samedi 18 juillet 2009

Le premier ministre belge promet une solution au problème des sans-papiers



LE MONDE | 17.07.09 | 15h35 • Mis à jour le 17.07.09 | 15h35
Bruxelles Correspondant

ls sont encore 22 aujourd'hui à traîner leur ennui, sans-papiers, issus pour l'essentiel du Maghreb, d'Afrique noire et du Brésil. Certains sont là depuis le début de l'occupation de la paroisse Saint-Jean-Curé-d'Ars, à Forest, en avril 2006 : l'une des premières du genre en Belgique. Leur regard est vide, leur corps fatigué. Ils attendent maintenant, comme quelques dizaines de milliers de demandeurs d'asile et de clandestins, le résultat de la négociation politique, qui devrait, prochainement, se dérouler à quelques kilomètres de là, au cabinet du premier ministre belge Herman Van Rompuy.

Celui qui se fait appeler Roger et qui vient du Congo est un oublié qui dit avoir "l'espoir et la conviction" qu'il sera régularisé, comme tous ceux qui campent encore ici. "Moi j'ai envie de la Belgique, je veux bien gérer ma vie et être protégé", dit Roger. Un de ses amis, un Mauritanien qui ne dévoile même pas son prénom, laisse entendre qu'un passeur l'a conduit dans ce pays où il ne connaissait personne. Lui aussi a vu des dizaines de clandestins, hommes, femmes et enfants, passer par la paroisse et, un jour, s'éclipser. Soit parce qu'ils avaient fini par obtenir une régularisation, soit, plus fréquemment, parce qu'il avait décidé d'accepter une fois pour toutes leur statut de sans-papiers et de tenter, malgré tout, leur chance.

Le premier ministre avait envisagé de forcer une solution sur une opération de régularisation avant les élections régionales de juin. Il a renoncé, confronté à l'ampleur des divisions au sein de son gouvernement, où le portefeuille de l'asile était partagé entre une socialiste francophone, Marie Arena, chargé du volet social, et une libérale flamande, Annemie Turtelboom, chargée de la migration.

EVITER UN "APPEL D'AIR"

Aujourd'hui, M. Van Rompuy remet le dossier sur la table. Un remaniement, décidé jeudi 16 juillet, a entraîné la mise à l'écart de la négociation des deux ministres rivales. Et le premier ministre promet désormais une issue pour le 21 juillet, jour de la Fête nationale. Parce que l'affaire entraîne "une énorme pression sociale" et parce qu'il s'agit d'un "vrai problème politique"concernant des gens "plongés dans une situation regrettable", dit-il. Le chef du gouvernement entend également éviter un "appel d'air", ce qui signifie qu'il veut agir vite pour éviter un afflux de demandeurs d'asile supplémentaires.

La situation est devenue intenable, marquée par de nombreuses occupations. Des grèves de la faim très longues ont été menées, forçant parfois Mme Turtelboom à accorder des droits de séjour provisoires. Les centres d'accueil débordent, ce qui force les autorités à loger de très nombreux sans-papiers dans des hôtels, à Bruxelles. Les syndicats, l'ensemble des églises, les recteurs d'université et des ONG appellent ensemble à trouver une solution.

En mars 2008 déjà, le gouvernement fédéral, alors présidé par Yves Leterme, avait fixé des critères de régularisation qui n'ont jamais été traduits dans les faits. Exercer un travail, s'être soumis à une procédure administrative, séjourner depuis longtemps dans le pays, parler l'une de langues nationales, être "ancré localement" : tout cela devait favoriser l'obtention d'un titre de séjour. Les partis au pouvoir ne sont toutefois pas parvenus à s'entendre.

M. Van Rompuy espère réussir là où M. Leterme a échoué. Mais définir les "critères d'ancrage" exige de savoir à qui ils s'appliquent. Or le gouvernement se dit incapable de chiffrer le nombre de personnes régularisables. Les estimations vont de 20 000 personnes, du côté flamand, à 80 000 selon des sources francophones. "La grande opération de régularisation a eu lieu en 2000-2001", souligne de son côté le premier ministre. Sous-entendu : il n'ira pas au-delà. On estime que, à l'époque, 30 000 dossiers avaient été acceptés, soit 50 000 à 70 000 personnes.


Jean-Pierre Stroobants

La deuxième vague de régularisation

Clandestins La Belgique (10,6 millions d'habitants) compterait, selon les estimations, entre 80 000 et 150 000 clandestins. L'année 2001 avait vu la régularisation de 30 000 dossiers, soit de 50 000 à 70 000 personnes.

Nouveaux arrivants En 2008, quelque 12 200 demandes d'asile ont été enregistrées. Elles émanaient essentiellement d'Afghans, d'Irakiens, de Russes, deTchétchènes, de Kosovars et de Guinéens. Depuis le 1er janvier 2009, environ 1 000 personnes ont quitté le pays, dans le cadre d'un programme mis au point avec l'Organisation internationale des migrations.

L'opinion Une enquête officielle publiée en mars 2009 a indiqué que 6 Belges sur 10 étaient hostiles à l'octroi de droits aux illégaux et 4 sur 10 leur dénient ces droits, même s'ils travaillent.


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