mercredi 2 mars 2011

«La Suisse doit aider mon frère à quitter l’Irak. La police veut à nouveau l’arrêter»

maytham al-zaïdiMaytham al-Zaïdi, le frère du lanceur de chaussures, était hier à Berne pour demander de l’aide.

Aux dernières nouvelles, Mountazer al-Zaïdi devait s’établir en Suisse. Après avoir fait 9 mois de prison en Irak pour avoir lancé ses souliers sur George Bush, alors président des Etats-Unis, il avait demandé l’asile politique. A l’époque, fin 2009, il avait même rendu visite au parlement suisse avec son frère, Maytham al-Zaïdi. Hier, ce frère, désormais établi à Bulle (FR), est revenu rendre visite à Josef Zisyadis (POP/VD) pour demander de l’aide. Les nouvelles ne sont pas bonnes.

En fait, le lanceur de chaussures, qui avait créé un buzz mondial, est finalement parti vivre au Liban où une chaîne de télévision lui avait proposé du travail. Mais, la semaine dernière, Mountazer al-Zaïdi a décidé de retourner en Irak pour participer aux manifestations contre le gouvernement en place, suscitées par le Printemps arabe. Joint hier par téléphone, il raconte: «Je me promenais dans la rue quand une voiture de l’armée m’a arrêté. Ils m’ont dit de venir avec eux car je ne pouvais pas rester là, beaucoup de gens voulant ma mort. J’ai répondu que je n’irais pas et qu’ils devaient m’arrêter pour que j’accepte de mettre les pieds dans un bâtiment du gouvernement officiel, que je considère comme un ennemi. Ils m’ont dit qu’ils m’invitaient simplement à boire le thé.»

La communication est coupée. «Inutile d’essayer de rappeler, explique son frère Maytham. Les autorités ont dû repérer son numéro et couper la ligne. Il doit changer de téléphone.» Et, effectivement, une bande enregistrée en arabe signale désormais un faux numéro.

Pression et intimidation

Le reste de l’histoire, c’est donc le frère qui la raconte: «Ils l’ont arrêté de force et emprisonné pendant trois jours. Sans rien lui donner à manger.» Selon Maytham, son frère a dû signer des documents pour promettre qu’il n’organiserait ni manifestation ni conférence de presse. Le buzz de l’arrestation et des photos de Muntazer menotté ont commencé à circuler sur Facebook. Une centaine de personnes ont menacé de le libérer de force si les autorités ne le relâchaient pas.

Grâce à la pression populaire, Mountazer s’est donc retrouvé libre lundi. Et première chose qu’il a faite: c’est se replonger dans son combat en appelant à manifester ce vendredi. Il a également appelé des journalistes pour une conférence de presse. «Plusieurs de ces journalistes ont été arrêtés, explique le frère. Preuve qu’il est sous écoute.» Hier, des voitures de police se sont rendues à son domicile. «Cette fois, il s’est enfui, ajoute Maytham. La police lui avait bien dit que, s’il l’arrêtait une deuxième fois, il ne retrouverait pas aussi facilement la liberté.»

bush shoe

Depuis, le lanceur de chaussures se cache chez des amis. Il est bien décidé à participer à la manifestation de vendredi. «Il sait que sa vie est en danger, explique le frère, mais les manifestants formeront un cordon de sécurité autour de lui et empêcheront la police de l’approcher. Il veut absolument dénoncer le manque de nourriture et le chômage qui frappent le peuple irakien.» Reste que Mountazer est en fuite avec un autre de ses frères arrêté en même temps que lui et que la police détient encore un troisième frère.

En Suisse, Maytham se sentait hier bien démuni. «Mon frère m’a demandé de rendre visite à Josef Zisyadis pour lui demander de l’aider à revenir en Suisse après la manifestation de vendredi.» Le popiste vaudois a promis de prendre contact avec l’ambassade sur place, ainsi que le Département des affaires étrangères. Mais Mountazer est recherché, il n’osera probablement pas se rendre dans un aéroport pour quitter l’Irak. L’affaire s’annonce des plus compliquées .

Fabian Muhieddine, Berne, pour 24 Heures

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