Tripoli a ordonné au Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de quitter la Libye. L’organisation onusienne, basée à Genève, a vivement protesté hier contre cette décision, dont les raisons ne lui ont pas été communiquées.
«Notre départ va créer un grand vide pour les milliers de réfugiés et demandeurs d’asile que nous assistons, a déclaré Melissa Fleming, porte-parole du HCR. Nous n’arrivions pas à couvrir tous les besoins, mais nous avons pu enregistrer en Libye quelque 9000 réfugiés ainsi que 3700 demandeurs d’asile.» L’ordre de fermer le bureau de Tripoli a été communiqué mercredi dernier au HCR, qui est présent dans le pays de Muammar Kadhafi depuis 1991. «Nous devons obéir et faire nos valises», a affirmé la porte-parole.
Maltraitances et tortures
L’expulsion du HCR inquiète profondément les défenseurs des droits humains. «La situation des requérants d’asile en Libye était déjà un thème de préoccupation majeur pour nous, explique Manon Schick, d’Amnesty International Suisse. Ce pays n’a jamais signé la Convention de l’ONU sur les réfugiés. Le sort des migrants y est déjà extrêmement difficile. Alors, si le HCR, qui était la seule organisation à s’occuper d’eux, n’est plus là, cela va devenir catastrophique.»
La Libye est déjà depuis longtemps un pays de transit pour des migrants venus d’Afrique subsaharienne qui tentent de traverser la Méditerranée pour gagner l’Europe. Et la situation s’est encore compliquée l’année dernière, lorsque Tripoli et Rome ont passé un accord permettant à l’Italie de refouler vers la Libye les clandestins interceptés en mer. Une décision qui avait déjà été fortement critiquée.
«Tripoli n’examine absolument pas la situation de ces migrants. Ils sont détenus dans des prisons ou simplement parqués dans des camps, explique Manon Schick. Nous avons collecté de nombreux témoignages concordants sur des maltraitances et des tortures. Et certains requérants d’asile sont tout simplement renvoyés chez eux. Sans que les autorités libyennes ne se soucient des risques qu’ils encourent dans leur pays.»
Silence de Rome
Pour l’heure, Rome ne s’est pas prononcée sur l’expulsion du HCR. Mais Melissa Fleming a déjà affirmé que «tous les gouvernements européens qui utilisent la Libye comme un endroit où peuvent être reçues les personnes qui fuient des persécutions devraient réexaminer avec soin leur position».
Sur le même sujet, lire l’article du Matin ou celui paru dans l’Express
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