jeudi 14 juillet 2011

Les Erythréens avant les Tunisiens

En juin, le nombre des demandes a reculé de 25% par rapport à mai. Selon l'Office fédéral des migrations, cette régression a un caractère saisonnier.

Bonne nouvelle pour les cantons qui ne savent plus où héberger les demandeurs d'asile. Le nombre des requêtes déposées en juin a diminué de 25% par rapport au mois de mai, a indiqué hier l'Office fédéral des migrations (ODM): 1675 demandes d'asile ont été déposées en juin, contre 2254 en mai. Il serait cependant prématuré de parler d'un changement de tendance.

Selon Joachim Gross, porte-parole de l'ODM, "la plupart des requérants arrivent en Suisse après un passage en Italie. En été, ils trouvent plus facilement des emplois sur place, par exemple dans le secteur agricole. Cela retarde leur venue dans notre pays. Nous nous attendons à ce que les chiffres repartent à la hausse cet automne".

Diaspora érythréenne

A noter que la Tunisie n'est que le second pays de provenance des requérants. C'est l'Erythrée qui arrive en première position. "Depuis la mi-mars", explique l'ODM, "l'itinéraire migratoire qui franchit la Méditerranée centrale par la Libye, via Lampedusa, à destination de l'Italie est à nouveau ouvert en raison du conflit libyen. Cette route est avant tout empruntée par des personnes provenant d'Afrique subsaharienne, dont les Erythréens".

Ceux-ci viennent en Suisse notamment pour des motifs de regroupement familial. "La Suisse possède l'une des plus grandes diasporas érythréennes d'Europe", confirme Adrian Hauser, porte-parole de l'Organisation suisse d'aide aux réfugiés (Osar). "Les requêtes de ressortissants érythréens devraient d'autant plus se maintenir à un niveau élevé que les minorités religieuses et les opposants politiques sont toujours en butte à un système répressif".

En ce qui concerne les Tunisiens, qui arrivent eux aussi via l'Italie, il faudra observer les effets de l'accord signé le 5 avril dernier entre l'Italie et la Tunisie. Celle-ci s'est engagée à rapatrier toutes les personnes qui sont arrivées en Italie après le 5 avril. En contrepartie, l'Italie a délivré un visa limité à six mois à la plupart des personnes arrivées avant le 5 avril. Compte tenu de cette situation, l'ODM s'attend à l'arrivée de requérants tunisiens pendant quelques mois encore.

Inquiétudes cantonales

Globalement, les chiffres ne fléchissent pas: 5424 nouvelles demandes d'asile ont été déposées au cours du second trimestre 2011, soit une hausse de 24% par rapport au premier trimestre. Ce sont ces chiffres qui provoquent l'inquiétude des cantons et les ont incités à demander à Berne de ne pas se décharger de ses responsabilités. Selon eux, la Confédération devrait accélérer les procédures en traitant en priorité dans ses propres centres les cas manifestement infondés, en particulier ceux qui relèvent de l'accord de Dublin. La commission des institutions politiques du Conseil des Etats parle le même langage. Elle souhaite créer les bases légales permettant de traiter le plus grand nombre possible de procédures d'asile dans des centres fédéraux.

En vertu de l'accord de Dublin, l'Etat où a été déposée la première demande d'asile est responsable de la procédure. Le requérant qui tente sa chance ailleurs peut donc être renvoyé dans ce pays. Plus de la moitié des demandes d'asile actuelles relève de cet accord. Entre le 1er janvier et le 30 juin 2011, les autorités suisses l'ont invoqué pour 3845 personnes. Cette demande de prise en charge a été acceptée dans 2709 cas. L'Osar fait de la résistance. Selon elle, Berne devrait renoncer à des renvois en Italie tant que ce pays n'est pas en mesure d'assurer une assistance correcte aux personnes concernées. A ce jour, la Confédération s'est contentée de suspendre les renvois en Grèce.

Christiane Imsand dans le Nouvelliste

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