Une année est vite passée. Elle aura pourtant été longue pour les centaines de femmes de ce canton qui se trouvent toujours soumises au régime dit d'aide d'urgence s'appliquant depuis janvier 2008 à toutes les personnes déboutées de l'asile.
En juin 2008, plusieurs femmes dans cette situation dénonçaient par une lettre ouverte* aux autorités, aux médias et à la population, l'indignité de ce régime qui les détruit. Aujourd’hui, la longue durée de ce système inhumain a aggravé leur état de santé. Plusieurs se trouvent en dépression et doivent ingérer des médicaments. Durant cette année, elles ont continué de subir des pressions aux déménagements forcés: plusieurs fois ballotées ou menacées de l'être, d'un centre à l'autre, d'un appartement vers un centre. Elles ont pâti au quotidien de l'univers semi-carcéral des centres et de la présence intrusive d'hommes de la sécurité. Elles ont continué à vivre dans la peur constante d'interventions policières en vue de leur détention et de leur renvoi.
Elles ont vécu un an de plus sans pouvoir travailler. Exclues de l'aide sociale, elles ne reçoivent de l'aide qu'en nature ou 9.50 francs par jour pour certaines. Elle sont exploitées dans des programmes «d'occupation », comme pour le nettoyage des centres, payé 4 fr. l'heure, représentant néanmoins la seule possibilité de gagner un peu d'argent. Durant une année supplémentaire, sans garderies, elles ont été confinées avec leurs enfants en chambre dans un centre, ou dans des appartements que certaines ont obtenu par leur lutte, mais ces immeubles-ghettos (micros-studios sans meubles dans des quartiers périphériques) ne changent pas le fond du problème.
Notre collectif féministe, les Sorcières en colère, a réagi à leur lettre, en les soutenant par notre « Appel solidaire avec les femmes résidentes des centres d'aide d'urgence ». Et nous le rappelons encore: « l'aide d'urgence », cette mesure de contrainte déguisée en assistance, s'ajoute pour les femmes aux discriminations spécifiques vécues dans leur parcours d'asile, dans la procédure en Suisse et dans les possibilités d'intégration ou de régularisation.
Aujourd'hui nous revenons sur cet appel, pour redire notre indignation, notre solidarité et rappeler à la population, aux médias, aux autorités de ce canton, que les déboutées continuent d'être les victimes d'une politique d'asile irrespectueuse des droits fondamentaux, et en particulier des droits des femmes définis dans la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discriminations à l'égard des femmes (CEDEF), ratifiée par la Suisse.
Ces femmes sont en Suisse depuis des années. Venues pour trouver une vie digne, elles y ont reconstruit un bout d'espoir, des ami·e·s, une famille, et participent de cette société. Elles doivent pouvoir vivre normalement et retrouver les moyens de leur autonomie. Nous continuons d'exiger leur sortie immédiate de l'aide d'urgence, leur droit au travail et leur régularisation.
Sorcières en colère, Lausanne, 25 juin 2009. Contact: infos@sorcieres.org
* « Lettre ouverte des femmes NEM et déboutées résidentes du centre d’aide d’urgence du Simplon », Lausanne, le 30 juin 2008. Voir: www.droitderester.ch
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