Réviser la loi ne changera rien à la réalité, estiment les ONG
Ce n'est pas en durcissant une nouvelle fois la loi sur l'asile que l'on changera quoi que ce soit à la réalité des réfugiés, estiment les organisations non-gouvernementales.
Elles rejettent avec force le tour de vis proposé par le Conseil fédéral.
Si des requérants d'asile frappent à notre porte, ce n'est pas parce que notre accueil serait excessivement généreux, mais avant tout parce qu'ils se trouvent exposés à de graves dangers dans leurs pays d'origine, rappellent mercredi Amnesty International, l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés et l'Observatoire du droit d'asile et des étrangers dans un communiqué commun.
Selon elles, si les mesures mises en consultation mercredi par le gouvernement pour «réduire l'attractivité de la Suisse» sont adoptées, la protection des personnes qui fuient guerres et persécutions serait amoindrie. «Requérants d'asile et réfugiés paieraient ainsi le prix de ce jeu peu glorieux aux forts relents de déjà-vu».
Hausse malgré tout
Les trois organisations non-gouvernementales (ONG) soulignent également que le dernier durcissement de la loi sur l'asile, entré en vigueur il y a un an, n'a pas empêché, comme partout en Europe, une hausse du nombre de demandes d'asile depuis l'été dernier.
L'association Solidarité sans frontières rejette également la nouvelle révision de la loi. «Pour le Conseil fédéral, la loi sera suffisamment dure lorsque plus aucun requérant ne sera accepté en Suisse», écrit-elle.
Et de dénoncer comme les trois autres ONG les différentes mesures, comme la suppression de la possibilité pour les requérants de déposer leur demande dans les ambassades. «C'est les inviter à entreprendre de périlleux voyages dans l'illégalité et sous la coupe de passeurs».
Source: SDA/ATS
Communiqué de presse Berne, le 14 janvier 2009
Les réfugiés ont besoin de protection, pas de dissuasion
L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR, la Section suisse d’Amnesty International et l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers rejettent un durcissement de la loi sur l’asile qui vise à réduire « l’attractivité de la Suisse ». Mais ce n’est pas en révisant une nouvelle fois la loi qu’on changera quoi que ce soit à la réalité des persécutions. Une telle politique des faux-semblants s’opèrerait aux dépens des réfugiés, dont on abuserait ainsi sans trop de vergogne.
La nouvelle proposition de révision de la loi sur l’asile est présentée comme nécessaire afin de réduire l’attractivité de la Suisse pour les réfugiés et de réprimer les abus. Mais il faut appeler un chat un chat : les mesures proposées amoindriraient la protection des personnes qui fuient guerres et persécutions.Admission provisoire en danger
Le projet de révision voudrait restreindre l’accès à une admission provisoire en cas de conflit armé ou d’absence de soins médicaux indispensables – alors même qu’en 2007, plus de 2'700 requérants d’asile en ont bénéficié, soit un tiers des demandes d’asile examinées.
Déserteurs exclus de la qualité de réfugiés
Il est en outre proposé que les déserteurs ne puissent plus être reconnus comme réfugiés – alors même que cela serait inadmissible lorsque ceux-ci se trouvent menacés de graves persécutions.
Procédures d’ambassade remise en question
Selon le projet de révision, la faculté de requérir l’asile dans une ambassade suisse à l’étranger serait également supprimée – alors même que des requérants d’asile peuvent par ce biais requérir la protection de la Suisse sans entreprendre un long et périlleux voyage dans l’illégalité afin de rallier notre pays.
« Attractivité de la Suisse » et réalité des persécutions
En réduisant les perspectives d’octroi de l’asile, le Conseil fédéral tente à toute force de dissuader les réfugiés de requérir la protection de la Suisse. On connaît pourtant l’effet « dissuasif » limité de pareilles courses au pire : la dernière révision de la loi sur l’asile, entrée en vigueur en 2007 et 2008, n’a pas empêché que le nombre des demandes d’asile soit en hausse depuis l’été 2008 – un phénomène présent dans l’ensemble de l’Europe.
L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR, la Section suisse d’Amnesty International et l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers rappellent que, si des requérants d’asile frappent à notre porte, ce n’est pas parce que notre accueil serait excessivement généreux, mais avant tout parce qu’ils se trouvent exposés à de graves dangers dans leurs pays d’origine. Ce n’est pas en durcissant une nouvelle fois la loi qu’on changera quoi que ce soit à cette triste réalité. Requérants d’asile et réfugiés paieraient le prix de ce jeu peu glorieux aux forts relents de déjà-vu.
Questions complémentaires :
Yann Golay, porte-parole de l’OSAR, tél. 031 370 75 67 (ligne directe) ou 079 708 99 26
Denise Graf, coordinatrice réfugiés d’Amnesty International, tél. 076 523 59 36
Yvonne Zimmermann, secrétaire centrale de l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers, tél. 031 381 45 40
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire