Première suisse: Lausanne a annoncé, hier, que les jeunes clandestins pourraient bientôt suivre un apprentissage au sein de son administration. Un article de Gérald Cordonnier dans 24 Heures.
«Aujourd’hui, un enfant sans-papiers a le droit d’être scolarisé, puis d’aller au gymnase ou à l’université. Mais, sans les compétences nécessaires ni permis de travail, il se retrouve, à 16 ans, sans aucune possibilité de suivre un apprentissage. Cette situation n’est plus acceptable.»
Le municipal socialiste Oscar Tosato a propulsé Lausanne, hier, au cœur du débat national sur l’accès des clandestins à la formation professionnelle. Pour la première fois, l’une des plus grandes villes du pays compte défier les lois fédérales. Et permettre aux sans-papiers de conclure un contrat d’apprentissage avec son administration communale, comme l’a demandé en 2002 déjà le conseiller communal popiste Alain Hubler. Il incombera donc bientôt aux ressources humaines de traiter toutes les candidatures sur un pied d’égalité, sans prendre en considération le statut légal des postulants. Une proposition municipale que le directeur de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Education n’imagine pas être recalée par le Conseil communal, à large majorité de gauche.
La ville compte également lancer un appel au canton pour trouver une solution afin que le certificat de fin de formation de ces futurs apprentis en emploi soit légalement reconnu. Et demander, aussi, d’ouvrir aux sans-papiers les portes de plusieurs écoles professionnelles à plein-temps. A l’instar de Genève, où les jeunes sans statut peuvent déjà suivre les filières à plein-temps. «La formation est un droit fondamental, a clamé Oscar Tosato. La Municipalité prend donc le pari de l’illégalité et du respect de la Convention des droits de l’enfant, sur laquelle la Suisse marche sans aucun remord.»
Actuellement, Lausanne scolarise entre 200 et 300 enfants de sans-papiers. Chaque année, une vingtaine d’entre eux terminent l’école obligatoire.
Accueil diversifié
Hier, le Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers a accueilli la nouvelle avec satisfaction. «Lausanne est la première autorité en contact direct avec la réalité du terrain à mettre une réelle pression sur ce dossier, s’est réjoui son avocat, Christophe Tafelmacher. Puisque le Grand Conseil a tout récemment demandé au Conseil d’Etat de faire usage de son droit d’initiative afin de réclamer une modification de la loi fédérale sur la formation professionnelle, j’estime que la question de l’illégalité de la démarche lausannoise mérite vraiment d’être nuancée.»
Un point de vue que ne partage pas Claude-Alain Voiblet, chef de file de l’UDC lausannoise: «En termes d’exemplarité, cette démarche municipale est un vrai scandale! La ville fait fi de toutes les bases légales. Au besoin, l’UDC pourra recourir au peuple pour mettre un terme à la nouvelle provocation politique gratuite de la gauche.»
De leur côté, les libéraux-radicaux ont réagi à l’antenne de la TSR avec moins de virulence. Pour la présidente, Marlène Bérard, cet accès à la formation est une bonne chose, pour autant qu’il ne devienne pas un refuge permettant de surseoir à une expulsion prononcée par l’Etat.
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