Alors que Le Tulipier accueillera, lundi, les premiers migrants, l’EVAM peaufine leur arrivée.
«C’est beaucoup mieux qu’un abri de protection civile», explique d’emblée Cécile Ehrensperger, responsable du secteur Nord et Ouest de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), en entrant dans l’une des chambres du Tulipier, à Morges. Les pièces, dotées de deux ou de quatre lits, sont relativement spacieuses.
Dès lundi, c’est ici que seront accueillis durant quatre à six mois 24 hommes célibataires, de 19 h à 9 h. Le fonctionnement de la structure est prévu sur le mode sleep-in. Une première dans le canton. Les migrants n’y dormiront théoriquement qu’une nuit et ne s’y installeront donc jamais. En effet, cette population doit quitter le territoire suisse.
Cette semaine, l’EVAM a préparé les locaux pour les héberger. «Nous avons entrepris très peu de travaux, car c’est un ancien centre de semi-détention qui dispose de toute l’infrastructure nécessaire pour être rapidement opérationnel», ajoute la responsable. La zone d’accueil, les chambres ainsi que le réfectoire ont été aménagés. Mais l’EVAM a surtout dû former une vingtaine de personnes. Chaque soir, un surveillant et un encadrant veilleront au bon fonctionnement du lieu. «Le métier d’encadrant sleep-in n’existait pas avant et nous avons dû le créer en établissant un cahier des charges pour ouvrir Le Tulipier», poursuit Cécile Ehrensperger. Une nouvelle profession qui couplera accueil, social, intendance et surveillance.
Aide minimale
Les migrants qui viendront dormir seront soit des déboutés de l’asile, soit des NEM (non-entrée en matière) qui ont demandé l’aide d’urgence. Ils disposeront par conséquent de l’aide minimale et ne recevront pas d’argent. «Nous leur fournissons l’hébergement, les repas, les articles d’hygiène, ainsi qu’un bon pour des vêtements de seconde main», détaille encore la responsable. Aucune mesure d’accompagnement n’est prévue, comme c’est le cas dans d’autres centres de requérants d’asile. «Ce sont des conditions correctes, mais assez dures, avoue Cécile Ehrensperger. Nous ne cherchons pas à les intégrer. L’objectif est de les inciter à partir.» Un point que confirme Philippe Leuba, conseiller d’Etat en charge de l’Asile: «Ces personnes sont en bout de procédure. Nous n’entendons pas fournir des prestations qui vont contredire les décisions des autorités judiciaires. Le but est de les convaincre à partir d’elles-mêmes plutôt qu’au travers de mesures de contrainte.»
Si les conditions peuvent paraître rudes, elles sont légales. «Nous avons demandé un avis de droit au Service de justice du canton, qui a confirmé que ce mode d’hébergement était constitutionnel», précise le ministre. Ce type d’hébergement permet surtout de répondre à la forte demande en matière d’asile. «Cela fait deux ans que nous sommes dans une situation tendue. Il manque environ 600 places dans le canton», conclut Cécile Ehrensperger.
Lauriane Barraud dans 24 Heures
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