés. Enfin en Suède, les Roms sont l'une des cinq minorités reconnues mais 80% des adultes sont sans emploi et une majorité d'enfants ne termine pas l'école primaire. Depuis le début de l'année, plus de 50 Roms ont été expulsés.
Un article trouvé dans le Figaro
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