«A de rares exceptions près, les travailleurs illégaux n’ont pas d’avenir en Suisse…»: c'est l'opinion de François Brélaz, député UDC, dans la rubrique Réflexion de 24 Heures.
François Brélaz
La condition des personnes en situation illégale qui travaillent dans notre canton repose sur un monceau d’hypocrisies. Lorsqu’elles apprennent leur existence, les communes sont plus enclines à fermer les yeux qu’à les dénoncer. S’ils gagnent suffisamment, les sans-papiers paient parfois des impôts, de même que l’AVS. Il y a aussi, en cas de demande de régularisation, le traitement extrêmement lent des dossiers par l’administration fédérale ainsi qu’une jurisprudence très restrictive. Périodiquement, les médias évoquent le cas de personnes en Suisse depuis plus de dix ans, qui sont intégrées mais n’ont aucune chance de voir leur situation régularisée.
En mars 2000, le Conseil fédéral a décidé une action de régularisation au cas par cas pour permettre à des personnes arrivées dans notre pays avant le 1er janvier 1993 de normaliser leur situation. Pour l’ensemble du pays, 17 000 personnes ont bénéficié de cette action, dont 1500 dans le canton de Vaud.
Début février 2008, j’ai proposé à la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf une nouvelle action de régularisation. N’auraient été concernées que les personnes arrivées dans notre pays avant le 1er janvier 2000, c’est-à-dire ayant plus de huit ans de séjour. Et, bien entendu, la régularisation se serait faite au cas par cas et n’aurait concerné au maximum que 10% des 150 000 illégaux.
Hélas, la réponse de Mme Widmer-Schlumpf est sans équivoque: c’est un non ferme et définitif. Il est notamment dit: «La Suisse s’est dotée d’une nouvelle loi sur les étrangers, largement approuvée par le peuple. Cette législation pose les principes de l’admission des étrangers en Suisse et permet, comme par le passé, d’y déroger dans des situations bien précises, notamment pour tenir compte des cas individuels d’extrême gravité. La jurisprudence développée par le Tribunal fédéral a permis d’établir des critères d’examen, qui ont été repris par la nouvelle législation.» Plus loin dans la lettre, il est relevé que des clandestins régularisés changent d’emploi et sont immédiatement remplacés par d’autres illégaux. Puis est mis en avant le fait «qu’une fois la régularisation intervenue, son bénéficiaire peut demander le groupement familial, ce qui engendre immanquablement de nouveaux chômeurs et de nouveaux assistés, les bénéficiaires du regroupement familial n’étant généralement ni intégrés, ni qualifiés, ni spécialisés. Un tel résultat n’est manifestement pas souhaité.» Il faut reconnaître le fait suivant: voici quelques années, le Conseil d’Etat genevois a demandé – sans succès – la régularisation du personnel de maison. A l’époque, un secrétaire syndical, connaisseur des problèmes d’immigration, avait déclaré qu’un quart des régularisés se seraient retrouvés au chômage, les employeurs qui offraient 8 à 10 francs l’heure n’étant pas nécessairement prêts à payer les 18 francs revendiqués.
Sous peine de se voir accuser de trahison, notamment par l’UDC, Mme Widmer-Schlumpf se doit d’avoir une attitude extrêmement ferme. Et les travailleurs illégaux doivent se rendre à l’évidence: à de rares exceptions près, ils n’ont pas d’avenir en Suisse…
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