Hier, les citoyens ont plus critiqué les difficiles conditions de vie des requérants qu’exprimé des craintes face à leur arrivée. Un article de Madeleine Schürch dans 24 Heures.
«C’est bizarre, y a rien eu de négatif!» commentait un citoyen en sortant hier soir de la séance d’information organisée par ville et canton sur l’arrivée prochaine de requérants d’asile à Nyon. Ou presque. L’assemblée venue écouter les autorités locales et le conseiller d’Etat Philippe Leuba, une centaine de personnes, était en effet composée de conseillers communaux, de bénévoles déjà rodés au processus d’accueil des migrants et de quelques citoyens lambda.
Un devoir d’humanité
Personne n’a remis en cause la donnée de base: Nyon se doit, par solidarité avec les autres régions du canton, d’ouvrir enfin une structure pour accueillir des requérants. En revanche, plusieurs voix se sont élevées pour regretter le choix d’un abri PCi. Une centaine d’hommes seuls, dont les trois-quarts ont entre 15 et 35 ans, y seront entassés pour dormir, une structure de jour animée par des bénévoles étant ouverte ailleurs, à l’Esp’Asse. Ces Somaliens, Erythréens, Nigériens, Tamouls et Irakiens vivront en moyenne trois mois, au maximum six, dans ces locaux borgnes. «C’est long pour des gens en détresse, avec qui les pays jouent au ping-pong», s’indignait l’écrivaine Corinne Desarzens.
Les requérants séjournant à Nyon seront en effet des «cas Dublin», qui ont déjà déposé une demande d’asile dans un pays tiers et devront y être retournés. A cet assistant social formé à l’accueil des primo arrivants, qui s’inquiétait de la violence que peuvent comporter les renvois forcés, Philippe Leuba, qui se targue d’appliquer une politique de l’asile ferme mais humaine, n’a pas caché qu’il pourrait y avoir des cas où il faudra user sur place des mesures de contraintes.
D’autres se sont inquiétés du peu d’argent que touchent les requérants (190 francs par mois) alors qu’ils devront se rendre à Yverdon pour faire leur commande d’assistance financière mensuelle. «On ne pourrait pas leur offrir un abonnement des transports publics, leur ouvrir des salles de gym pour faire du sport?» lançait un citoyen. Pierre Imhof, directeur de l’Etablissement vaudois pour l’accueil des migrants (EVAM), a rappelé que son institution, qui prend en charge l’entier des coûts liés à l’asile dans le canton de Vaud, pratiquait des forfaits dans la moyenne suisse.
La sécurité en question
Seul Francis Cattin, président de l’UDC locale, a relayé les craintes qui sourdent d’habitude parmi la population. A savoir que fera la police en cas de dérapages et qui payera les dégâts? Municipale de la Police, Elisabeth Ruey-Ray a expliqué qu’aucun dispositif spécial n’était prévu, qu’on verrait au jour le jour. Pour éviter les tensions liées au désœuvrement des requérants, il faudra justement soigner l’accueil.
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