Les Norvégiens ont commencé a voter hier et continueront de se rendre aux urnes aujourd’hui pour élire leur parlement. Principal enjeu? Un meilleur Etat providence. La gauche, au pouvoir, et la droite sont au coude-à-coude.
La Norvège? Un royaume paisible de lacs, de forêts et de fjords majestueux, blotti au nord de l’Europe, avec ses 4,8 millions de sujets qui se disent parmi les plus heureux du monde. Les plus riches aussi, grâce à la manne pétrolière qui a transformé en trente ans ce pays de paysans et de pêcheurs en un eldorado européen très convoité.
Dans ce paysage de carte postale, presque idyllique, où tout respire le bon vivre, une partie de la population se plaint pourtant de ne pas profiter suffisamment de ses immenses richesses tirées de l’or noir, amassées depuis près de quinze ans par les gouvernements successifs dans «un bas de laine» qui ne cesse de grossir et qui contient près de 280 milliards d’euros.
Cette manne providentielle, investie un peu partout dans le monde sur les marchés boursiers, est destinée aux «périodes de vaches maigres», pour assurer l’avenir des générations futures, le jour où le filon de pétrole s’épuisera.
Campagne agressive
«Nous sommes riches, pourquoi ne vit-on pas mieux?» lit-on sur une affiche électorale à Oslo, à l’adresse du gouvernement travailliste de Jens Stoltenberg, qui règne depuis 2005 sur les destinées du royaume avec deux partis du centre et de gauche, et qui est accusé de parcimonie.
Certes, la coalition au pouvoir met en avant son bilan positif: la Norvège n’a pas beaucoup souffert de la crise internationale, grâce à ses pétrodollars. Mais en face, la droite, avec le Parti du progrès, une formation populiste menée par une femme charismatique, Siv Jensen, marque des points, cristallisant le mécontentement d’une frange de l’électorat qui réclame une plus grande part du gâteau pétrolier.
Entre 20 et 25% des électeurs sont prêts à voter pour «Siv» et son parti, la principale formation d’opposition, qui doit sa popularité à ses promesses de distribuer un peu plus les revenus de l’or noir, notamment aux personnes âgées, et de réduire les impôts élevés. Mais aussi et surtout à sa campagne contre «l’invasion des immigrés, des réfugiés (ndlr: environ 4% de la population) et de l’islamisme rampant».
Les partis de droite sont divisés
Quelque 18 000 demandeurs d’asile sont en effet attendus cette année en Norvège, un record qui suscite bien des mécontentements. Ce parti a ainsi proposé de transférer les réfugiés en Afrique, dans des camps gérés par Oslo – où leurs demandes seront traitées – et situés dans des pays qui reçoivent déjà l’aide norvégienne au développement, comme l’Ou-ganda et la Tanzanie. Mais c’est «l’islamisme rampant» qui fait vraiment gagner des points à cette formation populiste, qui aspire à faire partie d’un gouvernement de droite.
Sauf que les trois autres partis «bourgeois», notamment les libéraux, n’en veulent pas ou sont réticents, ce qui fragilise l’espoir de la droite de tenir les rênes du royaume. Car si, mathématiquement, elle dépasse souvent la gauche dans les sondages, elle est trop divisée. Ce qui pourrait assurer la survie de la coalition au pouvoir.
SLIM ALLAGUI OSLO pour 24 Heures
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