vendredi 5 août 2011

Malgré le soutien d’Eric Voruz, Massud a le blues

Le conseiller national est révolté par la décision de renvoi du requérant d’asile bien intégré. Il veut en faire un cas d’école.

massud shafiq

«Je ne sors plus. J’aimerais pouvoir dormir toute la nuit et tout le jour… Et ça, ça ne me ressemble vraiment pas.» Jadis enjoué et plein d’énergie, Massud Shafiq, aide de cuisine irakien, n’est plus le même homme depuis qu’il a perdu le droit de travailler le 13 juillet dernier, suite au retrait de son permis humanitaire par l’Office fédéral des migrations (ODM).

380 signatures collectées

Cela faisait quatre ans et demi que ce Kurde d’Irak, âgé de 27 ans, s’était fait sa place dans notre pays et auprès d’employeurs de La Côte (24 heures du 12 juillet) quand est arrivé le funeste courrier venu de Berne. La mobilisation de ses collègues et des pensionnaires de l’EMS dans lequel il travaillait est restée vaine pour l’heure. Quelque 380 signatures de soutien ont été transmises à l’ODM, sans réponse. «Depuis le 13 juillet, c’est comme si le temps s’était arrêté», déplore Massud Shafiq, qui vit mal cette attente oisive.

Le temps ne s’est pourtant pas arrêté pour tout le monde, car, depuis cette date fatidique, l’Irakien compte un soutien notoire en la personne d’Eric Voruz, conseiller national socialiste morgien et membre de la plate-forme nationale de soutien aux sans-papiers. «Ce renvoi est révoltant, lâche-t-il tout de go. Par courrier à l’ODM et au Service vaudois de la population, j’ai demandé que cette situation soit mieux analysée et je mènerai la même démarche auprès du conseiller personnel de Simonetta Sommaruga.» Le Morgien déplore particulièrement que l’on retire du jour au lendemain le droit de travailler à une personne que l’on ne renverra pas de sitôt. «Même l’ONU invite encore à ne pas renvoyer des personnes en Irak, rappelle le conseiller national. Il faut donc que Confédération et canton suspendent momentanément son cas.» Dans le même temps, il sollicitera la mansuétude de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants pour que cette entité laisse Massud dans l’appartement qui lui a été mis à disposition.

Depuis quatre ans qu’il travaillait, dans l’agriculture, puis dans la restauration, Massud Shafiq n’a rien coûté aux caisses publiques. Il avait même remboursé tous les frais engendrés à son arrivée (logement, cours d’intégration et de français notamment). Pour cela, il rétrocédait 10% de son salaire mensuel. Hormis son loyer et son assurance-maladie, le requérant était parvenu à acquérir une voiture, qu’il a dû brader. «Je n’ai plus le droit d’avoir des plaques d’immatriculation avec mon nouveau statut», explique-t-il. Aujourd’hui même, l’Irakien se rend au Service de la population pour solliciter une aide d’urgence.

«J’en ai marre de ces cas où l’on envoie à l’aide d’urgence des gens qui n’ont jamais fait appel à l’aide de la collectivité jusque-là», s’emporte le socialiste, qui évoque d’autres cas, comme cet ouvrier que la Verrerie de Saint-Prex a été forcée de licencier sur injonction du canton.

Motion en préparation

Eric Voruz ne s’arrêtera pas à une intervention d’urgence en faveur de Massud. Il prévoit de déposer une motion pour demander la révision de la loi sur l’asile. Il souhaite en substance que, lorsqu’une demande d’asile est rejetée, l’autorisation de travailler s’éteigne à l’expiration du délai fixé pour quitter le pays, mais en respectant les délais de congé fixés par le Code des obligations ou par convention collective. «Et s’il le faut, le salaire correspondant au délai de congé et au droit aux vacances sera remboursé par l’Etat à l’employeur. C’est quand même à lui qu’incombe la faute qui conduit à la rupture du contrat de travail.»

Didier Sandoz dans 24 Heures

1 commentaire:

Sirop a dit…

Quelle horreur...cet homme n'a rien demandé et n'a jamais causé de tort à personne, bien au contraire...je suis dépitée lorsque j'ai vent de tels cas, cette personne (et beaucoup d'autres) méritent bien plus largement leur place que les dealers que je vois chaque jour lorsque je me rends au travail... La population suisse arrêtera de voter des conneries le jour où il y aura un peu de bon sens dans l'immigration!