vendredi 3 juin 2011

L'expulsion d'Eman al Ebeidi par le Qatar est contraire au droit international

La décision du gouvernement du Qatar de renvoyer en Libye Eman al Obeidi, qui a accusé publiquement de viol des militaires libyens, constitue une violation du droit international, a déclaré Amnesty International vendredi 3 juin.

Eman al Obeidi a été envoyée par les autorités du Qatar jeudi 2 juin à Benghazi, fief de l'opposition au colonel Mouammar Kadhafi dans l'est de la Libye. « Il est honteux qu'Eman al Obeidi ait de nouveau été envoyée quelque part contre son gré, a déclaré Amnesty International. Cette femme a été reconnue comme réfugiée et son renvoi constitue une violation grave par le Qatar des obligations qui sont celles de ce pays aux termes du droit international. »

Le 26 mars, cette diplômée en droit avait été conduite de force hors d'un hôtel à Tripoli et arrêtée par les forces de sécurité après avoir affirmé à des journalistes étrangers avoir été violée par des soldats libyens fidèles au colonel Mouammar Kadhafi. Après plusieurs périodes de détention, Eman al Obeidi aurait été aidée par des militaires libyens insurgés à franchir la frontière vers la Tunisie. De là, elle aurait réussi à se rendre jusqu'au Qatar.

Eman al Obeidi a été reconnue comme réfugiée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui a considéré que cette femme courait un risque réel de persécution en Libye.  « Rien ne saurait justifier la décision des autorités du Qatar : elles ont compromis la sécurité de cette femme sans tenir compte du danger auquel elle est de toute évidence confrontée », a ajouté Amnesty International.  « Après avoir pris aussi courageusement la parole contre les hommes de Mouammar Kadhafi, il sera impossible pour Eman al Obeidi de conserver l'anonymat, a estimé Amnesty International. Les autorités du Qatar n'ont tenu aucun compte de la nécessité évidente pour cette femme de bénéficier d'une protection internationale. »

Il incombe désormais au Conseil national de transition qui siège à Benghazi d'assurer la sécurité de cette femme, et Amnesty International se félicite de ce que le Conseil a annoncé qu'Eman al Obeidi était libre de quitter la Libye. L'organisation prie instamment le Conseil de ne pas empêcher son départ. Aux termes du droit international, les pays d'asile, qu'ils aient ou non signé la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés, ne sont pas autorisés à renvoyer des réfugiés dans leur pays d'origine où ils risquent d'être persécutés.

Amnesty International


Pour en savoir plus :

Aucun commentaire: