vendredi 2 mai 2008

Sans papiers, sans espoir

«A de rares exceptions près, les travailleurs illégaux n’ont pas d’avenir en Suisse…»: c'est l'opinion de François Brélaz, député UDC, dans la rubrique Réflexion de 24 Heures.

François Brélaz

La condition des person­nes en situation illégale qui travaillent dans notre canton repose sur un monceau d’hypocrisies. Lorsqu’elles ap­prennent leur existence, les communes sont plus enclines à fermer les yeux qu’à les dénon­cer. S’ils gagnent suffisamment, les sans-papiers paient parfois des impôts, de même que l’AVS. Il y a aussi, en cas de demande de régularisation, le traitement extrêmement lent des dossiers par l’administration fédérale ainsi qu’une jurisprudence très restrictive. Périodiquement, les médias évoquent le cas de per­sonnes en Suisse depuis plus de dix ans, qui sont intégrées mais n’ont aucune chance de voir leur situation régularisée.
En mars 2000, le Conseil fé­déral a décidé une action de régularisation au cas par cas pour permettre à des personnes arrivées dans notre pays avant le 1er janvier 1993 de normali­ser leur situation. Pour l’ensem­ble du pays, 17 000 personnes ont bénéficié de cette action, dont 1500 dans le canton de Vaud.
Début février 2008, j’ai pro­posé à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf une nouvelle action de régularisa­tion. N’auraient été concernées que les personnes arrivées dans notre pays avant le 1er janvier 2000, c’est-à-dire ayant plus de huit ans de séjour. Et, bien entendu, la régularisation se se­rait faite au cas par cas et n’aurait concerné au maximum que 10% des 150 000 illégaux.
Hélas, la réponse de Mme Widmer-Schlumpf est sans équivoque: c’est un non ferme et définitif. Il est notam­ment dit: «La Suisse s’est dotée d’une nouvelle loi sur les étran­gers, largement approuvée par le peuple. Cette législation pose les principes de l’admission des étrangers en Suisse et permet, comme par le passé, d’y déroger dans des situations bien préci­ses, notamment pour tenir compte des cas individuels d’ex­trême gravité. La jurisprudence développée par le Tribunal fédé­ral a permis d’établir des critè­res d’examen, qui ont été repris par la nouvelle législation.» Plus loin dans la lettre, il est relevé que des clandestins régu­larisés changent d’emploi et sont immédiatement remplacés par d’autres illégaux. Puis est mis en avant le fait «qu’une fois la régularisation intervenue, son bénéficiaire peut demander le groupement familial, ce qui en­gendre immanquablement de nouveaux chômeurs et de nou­veaux assistés, les bénéficiaires du regroupement familial n’étant généralement ni inté­grés, ni qualifiés, ni spécialisés. Un tel résultat n’est manifeste­ment pas souhaité.» Il faut reconnaître le fait sui­vant: voici quelques années, le Conseil d’Etat genevois a de­mandé – sans succès – la régula­risation du personnel de maison. A l’époque, un secrétaire syndi­cal, connaisseur des problèmes d’immigration, avait déclaré qu’un quart des régularisés se seraient retrouvés au chômage, les employeurs qui offraient 8 à 10 francs l’heure n’étant pas né­cessairement prêts à payer les 18 francs revendiqués.
Sous peine de se voir accuser de trahison, notamment par l’UDC, Mme Widmer-Schlumpf se doit d’avoir une attitude ex­trêmement ferme. Et les tra­vailleurs illégaux doivent se ren­dre à l’évidence: à de rares ex­ceptions près, ils n’ont pas d’avenir en Suisse…

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