La conseillère fédérale a été accueillie à Lausanne par l’ovation de plus de 1000 personnes venues la soutenir. La ministre prône une «politique migratoire ferme et juste», ce qui a déçu certains anti-Blocher. Un article de Serge Gumy dans 24 Heures.
Eveline Widmer-Schlumpf a été invitée et accueillie par le conseiller d’Etat vaudois Philippe Leuba. Le débat avec le public s’est déroulé à l’Université de Lausanne. Quant à l’UDC vaudoise, c’est ce soir qu’elle doit se prononcer sur l’exclusion ou non de la ministre et de la section grisonne. DORIGNY, LE 5 MAI 2008 KEYSTONE / LAURENT GILLIERON
Elle est arrivée pile à l’heure sous les applaudissements polis d’une salle comble – plus de 1000 personnes, de tous âges, venues hier soir dans un auditoire de l’Université de Lausanne pour faire plus ample connaissance avec elle. Succès public, succès d’estime. «Vous êtes le rayon de soleil du pays romand», lance, en allemand, un monsieur en ouverture de rencontre.
Rencontre? Quasi une apparition pour ce public conquis d’avance où les UDC sont rares, à l’exception notable du conseiller d’Etat Jean-Claude Mermoud. Aux yeux des adversaires de Christoph Blocher, Eveline Widmer-Schlumpf est en effet l’équivalent d’une sainte. Par sa stature, son français étriqué et son sage costume brun, elle a plutôt l’air d’une jeune novice.
Impression trompeuse. Car au fil des questions, et sitôt passé à l’allemand, la Grisonne est une autre femme. Elle affiche la taille patron. Regard et positions fermes, en dépit de quelques sourires. Droit dans ses ballerines, au grand désespoir de cet enseignant secondaire. «Imaginez la déception de mes élèves qui ont applaudi votre élection le 12 décembre, quand ils se rendront compte que vous menez la même politique, voire pire, que Christoph Blocher?»
La lancinante question de l’immigration
Sur les questions de migration, numéro un absolu des préoccupations du public, Blocher-Widmer-Schlumpf, c’est blanc bonnet (l’emblème de la Schlumpfette) et bonnet blanc. La ministre de Justice et Police plaide pour une «politique migratoire ferme et juste», qui permette aux étrangers qui le méritent de trouver asile en Suisse et de décourager les abus. La salle approuve.
«Nous devons appliquer la loi votée par une grande majorité de Suisses de façon conséquente», ajoute-t-elle à l’attention d’une femme qui s’émeut du sort réservé aux requérants d’asile frappés d’une décision de non entrée en matière et soumis de ce fait à un régime draconien pour accélérer leur renvoi. Tout juste une ouverture, pour une prochaine rencontre avec le syndic de Vallorbe venu lui témoigner «la perte de confiance» de ses administrés.
Vers un nouveau parti?
Polie, l’assistance en oublie presque la question qui fâche l’UDC Suisse. Eveline Widmer-Schlumpf a-t-elle trahi? Sans se découvrir, la nouvelle conseillère fédérale rappelle sa fidélité de trente ans à son parti. Espère encore que sa section grisonne – «ma patrie politique» – échappera à l’exclusion. Dénonce le «documentaire à thèse» diffusé dimanche soir par la TSR et où elle paraît de mèche avec les socialistes pour faire tomber Christoph Blocher.
A l’heure du bilan, la Grisonne disait d’ailleurs avoir passé «une bonne soirée». Elle s’attendait à être interpellée de façon plus pointue, notamment quant à son avenir politique si l’UDC la bannit. Interrogée sur le sujet, Eveline Widmer-Schlumpf qualifie d’option valable la formation d’un nouveau parti par les UDC modérés.
Lire dans 20minutes
Invité par son collègue Philippe Leuba, Jean-Claude Mermoud a assisté à la discussion entre Eveline Widmer-Schlumpf et la population vaudoise, «en tant que conseiller d’Etat qui vient entendre une conseillère fédérale». Plus...
Et dans Le Temps
Le succès lausannois d'Eveline Widmer-Schlumpf.
Par Marco Danesi
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