Le Forum de l’Hôtel de Ville accueille ces jours une exposition sur ces immigrés qu’on côtoie tous les jours. Treize portraits et autant d’histoires fortes et émouvantes à découvrir jusqu’au 10 mai. Un article de Nadine Haltiner dans 24 Heures.
IMMIGRATION Karolina est Brésilienne. En témoignant de son parcours au Forum de l’Hôtel de Ville, elle veut mettre fin à certains stéréotypes. LAUSANNE, LE 29 AVRIL 2008.
"En Suisse, je croyais que c’était le paradis, car il y a une grande diversité culturelle. En réalité, il y a des préjugés entre Suisses et étrangers, mais aussi entre étrangers.» Karolina, 28 ans, est Brésilienne et vit à Renens. En 2004, elle quitte son pays «pour voyager et apprendre une autre culture». Aujourd’hui, elle fait partie de ces étrangers qu’on côtoie tous les jours. Et des treize migrants ayant accepté de raconter leur histoire pour l’exposition L’Autre.ch, à voir actuellement au Forum de l’Hôtel de Ville à Lausanne.
La jeune femme a longuement hésité avant de s’afficher ainsi. «J’avais peur de m’exposer, mais ensuite je me suis dit qu’il fallait montrer l’autre face des étrangers vivant en Suisse. En arrivant ici, j’ai entendu beaucoup de préjugés: les Africains sont des trafiquants de drogue, les Arabes sont violents et les Brésiliennes sont des prostituées. Je suis la preuve vivante que ce n’est pas le cas!» Remettre en question les idées reçues sur celui qu’on appelle communément «l’autre» est justement le but de l’exposition. L’autre? C’est cet étranger que personne ne connaît vraiment, mais sur lequel chacun a un avis. Une opinion rapidement chamboulée par les visages de Khaled, ressortissant afghan, d’Angelo, immigré togolais, ou d’Artan, Kosovar. Autant d’histoires et de parcours de vie montrant que l’immigration est multiple et variée.
Comme un miroir
«Les photos, faites par Jeanne Gerster, ont été tirées en grand format, explique Anne-Romaine Favre Zuppinger, organisatrice de l’événement, mis sur pied en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Lausanne. Cela permet d’être face à une personne à taille humaine et d’être interpellé par son regard. C’est d’ailleurs la force de ce projet: se retrouver devant un miroir.» Et lorsqu’on retourne ce miroir, on croise le regard de Daniela, une Suissesse partie vivre à San Diego. «On voulait terminer l’exposition par son portrait pour montrer qu’un Suisse peut aussi vivre la migration, faite souvent de petits boulots et de frustrations », poursuit l’organisatrice. Des petits jobs qui sont sans doute le point commun de beaucoup d’immigrés détenteurs de diplômes universitaires non reconnus dans notre pays.
Karolina peut en témoigner. «Au Brésil, j’étais cadre dans le tourisme. Ici, pour gagner ma vie, je travaille comme animatrice dans une association. Et je vais devoir reprendre des études pour avoir un jour un autre emploi.» Elle commencera l’Ecole sociale cet automne.
Aujourd’hui cette jeune maman se sent parfaitement intégrée dans le canton de Vaud, mais regrette parfois que «les étrangers et les Suisses ne se mélangent pas davantage». Elle espère que l’exposition donnera envie aux visiteurs d’aller plus fréquemment vers l’autre.
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