Après plusieurs jours de dérobade, le ministère de l’Immigration a décidé, hier, de se saisir de la question des sans-papiers en grève depuis le 15 avril pour obtenir leur régularisation. Avec la volonté affichée de trouver une sortie de crise. «Nous sommes face à un point de crispation, il faut que nous regardions la situation, c’est pour cette raison que nous allons nous mettre autour de la table pour traiter ces dossiers, et voir lesquels entrent dans le champ d’application de la loi Hortefeux [qui permet la régularisation d’étrangers en situation irrégulière occupant des métiers dits «en tension», ndlr]», expliquait hier le chef de cabinet du ministre.
Les services de Brice Hortefeux, qui s’étaient contentés jusque-là de renvoyer la patate chaude aux préfectures, ont pris d’eux-mêmes contact avec les responsables CGT, à l’origine du mouvement, pour leur proposer une rencontre hier en fin de journée. Officiellement, bien sûr, il ne s’agit pas d’une régularisation massive et sans conditions. «On va regarder si les préfectures concernées sont en possession de l’ensemble des dossiers correspondant aux personnes actuellement en conflit», expliquait-on hier chez Brice Hortefeux. L’administration fera ensuite du «cas par cas». Selon quels critères ? «Il y a un certain nombre de critères qui découlent de l’article 40 de la loi», répond-on au ministère de l’Immigration.
Mardi dernier, ce même ministère avait prévenu que les travailleurs concernés devaient avoir «des compétences particulièrement recherchées sur le marché du travail». Sauf qu’une liste des métiers ouvrant la voix à une possible régularisation a été publiée en début d’année, et qu’il s’agit de postes plutôt qualifiés, ce qui n’est pas le cas de ceux qu’occupent la plupart des grévistes. «Il peut y avoir une appréciation locale de la tension», précisait hier le directeur de cabinet d’Hortefeux.
Le mouvement, qui a débuté il y a pile une semaine, ne donne aucun signe d’essoufflement. Vendredi, la CGT avait annoncé que 338 sans-papiers étaient en grève. Hier, ils étaient plus de 500. Samedi, neuf salariés d’un restaurant de Neuilly (Hauts-de-Seine), où Nicolas Sarkozy avait ses habitudes, ont rejoint la mobilisation. Et hier, une vingtaine de travailleurs sans papiers ont entamé à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) l’occupation d’un magasin asiatique, Paris Store, dont une filiale a été condamnée pour avoir embauché des étrangers en situation irrégulière.
La position du gouvernement devenait d’autant plus inconfortable que les deux principaux syndicats du patronat de l’hôtellerie-restauration, l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) et le Synhorcat (Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs) appellent depuis la semaine dernière à la régularisation des sans-papiers. Didier Chenet, président du Synhorcat, la souhaitant même «massive». Patron de Konex, entreprise de câblage informatique, Johann Le Goff a créé, de son côté, un «lobby» baptisé le Gers, Groupement des entreprises pour la régularisation de leurs salariés. Hier, ces patrons ont «demandé que des mesures rapides soient prises, car cette situation a de trop grandes répercussions sur leur économie».
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