Manque prononcé de structures d’hébergement pour les requérant-e-s d’asile en Italie: les réfugié-e-s et les requérant-e-s d’asile, dont de nombreuses familles avec des enfants, des femmes seules, des malades psychiques et des personnes traumatisé-e-s, vivent dans la rue. Dans son dernier rapport, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR conclut que les transferts vers l’Italie sont hautement problématiques.
Depuis le début de l’année, 50’000 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes suite aux bouleversements politiques en Afrique du Nord, ce qui a encore dégradé les conditions d’hébergement et d’accueil, par ailleurs déjà très précaires. L’Allemagne a déjà réagi: plus d’une douzaine de tribunaux administratifs dans les Länder ont stoppé les renvois des requérant-e-s d’asile vers l’Italie au motif que les normes minimales pour les réfugié-e-s en Italie «ne sont en grande partie plus respectées». Une délégation de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR et de l’organisation d’entraide juridique norvégienne, Juss-Buss, est parvenue à la même conclusion dans son rapport final de mission, désormais disponible: jusqu’à l’enregistrement formel de leur demande, les requérant-e-s d’asile en Italie n’ont pas accès à un hébergement et les délais d’attente dans les villes importantes s’étendent jusqu’à deux mois. Pendant ce temps, les personnes concernées vivent dans la rue – même celles extrêmement vulnérables comme les familles avec enfants.
Par rapport au nombre élevé de demandes, l’Italie a une capacité d’accueil totale-ment insuffisante. Près de 5000 places au plan national plus quelques héberge-ments communaux dans certaines régions ne permettent pas d’offrir une place à des dizaines de milliers de requérante-s d’asile et de refugié-e-s. Sans hébergement, les personnes concernées ne peuvent guère couvrir leurs besoins de base tels que la nourriture ou l’hygiène personnelle. Les mesures d’intégration, notamment les cours de langue – qui, au contraire du système suisse, sont en règle générale proposées uniquement lorsque la procédure d’asile est en cours – sont indissociables d’un hébergement. L’aide à l’intégration est dépendante de l’hébergement!
Celles et ceux qui parviennent malgré tout à trouver un lieu se voient expulsé-e-s de leur hébergement au maximum après six mois. Car après ce délai, les requérant-e-s d’asile ont le droit de travailler. Le système italien part du principe que dès ce moment là, les personnes concernées peuvent se prendre en charge elles-mêmes. Il en va de même des personnes qui sont reconnues comme réfugiées ou qui obtiennent une protection en Italie. Cette reconnaissance entraîne la perte de l’hébergement. Les personnes vulnérables bénéficient parfois d’un report, mais elles doivent quitter leur hébergement après douze mois tout au plus.
En perdant leur hébergement, les requérant-e-s d’asile et les réfugié-e-s perdent tout soutien. Les personnes se retrouvent dans la rue, totalement dépendant-e-s de l’aide minime proposées par les institutions ecclésiastiques et les ONG. Une vie misérable: les personnes passent leur journée à essayer de couvrir leurs besoins de base. Elles s’efforcent de trouver un abri pour la nuit, soit dans des centres d’urgence ou dans des maisons occupées, font la queue pour obtenir de la nourriture. Dans ces circonstances difficiles, apprendre l’italien et plus encore trouver un travail relève de l’impossible. A partir de ce moment, si ce n’était pas déjà le cas, les personnes concernées vivent dans des conditions pitoyables, sans espoir de pouvoir changer quoi que ce soit à leur situation de vie.
L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR demande donc aux autorités suisses de faire preuve de retenue avec le renvoi des requérant-e-s d’asile vulnérables, des familles avec enfants et des femmes seules. Les personnes qui ont obtenu le statut de réfugié ou un statut de protection en Italie ne devraient plus être refoulées vers ce pays. Et ce également en signe de solidarité et d’engagement à partager la charge avec les Etats membres de l’accord de Dublin.
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