Sans-papiers, Washington Allauca n’a jamais nié avoir une autorisation prenant fin au terme de ses études. Il explique ce qui l’a poussé à rester en Suisse.
Washington Allauca ne l’a jamais caché. Fin 2008, le canton a proposé de lui octroyer une tolérance pour qu’il puisse terminer ses études d’ingénieur à la HEIG d’Yverdon. Une fois ce délai passé, il redevenait officiellement un sans-papiers.
Le cas de cet Equatorien de 38 ans suscitait le débat dans les milieux politiques et professionnels de l’ingénierie (24 heures de jeudi et de vendredi). C’est que ce père de famille a signé en six mois deux contrats de travail et une promesse d’emploi dans un contexte de pénurie d’ingénieurs en génie civil. Interrogé avant-hier sur ce cas, le chef du Département de l’économie, Jean-Claude Mermoud, expliquait qu’il regrettait d’avoir été aussi tolérant. Pour lui, Washington Allauca avait «donné sa parole» au moment où le canton le laissait terminer ses études. Il devait quitter le territoire à la fin de son école. Qu’en est-il de cet accord?
Hier, le conseiller d’Etat précisait: «Il a signé un engagement écrit qui disait qu’il était autorisé à rester jusqu’à la fin de ses études.» Pour Jean-Claude Mermoud, ce cas est clair. «Il a déjà fait des demandes qui ont été refusées.»
Une réalité complexe
Pour Washington Allauca, la réalité n’est pas si simple. «Je ne peux pas reprocher ces paroles à M. Mermoud. Je n’ai jamais nié que je devais partir après mes études. Sauf que le marché du travail m’a poussé à faire une demande de permis de travail. Je n’ai pas l’impression d’avoir trompé mon monde. En septembre 2009, j’avais déjà rendu mon appartement, j’étais prêt à partir car j’étais sans permis. J’ai simplement attendu une réponse définitive.»
Rappel: en 2007, alors qu’il passe de l’EPFL à la HEIG d’Yverdon, Washington Allauca est toujours en attente d’une réponse pour sa demande de permis humanitaire. A la fin de l’année, l’Office des migrations à Berne lui refuse le titre de séjour. Il fait recours. «J’ai contacté le ministre François Marthaler, qui a compris ma situation au vu de la pénurie d’ingénieurs. On m’a alors proposé de stopper mon recours pour le permis humanitaire. Et on m’a octroyé une tolérance du canton pour terminer mon école à Yverdon. Tout s’est passé très simplement, j’ai signé un papier qui disait que je pouvais rester en Suisse jusqu’à la fin de mes études.»
Il a ainsi le droit de rester jusqu’à fin septembre 2009. Hasard du calendrier, Washington Allauca présente sa défense de diplôme trois semaines avant ses camarades et avant la fin du délai de la tolérance du canton. «J’ai alors voulu savoir si un profil comme le mien avait une chance sur le marché du travail. Et j’ai immédiatement trouvé un emploi…»
Toujours dans l’attente
Le patron de la société biennoise lui présente un ingénieur péruvien qu’il vient d’engager dans les mêmes circonstances, et lui propose de faire pour lui les démarches à Berne. A Bienne, les quotas sont épuisés. L’ODM demande un nouveau contrat de travail d’un autre canton pour continuer la démarche. Sans problème, l’Equatorien trouve un nouvel emploi. «On m’a alors demandé de contacter le Service de l’emploi vaudois, qui ne voulait rien savoir de ma situation. Jusque-là, personne ne m’avait dit que je devais partir puisque mon dossier était examiné.»
Pascale Burnier dans 24 Heures
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