Un chauffeur routier découvre à Calais douze clandestins dans son camion-citerne qu’il allait remplir d’acide sulfurique.
L’errance aurait pu tourner à la tragédie, mercredi matin, dans une usine chimique de Calais. Il est 7 h 30 lorsqu’un chauffeur de l’entreprise Tioxide s’apprête à déverser dans la citerne de son camion 25 m³ d’un acide sulfurique très concentré. Surprise: un bruit inhabituel se fait entendre. Il provient de la cuve. Le chauffeur remarque aussi un bâton coincé dans le dôme, au-dessus de la citerne, et qui n’est pas là par hasard.
«A deux doigts de la catastrophe»
«Il a compris qu’il y avait des personnes dedans», explique le directeur du site, Dominique Vanneste. La police est appelée. Elle fera sortir douze hommes, douze sans papiers qui voulaient tenter le passage vers le Royaume-Uni. «Sans la vigilance du transporteur, affirme un responsable de la sécurité, on aurait retrouvé douze squelettes».
Les circonstances, cette fois-ci, étaient du côté de la vie. «On est passé à deux doigts de la catastrophe, poursuit le directeur. Des personnes dans de l’acide à 94%, c’était la mort assurée.»
L’entreprise a décidé de renforcer à l’avenir ses procédures de contrôle. Mieux vaut pour elle ne pas trop solliciter la chance: en 2006 et en 2007, treize migrants avaient déjà échappé de justesse à la mort en se glissant dans des camions de la société contenant notamment de l’oxyde de titane.
Un terminus chaotique
Sept ans après la fermeture du centre de Sangatte, les chemins des migrations internationales ont transformé la région de Calais en un terminus chaotique que parcourent, en attendant de passer outre Manche, des centaines d’exilés afghans, irakiens, somaliens. «Nous ne laisserons pas cette situation se dégrader. La jungle n’existera bientôt plus», assurait, voilà deux semaines, le nouveau ministre de l’Immigration, Eric Besson. Peut-être était-ce faire preuve de plus d’ambition que de réalisme. «Quand on compare l’espace des droits de l’homme et l’espace du marché à l’échelle mondiale, note la juriste Mireille Delmas-Marty, on observe deux espaces disjoints, sans lien direct et qui progressent à des vitesses différentes.»
JEAN-FRANÇOIS VERDONNET dans 24 Heures.
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