Une formation d'extrême droite qui prône un renforcement de la lutte contre l'immigration pourrait faire son entrée au parlement suédois à la faveur des élections législatives du 19 septembre.
Ceci constituerait un changement politique majeur dans ce pays considéré comme l'un des plus libéraux au monde. Les Démocrates suédois peuvent espérer atteindre le seuil de 4% des voix, minimum requis pour avoir une représentation nationale, après leur poussée inattendue lors du précédent scrutin en 2006. Cette formation, que ses adversaires accusent de racisme, avait réuni 2,93% des suffrages il y a quatre ans.
Considérés comme une résurgence du Parti du peuple danois, apparu dans les années 70 au Danemark en s'opposant à la fiscalité, les Démocrates suédois mènent campagne sur le thème de la lutte contre l'immigration. Ce discours connaît actuellement une regain de popularité dans la classe politique au Danemark et en Norvège, mais également en Italie, en France et en Belgique, tandis qu'il est récurrent aux Pays-Bas et en Autriche.
Le Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, à la tête d'une coalition de centre droit, a estimé cette semaine que les Démocrates suédois étaient un "parti d'extrême droite xénophobe et populiste" et a exclu toute idée d'une alliance. Selon un sondage paru vendredi, le gouvernement devrait conserver de justesse la main à l'assemblée qui compte 349 députés, même en cas d'arrivée d'élus de l'extrême droite. De précédentes enquêtes d'opinion suggéraient un résultat inverse qui placerait Reinfeldt dans une situation inconfortable avec les Démocrates suédois en position d'arbitres.
Le parti réfute les accusations de racisme
"Quand un gouvernement envisage de présenter un projet de loi, il pense évidemment à qui va le soutenir, il se demande si son seul espoir sera l'opposition ou les Démocrates suédois", explique Folke Johansson, professeur à l'université de Göteborg.
En attendant le scrutin, les dirigeants du parti affinent leurs discours et leurs arguments. Ils comptent réussir au niveau national la percée enregistrée dans la petite ville de Landskrona, dans le sud du pays. Cette localité de 40.000 habitants dont l'activité reposait jadis sur des chantiers navals aujourd'hui fermés, constitue un terreau fertile alors que le chômage connaît un taux élevé.
Le parti a en outre su réformer son image, se débarrassant de l'étiquette de mouvement réunissant des skinheads en blouson et bottes montantes, pour attirer une nouvelle génération d'adhérents à l'apparence beaucoup plus classique. Figure locale des Démocrates suédois, Svenny Hakansson, conseiller municipal de 77 ans, a des allures de grand-père aux manières avenantes. Son discours, en revanche, se situe dans la droite ligne des partis d'extrême droite. "Nous voulons réduire l'immigration. Nous voulons la ramener aux niveaux existants au Danemark ou en Finlande, soit environ 20%", explique Hakansson, dans les bureaux de son parti. Détaillant ce qu'il qualifie de "politique d'immigration responsable", cet ancien capitaine de port précise: "Nous souhaitons multiplier les expulsions d'immigrants auteurs de crimes."
L'islam est la cible privilégiée des critiques des Démocrates suédois qui évoque une religion incompatible avec les valeurs suédoises. "Nous disposons de la liberté de culte en Suède et nous l'aurons encore à l'avenir. Mais, je suis opposé à l'adaptation de la société à la minorité musulmane", déclare Jimmie Akesson, leader du parti. "Critiquer la politique d'immigration n'est pas être raciste. Ce n'est pas raciste de demander que la loi s'applique à tous de la même manière, il ne doit pas y avoir de droits particuliers pour certains groupes ethniques. Ce n'est pas du racisme, c'est du bon sens," conclut-il.
Pierre Sérisier dans le Nouvel Observateur
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