La Commission présente aux ministres de l’immigration de l’Union un « accord de coopération » avec la Libye visant à bloquer l’arrivée de migrants en Europe.
D’infréquentable autrefois, la Libye est devenue un partenaire incontournable pour les Européens qui tentent de s’organiser contre l’arrivée de clandestins s’échouant sur les côtes méditerranéennes, notamment à Malte et en Italie. Pendant des années, la Libye a servi de transit à de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne.
Après de vaines tentatives dans le passé, la commissaire européenne à la sécurité, Cecilia Malmström, et son collègue chargé du voisinage européen, Stefan Füle, ne reviennent pas les mains vides du pays du colonel Kadhafi. Ils rapportent un « agenda de coopération » couvrant « les racines de l’immigration, la surveillance des frontières et le combat contre le trafic d’êtres humains », a annoncé la commissaire suédoise.
« Un système de surveillance des frontières »
Ce partenariat comprend notamment « des mesures concrètes pour un système de surveillance des frontières » et un « dialogue sur les réfugiés ».
Dans cet accord, la Commission européenne n’insiste pas sur l’adoption par Tripoli de la Convention de Genève de 1951 des Nations unies sur le statut des réfugiés, référence pourtant internationale en matière de droit d’asile et de protection des droits de réfugiés.
À défaut, la Commission se satisferait d’une convention régionale, celle de l’Organisation de l’Union africaine (OUA) de 1969 encadrant les réfugiés en Afrique. La Libye a signé ce texte mais ne l’applique pas. La Commission promet d’inciter Tripoli à le faire.
Les défenseurs des droits des réfugiés restent profondément sceptiques. D’autant plus qu’en juin le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a reçu l’ordre de fermer son bureau en Libye.
L’accord reste encore flou sur le plan financier
« À ce jour, les autorités libyennes ont démontré peu de volonté politique d’établir un solide système des droits humains », estime Martin Watson de la Fédération européenne des associations de défense des réfugiés (Ecre). Pour lui, les programmes de formation de l’UE, le financement et l’assistance technique ne changeront pas cette réalité politique.
L’accord reste encore flou aussi sur le plan financier. D’un côté, la Commission annonce 50 millions d’euros sur deux ans (2011-2013), qu’elle dépensera elle-même, pour financer des projets de surveillance des frontières libyennes et de protection des droits des réfugiés.
Mais Tripoli a réitéré sa demande, qui avait fait sensation fin août, d’une somme de 5 milliards d’euros par an pour « stopper définitivement » l’immigration illégale.
Nathalie VANDYSTADT, à Bruxelles, dans La Croix
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