dimanche 25 mai 2008

Suisse-Afrique-Asile : seulement les Erytréens et non les autres

Depuis bientôt plus de deux ans, les requérants d’asile ressortissant de l’Erytré, pays jonché en Afrique de l’est, ont toujours le vent en poupe : ils bénéficient en priorité du Permis provisoire B pour vivre en Suisse ; ce qui provoque des frustrations parmi d’autres ressortissants africains non érythréens bien que le critère d’individualité dans l’octroi de permis de séjour, reste de mise.

L’octroi d’un permis provisoire pour vivre en Suisse est fonction des motifs fournis pendant l’audition par le requérant auprès des autorités fédérales. Cependant, plusieurs demandeurs d’asile en provenance d’autres pays d’Afrique et éparpillés dans toute la Suisse, ont tendance à croire que les ressortissants érythréens, disent-ils, disposent en général d’un avantage certain pour être acceptés en Suisse.

Interrogée sur ce cas, une stagiaire à l’Office des Migrations, Etudiante en Droit de l’Université de Berne et qui participe régulièrement aux différentes auditions, estime que le principal motif présenté par la majorité d’érythréens à savoir « la désertion de l’armée », possède un grand écho en Suisse où la désertion est passible d’une peine d’emprisonnement selon le droit Suisse tout comme en Erythré. Ce qui, dit-elle, leur facilite l’octroi d’un titre de séjour provisoire.

Malgré les mesures contraignantes sur l’asile, adoptées par le gouvernement fédéral et mises en pratique depuis janvier 2008, les centres d’enregistrement et les maisons pour requérants, ne désemplissent pas des ressortissants Erythréens. De Zürich à Berne, en passant par Bâle, de Saint-Galin à Lucerne. C’est comme si, dit Koffi, un Togolais présent en Suisse depuis deux ans, que ces mesures contraignantes ne les concernent pas.

Johnson, un jeune érythréen de 25 ans et domicilié dans le canton de Bâle, espère qu’il aura le permis B, dans quelques mois et il ne s’en doute pas. Arrivé en Suisse depuis deux mois, en provenance de Erythré via Italie, il a eu la bonne surprise de constater que son ami Issay présent en Suisse depuis huit mois, dispose déjà de ce permis. Dans les calculs de Johnson, il lui faudrait aussi, sauf imprévu, 6 mois pour obtenir son titre de séjour provisoire. Ayant quitté son pays, depuis 5 ans, à l’âge de 20 ans, Johnson, a fait un voyage de cinq longues années avant de se retrouver en Suisse. Deux ans au Soudan et trois en Libye où il a connu sa femme de nationalité érythréenne qui lui a donné 3 enfants. Et ils n’ont pas attendu longtemps pour obtenir le permis de séjour en Suisse selon les calculs qu’il a faits. Finalement comme le prétend un requérant d’asile Camerounais, la méthode « first in first out (fifo) », Premier entré-premier servi » applicable en gestion de stock, s’applique aussi aux Erytréens présents dans le pays. L’autorisation de séjour pour les ressortissants érythréens, s’octroierait, selon leur arrivée en Suisse.

Pendant le cours d’apprentissage de la langue alémanique dispensé par l’organisation caritative « HeilsArmee » aux requérants d’asile, des Erythréens souvent majoritaires dans ces classes, n’hésitent pas à exhiber leur permis reçus une semaine, voire deux jours avant. Ce qui rend, ébahis, d’autres ressortissants des pays africains, surtout ceux qui vivent ici depuis des années.

L’ancien Conseiller fédéral Christoph Blocher n’a-t-il pas estimé qu’il faille que le motif lié à la désertion de l’armée ne soit toujours considéré comme condition suffisante pour l’octroi de titre de séjour ? Même l‘actuelle Conseillère Fédérale Wildmer-Schlumpf, chargée de la Justice, en a aussi soulevé. Mais rien ne semble arrêter, selon d’autres requérants d’asile, le mouvement des ressortissants érythréen vers la Suisse aussi longtemps que le motif de désertion fournis pendant leur audition, attirent l’attention du gouvernement suisse. Quand aux autres africains, il ne leur reste que d’attendre et attendre……

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