mercredi 9 septembre 2009

Marquage des roms sans-papiers

LIBERATION.FR - Société 08/09/2009 à 18h14

Besson dénonce les coups de tampon sur les Roms

Polémique après la méthode utilisée par une unité de gendarmerie dans l'Essonne, le 28 août dernier, pour contrôler des Roms en situation irrégulière.

FLORENT PECCHIO

Voilà des coups de tampon qui font couler beaucoup d'encre. La faute à un contrôle d'identité, effectué par une unité de gendarmerie, en Essonne, le 28 août dernier. Afin de faciliter le contrôle de la centaine de Roms présents ce jour-là dans un campement de fortune, sur les communes d'Ormoy et de Villabé, les gendarmes décident d'utiliser une méthode surprenante. A savoir, le marquage des personnes contrôlées à coups de tampons, pour être sûr de ne pas procéder deux fois au même contrôle. Si la méthode tient du bons sens pour la gendarmerie, il n'a pas été de même pour la communauté Rom, ni pour les associations proches des sans-papiers. Ni même pour Eric Besson, ministre de l'Immigration, qui a jugé ce mardi ce mode opératoire «particulièrement inopportun».

«Nous ne sommes pas du bétail»

Ce 28 août, apprenant la nouvelle, l'association «Solidarité avec les familles roumaines» n'en revient pas. «Immédiatement, le procédé nous a rappelé ceux de la dernière guerre», raconte Yves Bouyer, militant. Il soupire: «Ce n'est pas une façon de traiter des êtres humains». «Nous ne sommes pas du bétail», avait protesté un homme, contrôlé. L'opération consistait à porter à la connaissance du groupe de Bulgares et de Roumains, un arrêté préfectoral les obligeant à quitter le territoire dans le mois.

«Je n'ai jamais assité à des pratiques de ce genre», s'étonne, consterné, Yannick Danio, délégué national de l'union des syndicats de la police Unité-SGP FO. Pour lui, l'initiative du coup de tampon vient de l'interprétation à l'échelle locale d'une directive nationale. Et, en aucun cas, d'une méthode généralisée.

«Comme en boîte de nuit»

Du côté de la gendarmerie, la mesure ne choque pas outre mesure. «C'est comme en boîte de nuit», se défend un contact au sein de l'institution. «C'est une bonne façon de travailler, la méthode la plus simple et la plus rapide». Certainement pas «comparable» avec les numéros attribués aux juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Effectivement, il ne s'agit pas pas d'un marquage à vie, mais d'un tampon humide, lavable à l'eau.

Dans un contexte d'expulsions de sans-papiers, à travers lesquelles les associations qui les défendent comparent volontiers les arrestations à des «traques», Eric Besson a préféré s'offusquer, en publiant un communiqué, lundi. «Tout en approuvant l'objectif de l'opération, Eric Besson juge le procédé du tampon humide particulièrement inopportun concernant les opérations de contrôle visant des étrangers en situation irrégulière. Il s'est assuré auprès du Directeur général de la gendarmerie nationale que les consignes adéquates avaient été passées afin qu'il n'en soit plus fait usage dans ce cas». Dont acte. La capitaine Poupot, chargée de la communication à la gendarmerie nationale, assure que celle-ci va «s'exécuter», conformément aux voeux du ministre. Le tampon restera l'apanage des boîtes de nuit.

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