Editorial de 24 Heures, signé Serge Gumy, chef de la rubrique Suisse
Le Conseil fédéral n’avait pas le choix. Il devait apporter une réponse à l’initiative UDC pour le renvoi des étrangers criminels. Le texte porté par les fameux moutons noirs a en effet récolté plus de 200 000 signatures valables. Et cristallisé un ras-le-bol populaire légitime quant au maintien en Suisse d’étrangers y ayant commis des délits.
Le contre-projet présenté hier par Eveline Widmer-Schlumpf, qui confirme au passage une fermeté digne de Christoph Blocher, apparaît toutefois imparfait. Forcément imparfait, dans la mesure où il ne peut pas être aussi radical que les solutions à l’emporte-pièce de l’UDC. Celle-ci demande que les étrangers coupables de délits graves ou d’abus de l’aide sociale soient systématiquement expulsés, y compris les mineurs. Plus nuancé, le Conseil fédéral veut retirer leur permis de séjour aux migrants ayant écopé une peine de prison de 2 ans et plus. Il prévoit malgré tout de tenir compte de leur degré d’intégration en Suisse avant de prononcer leur éloignement.
Par ailleurs, la Berne fédérale veut unifier la pratique entre les cantons, aujourd’hui disparate. Comment admettre que Genève procède à 10 renvois par an seulement, contre 80 à 90 pour le canton de Vaud?
Reste un problème de taille: décréter une expulsion est une chose, l’exécuter en est une autre. C’est là que la réponse d’Eveline Widmer-Schlumpf s’avère la plus imparfaite. La Suisse ne pourra en effet se débarrasser des étrangers criminels que si leur pays d’origine accepte de les reprendre. Pour ce faire, elle doit multiplier les accords de réadmission. Elle n’y arrivera pas sans se salir les mains et jouer du «donnant, donnant». C’est à l’extérieur que la nouvelle «Dame de fer» gagnera son match face à l’UDC.
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