samedi 10 mai 2008

«Le groupe de travail cantonal doit être réactivé rapidement»

En quelques jours, les gens du voyage ont retrouvé à deux reprises le chemin d’Yverdon. Ils doivent normalement lever le camp aujourd’hui. Mais la problématique est cantonale, affirme le municipal Jean-Daniel Carrard. Un article de Frédéric Ravussin dans 24 Heures.

FERMÉE Aire de stationnement officielle du canton pour les gens du voyage, le terrain de Boulex, près de Payerne, est actuellement en réfection. PAYERNE, LE 7 MAI 2008 GUINNARD JEAN-PAUL


I
ls s’étaient faits discrets, ces dernières années. Mais les gens du voyage ont retrouvé la route d’Yverdon. Ces derniers jours, ils se sont installés, à deux reprises, sur un terrain agricole non adapté, prenant à chaque fois de vitesse les autorités.
Il leur est toutefois très diffi­cile de réagir, puisqu’il ne faut qu’une quinzaine de minutes entre le moment où les nomades repèrent un endroit et celui où ils l’occupent, explique Jean-Da­niel Carrard. «Si on parvient à les intercepter, il est possible de discuter. Mais on est très sou­vent mis devant le fait accompli, à savoir l’occupation sauvage et illégale d’un terrain», ajoute-t-il. Selon une jurisprudence du Tribunal fédéral, le propriétaire peut les laisser occuper les lieux au maximum pendant trois nuits et quatre jours. «Et géné­ralement, les Gitans s’y plient, ce qui permet d’éviter une inter­vention musclée jamais agréable à conduire», reprend le munici­pal.
C’est donc vraisemblablement aujourd’hui que la cinquantaine de familles devrait quitter le territoire yverdonnois. «Mais même s’ils se sont installés à deux reprises à Yverdon, la ques­tion se pose dans tout le canton, affirme Jean-Daniel Carrard. Nous pourrions clôturer le champ où ils se sont installés. Mais que va-t-il se passer alors?» Ils iront sans doute stationner leurs caravanes plus loin «et peut-être s’arrêter sur le terri­toire de communes qui n’ont pas les moyens d’intervention d’Yverdon. Le Conseil d’Etat doit prendre en considération que les gens du voyage font à nouveau halte en Suisse et réac­tiver de manière urgente le Groupe de travail Gitans Vaud, présidé par Pierrette Roulet- Grin», conclut-il.
Situation particulière

La préfète relève d’emblée que la situation actuelle est par­ticulière. «Il faut la remettre dans le contexte du printemps pourri que nous venons de vi­vre. Avec le retour des beaux jours, les personnes qui appar­tiennent aux minorités ethni­ques non sédentarisées ont tou­tes repris la route en même temps… Et c’est d’autant plus ennuyeux que l’aire de Payerne est momentanément fermée.»
Mais contraire­ment à ce que redoute Jean-Da­niel Carrard, Pierrette Roulet-­Grin ne croit pas que cette situa­tion perdurera, comme cela avait été le cas au début des années 2000.
«Je suis cependant tout à fait d’accord de réactiver notre groupe de travail. Mais je rap­pelle que c’est aux communes de proposer des terrains pour les accueillir.» Et considérant les aires d’accueil déjà existantes à Payerne et à Rennaz, c’est vers la région lausannoise que se tour­nera sans doute leur regard.

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