Histoire d'une bande de copains d'école, classe de CM2. Un élève prénommé Youssef est arrêté par la police et expulsé du territoire. Motif : sans-papiers. A son tour, Milana, 10 ans, la petite Tchétchène dont est amoureux Blaise, est menacée. Les enfants décident de réagir. Ils prêtent serment de rester toujours ensemble et organisent un complot pour sauver Milana. Un article de Jean-Luc Douin dans le Monde.
A quelle époque un truc pareil a pu se passer ? En 2009, assure Romain Goupil, qui commence par montrer Milana, cinquante-huit ans plus tard, pour signifier que dans plusieurs décennies une telle situation apparaîtra indigne, et que les adultes qui l'ont vécue devront rendre des comptes.
Sous-entend-il qu'en 2009 personne ne soutient les sans-papiers ? Le film, au contraire, fait état de la mobilisation d'adultes, en ordre dispersé. Certains revendiquent la régularisation pour tous, d'autres uniquement à ceux qui en font la demande. L'un suggère le piston par un pote de la mairie et l'autre prône une résistance éthique. "Pourquoi cherche-t-on tant à apprendre la division à l'école ?", dit ironiquement quelqu'un lors d'une discussion sur l'apprentissage des mathématiques.
Pas de message
Cette plongée de la France "au royaume de l'absurde" génère réunions, mobilisations, tracts, déclarations alarmistes, actions irréalistes ou démagogiques, cacophonie, et, au final, impuissance. Un temps, les parents de Blaise hébergent Milana chez eux, la faisant passer pour leur fille, mais c'est une réponse provisoire.
Romain Goupil ne fait pas la morale, il n'a pas de message à faire passer, sinon celui de l'insurrection de principe, de la prise de conscience, de la nécessité de se muer en perturbateur. Fin renard, il le fait avec le sens du ludique. Ce sont les enfants qui vont faire preuve d'une solidarité et d'une rébellion efficaces, et les parents, le lycée, la police ne pourront pas plus faire face à la disparition de ce groupe de jeunes résistants qu'à la situation mise en place par le ministère de l'intérieur.
"Vive la rébellion !"
Cette veine proche d'un François Truffaut (le film s'adresse autant, sinon plus, aux enfants qu'aux adultes) affiche une cohérence à la fois autobiographique et thématique dans l'oeuvre de Goupil. Ce dernier a raconté ses souvenirs dans La défaite dépasse toutes nos espérances (Plon, 2006). Il écrit à propos de sa jeunesse : "Régnait à la maison une ambiance à la Doisneau et à la Vigo. A bas l'école, vive la rébellion !" On trouve dans ce livre nombre de détails vécus et repris dans Les Mains en l'air : les trafics opérés par les jeunes Pieds-Nickelés dans une cave, l'art de franchir une porte fermée en sciant ses charnières, le culte de la lampe à pétrole et des bougies, les vacances en Bretagne...
L'importance de la petite bande de copains et la nécessité d'inventer des règles de contestation courent de Mourir à 30 ans (1982) à Une pure coïncidence (2002) en passant par Maman (1990) et A mort, la mort ! (1999). En 1996, insurrection contre l'exclusion, Sa vie à elle racontait l'histoire d'une jeune Maghrébine qui décidait de porter un voile au lycée.
On retrouve l'esprit 68 dans le "On s'appelle tous Milana" des Mains en l'air dont les petits héros apprennent à aimer la descendance de ceux que l'on traite comme des rats.
La séquence du Journal de la TSR consacrée au film de Romain Goupil
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