Un jeune Kosovar gravement malade des reins peine à obtenir un visa pour la Suisse: il aimerait subir une greffe au CHUV. Son frère et sa belle-sœur s’en indignent depuis une année et tentent d’accélérer la manœuvre. Un article de Laurent Grabet dans 24 Heures.
Adem Sallahaj est un solide Kosovar aux mains de bûcheron. L’Yverdonnois a pourtant l’air bien fragile lorsque, attablé dans un bistrot lausannois, il parle de son petit frère resté au pays avec le reste de sa fratrie. D’ailleurs, il laisse à son énergique épouse, Nathalie, le soin de le faire: «Pour l’administration, qui tarde à lui délivrer un visa, Alban n’est qu’un numéro. Pour nous, c’est un proche qui risque de mourir faute de soins.»
Plus le temps passe et plus la frontière entre la vie et la mort prend en effet la forme d’un sésame à destination de la Suisse pour le jeune Alban Sallahaj. Le Kosovar de 16 ans, atteint d’une grave maladie rénale qui ne peut se traiter correctement au Kosovo, doit subir un greffe du rein. Après avoir été sollicité par la belle-sœur, Nathalie, l’Etat du Kosovo a versé dès octobre 2008 quelque 7400 francs au CHUV pour financer ce qui à l’époque ne devait être qu’une biopsie.
Lourdes procédures administratives
Mais le «visa séjour-visite», sollicité il y a plus d’un an, tarde à être accordé. L’ambassade de Suisse au Kosovo avait d’ailleurs refusé de le délivrer en septembre dernier. La famille Sallahaj avait donc ensuite fait recours contre cette décision auprès de l’Office des migrations (ODM), à Berne. Lequel s’était adressé au Service de la population du canton de Vaud (SPOP), où le dossier est en cours de traitement. Le choix d’une personne garante peu fiable a ralenti la procédure. «Le garant sert à éviter que le visiteur à qui le visa est accordé ne s’évanouisse dans la nature, précise Denis Pittet, porte-parole du Département vaudois de l’intérieur. Mais le nouveau garant est sûr et le SPOP va probablement préaviser positivement ce dossier dès cette semaine.» Cette «affaire d’une limpidité toute administrative» ne sera alors pas bouclée pour autant. La balle se retrouvera en effet ensuite dans le camp de l’ODM, à qui reviendra la décision finale d’accorder ou non le précieux visa. «La durée moyenne d’attente est de huit semaines, mais dans certains cas graves, elle peut se prendre en seulement une journée», précise Marie Avet, la porte-parole de l’office.
«Ce cas est lourd, délicat et tragique», confirme Darcy Christen. Le porte-parole du CHUV précise toutefois que son établissement ne s’est engagé que sur une assistance au diagnostic via une biopsie. «Et aujourd’hui, explique-t-il, le jeune malade semble souffrir d’une insuffisance rénale en phase terminale, et une greffe paraît s’imposer, ce qui rend la prise en charge beaucoup plus complexe et coûteuse. Se poseraient notamment les questions d’un donneur compatible et de l’accès régulier aux immunosuppresseurs. Et il n’y a pas eu d’engagement de notre part à ce niveau.» Le fait que le frère et la belle-sœur du jeune malade soient prêts à lui donner un rein pourrait aider, mais il n’est pas sûr qu’ils soient compatibles.
«Pour Alban, le temps presse!»
En attendant, le temps presse d’après Adem Sallahaj. L’homme a rendu visite à son petit frère à l’hôpital de Pristina il y a quelques jours. «C’était dur! En une année, son état s’est beaucoup détérioré. Aujourd’hui, il vomit sans cesse, a de la tension artérielle et un sang de mauvaise qualité. Je suis très inquiet.»
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