mercredi 24 août 2011

L’UDC déterre la hache de guerre avec l’économie sur la libre circulation

Toni Brunner attaque de front le président d’EconomieSuisse suite à une interview publiée dans nos colonnes.

imageL’UDC a présenté hier à Berne son programme pour revitaliser l’économie par le biais d’allégements d’impôts pour les entreprises et les ménages. Photo Keystone 

Dans nos éditions de lundi, Gerold Bührer s’en prenait vertement à l’Union démocratique du centre (UDC) et à son initiative «Contre l’immigration de masse», qualifiant la démarche «d’irresponsable». Il reprochait au parti d’exploiter politiquement les peurs, au lieu de chercher des solutions. Le texte exige, entre autres, une renégociation de l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne (UE).

La contre-attaque n’a pas tardé. Dans une lettre envoyée hier au président de la Fédération des entreprises suisses, l’UDC estime que ces reproches ne sont même pas «documentés». Toni Brunner, président de l’UDC, pose neuf questions, et prie Gerold Bührer d’y répondre, car si l’UDC a fait «des propositions concrètes», ce n’est pas le cas d’EconomieSuisse.

Le plus grand parti du pays se demande notamment si l’organisation économique considère «souhaitable et supportable» l’immigration «de masse de ces quatre dernières années»? Quelles mesures sont proposées contre les conséquences «négatives» de ces arrivées, telles les infrastructures «surchargées» ou encore la croissance des loyers? EconomieSuisse peut-elle garantir que, en cas de ralentissement de la conjoncture, les chômeurs originaires de l’Union européenne (UE) retourneront dans leur pays?

Parti de l’économie

La tension est également vive avec l’autre organisation économique, celle des petites et moyenne entreprises, l’Union suisse des arts et métiers (USAM). Son président, l’UDC Bruno Zuppiger, a été prié de se distancier de l’initiative de son parti. Chose faite dimanche dernier dans le SonntagsBlick . «L’initiative va trop loin», a estimé le Zurichois, qui compte parmi les partisans de la libre circulation des personnes dans son parti. Il estime que la Suisse ne peut pas prendre le risque de remettre en cause les accords bilatéraux. Cette position est défendue par des représentants de l’aile économique de l’UDC comme l’industriel thurgovien Peter Spuhler ou le Bernois Hansruedi Wandfluh.

Ces tensions avec les organisations économiques n’inquiètent pas le chef de campagne Christoph Blocher, alors que l’UDC dispute la place de parti de l’économie au Parti libéral-radical. «Lors de la campagne sur l’EEE, la confrontation avec les associations économiques a été brutale, confiait hier l’ancien conseiller fédéral en marge de la conférence de presse sur le franc fort. Leurs dirigeants voulaient adhérer à l’EEE puis à l’UE, ce qui était irresponsable pour nous. Si nous les avions écoutés nous y serions.»

Christoph Blocher s’en prend aussi directement à l’ancien conseiller national PLR Gerold Bührer: «C’est une prise de position libérale-radicale, rien de plus. Car, sur le fond, Gerold Bührer demande la même chose que nous dans son interview, soit une adaptation de l’accord sur la libre circulation des personnes. Sa vision est celle, typique, d’un manager à courte vue. Le nombre de chômeurs lui est égal. Il est indifférent aux tensions sociales. Il ne regarde que le moment présent. Des entrepreneurs prévoyants ne pensent pas comme cela!»

Du coté d’EconomieSuisse, l’attaque est gérée avec sang-froid. Ursula Fraefel, responsable de la communication: «En pleine campagne électorale, cette manière d’agir ne nous surprend pas. Il est évident que Gerold Bührer va répondre à ces questions. En ce qui concerne les accords bilatéraux avec l’UE, il y a longtemps qu’il y a une divergence d’opinions entre l’UDC et nous.»

Romain Clivaz, Berne, pour 24 Heures

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