Frédéric Hainard est pessimiste sur les chances de l’ex-policier chinois de rester en Suisse.
Trop heureux de pouvoir détourner l’attention des accusations d’abus de pouvoir portées contre lui (qui font l’objet d’une commission d’enquête parlementaire), le conseiller d’Etat neuchâtelois suit avec intérêt l’affaire Abudureyimu alors qu’il est en vacances.
Le Temps: pourquoi avez-vous décidé de reprendre Nijiati Abudureyimu?
Frédéric Hainard: Il n’a pas voulu embarquer dans l’avion. Le commandant de bord a donc refusé de le prendre. Il n’était plus possible d’attendre un autre vol avec un accompagnement de deux policiers. Le délai de renvoi étant dépassé, il fallait éviter qu’il reste dans un centre de détention. Je suis fâché contre l’ODM qui nous a averti trop tard sur la date butoir pour le renvoyer.
– Que va-t-il se passer?
– Le traitement du dossier relève entièrement de la compétence de l’ODM. Notre canton n’a aucun moyen d’intervenir. C’est un immense problème car il s’agit d’un cas de non-entrée en matière (NEM). Soit Berne décide de l’expulser vers la Chine. Soit, et ce serait exceptionnel, l’ex-policier bénéficie d’une décision d’admission provisoire ou du droit d’asile.
– Pourquoi exceptionnel?
– Car en général les Chinois ou les Ouïgours n’obtiennent pas l’asile en Suisse. Je suis curieux de savoir quelle sera la décision de l’ODM car il devra en assumer la responsabilité. J’attends cela avec impatience. Soit c’est le renvoi, soit c’est l’autorisation de séjour: c’est manichéen.
– Etes-vous pessimiste sur les chances du requérant?
– Sur la base des expériences passées je suis pessimiste. Mais peut-être l’ODM changera pour une fois de position. En cas de refus, Neuchâtel va se prendre dans les gencives un renvoi vers la Chine.
– Que feriez-vous si vous deviez choisir?
– A titre personnel, je suis favorable à ce qu’il obtienne l’asile à Neuchâtel. Il n’a jamais troublé l’ordre public et il semble que c’est un témoin important.
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