dimanche 27 février 2011

Les cantons craignent un afflux de réfugiés

Alors des milliers de personnes fuient les violences dues aux révoltes qui secouent actuellement l’Afrique du Nord, les cantons helvétiques craignent une vague de réfugiés en provenance de cette région et demandent à la Confédération d'appliquer une politique restrictive.

Les demandes d'asile peuvent déjà être traitées sur l'île italienne de Lampedusa, a déclaré à la SonntagsZeitung la conseillère d'Etat saint-galloise Karin Keller-Sutter, présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police. Celle-ci estime également que les réfugiés "économiques" doivent être logés dans les centres de la Confédération et non attribués aux cantons.

A la Confédération d’agir

On aurait ainsi plus de capacités pour accueillir les "authentiques" réfugiés s'ils devaient venir de Libye en Suisse, a-t-elle expliqué. Pour elle, la Confédération doit donc veiller à ce que l'Italie reprenne les réfugiés venus en Suisse mais déjà enregistrés dans la Péninsule, comme le prévoient les accords de Dublin. Très peu de candidats à l'asile ont été récemment renvoyés en Italie.

Aux Grisons, la conseillère  d'Etat Barbara Janom Steiner a lancé un appel à la Confédération afin qu'elle trouve une solution avec l'UE. Selon elle, les réfugiés d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient doivent voir leurs demandes d'asile traitées déjà aux frontières de l'UE et la Suisse peut apporter son aide.

Moyens supplémentaires attendus

En outre, si des réfugiés pour raisons économiques venaient à être attribués aux cantons, il serait alors très difficile de les renvoyer dans leurs pays, a-t-elle expliqué à la Südostschweiz am Sonntag.

Le Croissant-Rouge et le Haut commissariat aux réfugiés s'alarment de la situation humanitaire aux frontières libyennes.  [Keystone] Le Croissant-Rouge et le Haut commissariat aux réfugiés s'alarment de la situation humanitaire aux frontières libyennes. [Keystone]

Pour sa part, le directeur de Frontex Ilkka Laitinen attend des moyens supplémentaires mis à disposition par la Suisse. Le chef de l'organisation de protection des frontières de l'Union européenne (UE) a expliqué au journal dominical qu'ils seraient engagés dans des opérations aux frontières entre la Grèce et la Turquie, entre la Pologne et l'Ukraine, ainsi qu'entre la Slovaquiie et l'Ukraine.

Ilkka Laitinen estime que moins de 10% des réfugiés arrivés sur l'île de Lampedusa entrent en considération pour une demande d'asile.

Aide suisse aux frontières libyennes

La Suisse a envoyé deux équipes d'intervention humanitaire aux frontières de la Libye, côtés égyptien et tunisien. Avec l'aval des pays concernés, ces experts doivent notamment clarifier les besoins sur le terrain et engager les premières mesures d'urgence, a annoncé le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Une somme d'un demi-million de francs a également été versée au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour l'aide médicale d'urgence. "De nombreuses personnes qui ont fui les troubles et les violences en Libye arrivent épuisées en Egypte et en Tunisie et ont besoin de soutien", a expliqué le DFAE. La Suisse va donc apporter sa contribution pour soulager les souffrances de ces personnes.

Les deux équipes d'intervention rapide (EIR) devaient arriver ce week-end sur le terrain. Elles sont composées respectivement de quatre et de deux membres du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA). Sur le terrain, les experts vont déterminer les besoins et engager les premières mesures d'urgence en collaboration avec les autorités locales et les organisations partenaires.

Il s'agira également d'examiner les canaux de transport et les structures de distribution pour l'aide humanitaire. "La situation humanitaire en Libye et dans les régions frontalières est précaire, il est toutefois difficile à l'heure actuelle d'en évaluer l'ampleur", a reconnu le DFAE. La Suisse a également dépêché un spécialiste du CSA à Tunis et un autre au Caire afin de renforcer le personnel de ses ambassades.

AP et ATS et TSR

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