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- Parlons de vos projets. Vous comptez lancer une révision de la loi sur l'asile pour régler la question des déserteurs érythréens. Quelles sont vos autres priorités dans le domaine?
- Il y a tout un catalogue de mesures que je souhaiterais examiner. Comme le fait que des demandes d'asile peuvent être déposées auprès de nos ambassades à l'étranger: la Suisse est, avec l'Espagne, le seul pays à connaître ce système. Nous pourrions envisager de l'abolir. Autre dossier: les requérants déboutés qui invoquent des raisons personnelles, comme le manque de soins adéquats en cas de maladie, pour ne pas être renvoyés dans leur pays. Ces personnes devraient à l'avenir collaborer davantage avec les autorités pour prouver que ces raisons personnelles sont valables. Un autre problème à régler est la situation des requérants d'asile qui participent à des manifestations politiques pour se mettre en danger vis-à-vis de leur gouvernement et donc obtenir la protection de la Suisse. Nous pourrions penser à des sanctions. Le but est surtout de s'en prendre aux passeurs qui incitent des gens sans véritables motifs d'asile à chercher, de cette façon, le statut de réfugié.
- Cette situation préoccupait déjà Christoph Blocher. Ressuscitez-vous un dossier sur lequel il avait déjà travaillé ou n'avait-il rien lancé?
- J'ai pu constater ces derniers mois que la question des requérants qui se trouvent des motifs d'asile une fois arrivés en Suisse se pose toujours. Mais avant d'aller plus loin, je dois d'abord faire des propositions concrètes au Conseil fédéral. Mon prédécesseur s'était déjà inquiété de la question des déserteurs érythréens. Mais il voulait un arrêté urgent. Or la situation n'est plus aussi alarmante, raison pour laquelle je propose une révision de la loi sur l'asile.
- Une révision se justifie-t-elle pour un problème finalement assez mineur?
- Le but est de clarifier les choses. La désertion ne doit pas à elle seule permettre d'obtenir l'asile. Dans le cas des Erythréens, ils peuvent souvent invoquer, en plus de la désertion, des risques de persécutions politiques ou de menaces de mort pour justifier le motif d'asile. Mais il s'agit d'être clair vis-à-vis des autres déserteurs: ils ne doivent pas s'imaginer que le simple fait de refuser de servir dans l'armée leur donne le droit d'obtenir l'asile en Suisse. Ce n'est pas le cas. Si des points sont jugés probablématiques ou discriminatoires, il convient donc d'y apporter rapidement des solutions. C'est ce que je tente de faire.
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