Editorial de Serge Gumy dans 24 Heures, concernant les rites funéraires propres à l’Islam.
Les musulmans ont droit à une sépulture digne, conforme aux préceptes de leur religion. Chaque canton devrait donc se doter d’un cimetière où ils pourraient reposer séparés des morts d’autres confessions, leur cercueil orienté vers La Mecque. La revendication formulée hier par le président de la Coordination des organisations islamiques de Suisse, Farhad Afshar, interpelle à la fois sur la forme et sur le fond.
Sur le fond, on peut s’interroger sur l’opportunité de laisser les musulmans faire sépulture à part. Des cimetières qui leur seraient réservés constitueraient en effet de nouveaux ghettos. Les fidèles de l’islam doivent être inhumés au sein de la communauté suisse dont ils sont membres à part entière. Ce qui n’exclut pas de leur ouvrir des carrés où ils pourraient respecter leurs rites funéraires.
Sur la forme, en menaçant de saisir les tribunaux pour faire respecter les droits de ses coreligionnaires, Farhad Afshar prend le risque d’envenimer le débat sur l’islam en Suisse. Pour répondre à des demandes encore minoritaires, rien ne vaut le dialogue de proximité avec les autorités locales, qui sont compétentes en matière de cimetière. Ce dialogue porte d’ailleurs ses fruits, comme à Genève. A quoi bon le court-circuiter via la justice?
Enfin, le président d’une des principales associations islamiques du pays fait preuve d’un manque criant de sens politique en lançant le débat sur les carrés confessionnels trois mois seulement après la votation pour l’interdiction des minarets. Il ne s’agit pas d’obliger les musulmans de Suisse à raser les murs et à se faire invisibles. Leur place est au cœur du débat. Mais ils seraient inspirés de mieux choisir leurs combats. Et de ne pas revendiquer avec les carrés confessionnels l’inégalité de traitement dont ils se sentent souvent victimes.
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