mardi 30 juin 2009
Ces familles déchirées par la politique restrictive des visas
Ces familles déchirées par la politique restrictive des visas
Paru le Mardi 30 Juin 2009TÉMOIGNAGE - Des vacances en Suisse pour voir sa famille? Quand on est ressortissant d'un pays du Sud, mieux vaut ne pas se faire d'illusions.
La déception a fait place à la colère. Pour la deuxième année consécutive, Sandrine Khalil s'est heurtée à l'intransigeance de Berne lorsqu'elle a voulu inviter sa belle-mère et l'une de ses belles-soeurs, de nationalité soudanaise, à passer quelques semaines en Suisse. A l'instar de dizaines de milliers de couples qui ont de la famille dans un pays non-occidental, Sandrine et son époux Mohamed sont victimes de la politique ultrarestrictive en matière de visas. Ecoeurés, ils ont décidé de témoigner pour dénoncer cette injustice. Mariés et établis à Genève depuis treize ans, Sandrine et Mohamed ne pensaient pas devoir affronter ce genre de problème. «En 1998 et en 2000, les deux premières demandes que nous avons faites – déjà pour ma belle-mère, ainsi que pour deux autres soeurs de mon mari – ont été acceptées sans souci. Les démarches ont été assez rapides», se souvient cette assistante sociale.
Non, c'est non!
Mais les choses ont pris une autre tournure l'an passé, quand les Khalil ont voulu faire venir Enas, âgée de 30 ans. Contre toute attente, la représentation helvétique de Khartoum oppose une fin de non-recevoir. Comme la loi l'y autorise, le couple demande alors à l'Office fédéral des migrations de se prononcer formellement. La réponse ne se fait pas attendre: elle est négative.
«L'ordre juridique suisse ne garantit aucun droit quant à l'entrée en Suisse ni quant à l'octroi d'un visa quand bien même le requérant remplirait toutes les conditions», rappelle ainsi l'Office fédéral des migrations (ODM) aux Khalil. La hantise de Berne, ce sont les touristes qui se transformeraient en clandestins une fois leur visa d'entrée expiré.
Aux yeux de l'ODM, le fait qu'Enas n'ait pas d'emploi fixe, ni de «liens familiaux étroits avec son pays d'origine» – elle est célibataire... – pourrait la conduire à prendre racine dans notre pays «dans l'espoir d'y trouver une meilleure situation que celle qu'elle connaît actuellement» au Soudan. Circonstance aggravante, la demande portait sur un séjour de trois mois, une longue durée qui «conforte l'ODM dans son appréciation du cas»...
Echaudés, mais pas résignés, Sandrine et Mohamed réitèrent les démarches l'hiver dernier, en prévision de la naissance de leur premier enfant, annoncée pour en mai 2009. «Agée, ma belle-mère ne peut pas voyager seule. Nous avons donc de nouveau invité Enas, un seul mois cette fois, pour l'accompagner en Suisse. Entre-temps, elle avait décroché un emploi fixe au Soudan comme comptable dans une multinationale. Nous pensions que sa nouvelle situation jouerait en sa faveur», explique Sandrine. Erreur: les autorités suisses mettent une seconde fois leur veto à ce projet de voyage.
Arbitraire
«La loi sur les étrangers est non seulement discriminatoire pour les ressortissants de pays non-occidentaux, mais elle porte aussi atteinte à notre liberté personnelle: on nous empêche d'accueillir temporairement des membres de notre famille», s'énerve Sandrine. En outre, l'arbitraire semble faire figure de règle: l'une des autres soeurs de Mohamed n'avait par exemple pas d'emploi quand elle a obtenu le précieux sésame, délivré qui plus est pour trois mois... «En fait, il y a toujours une bonne raison d'interdire l'entrée et elle change à chaque fois. Pourquoi faire croire aux gens qu'ils ont une chance?»
D'autant que la requête n'est gratuite pour personne. A Khartoum, l'émolument requis – environ 70 francs suisses – représente en gros un mois de salaire et n'est pas remboursé en cas de refus. A Genève, le couple Khalil doit notamment contracter une assurance-maladie, accident et rapatriement (250 francs mensuels par invitée) et garantir, en sus, la somme de 30 000 francs. Et dans les deux pays, les documents et attestations à fournir sont nombreux.
Avec leur fils âgé de dix semaines, Sandrine et Mohamed ont désormais d'autres soucis. Mais cette histoire leur reste en travers de la gorge. «J'ai pris des contacts auprès d'une association pour voir s'il est possible de faire quelque chose», assure la jeune maman. Qui, au-delà, du cas particulier, se dit écoeurée par la xénophobie dont est emprunte la politique suisse des migrations.
Requérants d'asile: succès des travaux d'utilité publique à Payerne
ATS | 30.06.2009 | 17:45
Les travaux d’utilité publique, un tremplin pour l’intégration en Suisse
A Payerne, trois requérants d’asile partagent leur quotidien avec les employés de la voirie et apportent une aide concrète à la collectivité. Un an après le lancement du projet, le bilan est positif autant pour la commune que pour les migrants.
"Avant, on me demandait juste de ramasser. Maintenant, j’apprends aussi à couper", se réjouit Cabdullahi Axmed Maxamed en maniant le râteau pour évacuer les restes d’une haie de charmilles près du Gymnase inter-cantonal de Payerne. Ce père de famille somalien, menuisier de formation et logé par l’EVAM à Yverdon, prend le train deux fois par semaine pour rejoindre le nord de la Broye avant 7 heures du matin. Il revêt alors la tenue orange des employés de la voirie, qu’il secondera jusqu’à 17 heures dans l’entretien des espaces verts. "C’est un bosseur, il ne s’est jamais plaint", assure Fabien Rossel, responsable des parcs et promenades.
Trois requérants d’asile sont ainsi engagés à Payerne pour des travaux d’utilité publique. Comme dans d’autres programmes d’occupation organisés par l’EVAM, ils doivent fournir 20 heures de travail par semaine contre une indemnité de 300 francs qui s’ajoute à leur assistance. Ce faible coût pour la commune n’en fait pas pour autant des auxiliaires de seconde zone : "J’ai vu des Suisses beaucoup plus lents que Maxa", poursuit le responsable des parcs et promenades.
Bientôt un CDD
Un autre participant, originaire de Serbie, suit en parallèle une formation en agronomie et connaît le nom latin de chaque plante, occasion d’échanges passionnés avec Fabien Rossel. Le troisième, un Angolais, travaille avec l’équipe de concierges chargés du nettoyage des zones publiques et bâtiments officiels : après une année de programme d’occupation, il sera engagé par la commune en contrat à durée déterminée pour un remplacement de quelques mois.
Un programme d’occupation atteint précisément ses objectifs quand il aboutit à un véritable emploi ou amorce une nouvelle étape dans le processus d’intégration : "Il faut qu’il y ait des débouchés, ça ne doit pas être de l’exploitation bon marché", souligne Kathrin Dobler, conseillère à la Cellule d’orientation de l’EVAM. Dans le cas du participant somalien, l’expérience à Payerne est une occasion de pratiquer le français, ce qui le motive maintenant à reprendre des cours pour se perfectionner : "J’en ai besoin, c’est important pour moi", assure-t-il.
Les regards ont changé...
"Il a fait beaucoup de progrès", constate pour sa part Mouldi Epars Ben Fadhila. Le coordinateur pour l’EVAM du programme d’occupation à Payerne note avec plaisir que ce type de mesure renforce non seulement les compétences pratiques et langagières des participants, mais également leur confiance en eux et leur familiarité avec le monde du travail suisse. "Dans le cas de Payerne, les autorités et les services concernés ont pleinement joué le jeu. Quant aux employés de la voirie, ils ont changé de regard sur les requérants d’asile, à force de les côtoyer", affirme Mouldi Epars Ben Fadhila. "Au début Maxa se mettait à l’écart pendant la pause, et les autres avaient un peu tendance à lui donner des ordres… Mais maintenant il n’y a plus de différence", confirme le responsable des parcs et promenades.
Un an après le démarrage du programme d’occupation à Payerne, les raisons de se réjouir ne manquent pas. La commune de la Broye se positionne comme vecteur et terrain de l’intégration socioprofessionnelle des migrants. Les participants au programme développent des liens avec leur nouvel environnement de vie et posent les premiers jalons en vue d’une future autonomie financière. Quant à l’EVAM, il remplit son rôle d’agent de cohésion sociale entre les migrants et la société d’accueil. Une belle réussite à saluer !
Etude française sur le délit de sale gueule
Le contrôle au faciès démontré par A + B
A Paris, un Noir ou un Maghrébin a plus de chance de se faire contrôler par la police qu'un Blanc. Pas vraiment surprenant mais une étude vient d'en faire la démonstration.
C.B.
«Contrôle au faciès», «délit de sale gueule», «profilage racial», quels que soient les termes que l'on préfère retenir, c'est une réalité en France. A grande échelle. Une étude menée par deux chercheurs du CNRS et rendue publique ce mardi vient apporter la démonstration scientifique de cet état de fait jusqu'alors ressenti mais non quantifié. Selon cette étude, un Noir a six fois plus de chances d'être contrôlé par la police qu'un Blanc, un Arabe (ou perçu comme tel) 7,8 fois plus.
Les chercheurs, Fabien Jobard et René Levy, dont l'étude a été financée par une fondation américaine, l'Open society institute(créée par le milliardaire Georges Soros) se sont concentrés sur les opérations de police menées entre octobre 2007 et mai 2008 dans deux espaces parisiens: à la gare du Nord et à Châtelet-les-halles.
«Les policiers perpétuent des stéréotypes»
L'observation s'est faite en deux temps. Première phase, des observateurs placés aux points d'accès de chacun des sites ont passé au crible les passants, en recensant plusieurs critères: âge, sexe, origine, vêtements, gros sac ou non (dans la perspective du plan vigipirate). Une fois définie cette «population de référence», les observateurs ont suivi les policiers pour scruter 525 contrôles, en relevant les mêmes critères.
Résultat: plus que sur les comportements des gens, les policiers se fondent sur l'apparence. La couleur de peau («Blanc», «Noir», «Arabe») mais aussi les vêtements, un jeune sous une capuche, habillé hip hop ou tecktonik ayant plus de chances d'être contrôlé puisque appartenenant souvent à une minorité visible.«En visant certaines personnes à cause de ce qu'elles sont (ou ont l'air d'être) et non à cause de ce qu'elles ont fait ou font, les policiers perpétuent des stéréotypes sociaux et raciaux»,constatent les auteurs.
«Perte de confiance»
Les observateurs ont également interrogé plusieurs personnes controlées pour savoir si elles avaient perçu du racisme dans l'intervention. Seules 3% ont déclaré avoir perçu un traitement raciste ou insultant. 76% ont émis un jugement neutre sur l'attitude des fonctionnaires, 6% ont considéré que les policiers s'étaient comportés de manière respectueuse.
Ce qui fait dire aux chercheurs que ce n'est finalement pas tant le contrôle en lui-même que son caractère répétitif qui est mal ressenti, conduisant à des «effets délétères» sur les rapports police-population et à la «perte de confiance envers le système de la justice pénale français».
L'Open society institute, qui a conduit plusieurs études dans différents pays sur cette question, émet des recommandations. Parmi elles, l'enregistrement par les patrouilles, à l'aide d'un formulaire, du profil racial des personnes contrôlées pour vérifier, a posteriori, l'impartialité des contrôles. Idée difficilement applicable en l'état dans le droit français et alors que les partisans des statistiques raciales ont bien du mal à s'imposer.
La Grèce se mobilise contre ses clandestins
Les immigrants clandestins d'Asie et d'Afrique transitent par la Turquie pour atteindre les îles grecques, leur nouvel Eldorado. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
Athènes décide de passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre l'immigration clandestine.
La Grèce se mobilise contre l'immigration clandestine. Pour la première fois, une réunion sur ce sujet brûlant a eu lieu entre les cinq partis politiques importants du pays. Il s'agissait d'informer l'ensemble de la classe politique du transfert des clandestins, établis dans les grandes villes comme Patras, Thessalonique et Athènes, vers des centres de rétention, anciens camps de l'armée.
De son côté, la police redouble d'efforts. Dernière mesure en date, l'octroi d'une «prime de départ de 1 000 euros et un billet d'avio » pour les immigrés acceptant de retourner volontairement dans leur pays d'origine. Et le ministre de l'Intérieur, Prokopis Pavlopoulos prévoit rapidement un nouveau renforcement des sanctions contre les passeurs arrêtés aux frontières et notamment sur les 7 500 km de côte.
Selon les chiffres de l'agence de l'Union européenne Frontex (frontières extérieures), la Grèce est le pays des Vingt-Sept qui est le plus concerné par l'immigration clandestine. Le nombre de personnes interceptées aux frontières atteint 146 337 en 2008.
«Des touristes effrayés»
Tous les ministres du gouvernement conservateur au pouvoir sont directement impliqués. La ministre des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a saisi l'occasion du sommet de l'OSCE à Corfou, ce dimanche, pour s'entretenir avec son homologue turc sur la question, sans aboutir à un accord, avec ce pays pourvoyeur. Pour sa part, le ministre grec du Tourisme, s'inquiète pour les plages du pays : «certains touristes sont effrayés de voir des immigrés près de leurs chaises longues, surtout qu'ils sont de plus en plus nombreux», confie Petros, un loueur de parasols sur une plage de Samos, à quelques encablures (850 mètres) des côtes turques.
C'est justement dans cette île que Jacques Barrot, était en visite ce lundi. Un déplacement «important» pour le vice-président de la Commission européenne, qui a fait part de son inquiétude face à la croissance exponentielle des flux migratoires en Grèce.
Pressions sur la Turquie
Après avoir visité un navire de patrouille Frontex et le centre de rétention de Samos, il dresse un constat alarmant : «La diplomatie, et notamment européenne n'a pas compris le fond du problème. On ne peut pas continuer à discuter avec la Turquie ou a l'aider financièrement à garder ses frontières Est si ce candidat à l'UE ne nous garantit pas l'application de l'accord de réadmission signé avec la Grèce.»
Par ailleurs, Jacques Barrot reste très «mécontent de l'octroi du droit d'asile en Grèce. Il est à moins de 1 % d'asile accordé par an. Il faut que la Grèce soit rapidement mieux équipée en fonctionnement administratif pour pouvoir attribuer l'asile à tout réfugier qui le demande».
Concentrées sur la rapidité d'application des mesures contre les migrants illégaux, les autorités grecques préfèrent reporter l'amélioration des formalités d'asile à l'automne, au grand dam des associations humanitaires qui prévoient un été difficile pour les immigrés Grèce.
Coffret de 3 DVD sur les luttes de sans-papiers
Notre ami Pierre Prouveze a réalisé 3 films à partir du travail du Rassemblement. Il a édité un coffret de 3 DVD.
Voilà ce qu’il nous en dit :
« Bonjour,
Pendant 3 ans j’ai suivi le Rassemblement des OUVRIERS SANS-PAPIERS, GENS D’ICI ET LEURS AMIS, à Toulouse. Voici un coffret de 3 DVD présentant
- en 1° OUVRIERS, GENS D’ICI ET LEURS AMIS, témoignages d’Ouvrières et Ouvriers Sans-Papiers par leurs paroles et ce qu’ils organisent (manifestations, Permanence Juridique Collective, Réunions...),
- en 2° Y’EN A MARRE, paroles et vie de Yazid et Djazira dans leur bataille pour la régularisation,
- et en 3° COURAGE ET CONFIANCE OU DES HEROS ORDINAIRES, paroles et parcours de beaucoup de sans-papiers qui se mettent debout contre la loi CESEDA (Code d’Entrée, de Séjour des Etrangers et du Droit d’Asile)...
Je pense que ça peut vous intéresser, ou intéresser certains de vos proches. Amicalement Pierre Prouveze »
Participation aux Frais : 20 € + 5 € d’envoi.
Bulletin de Participation aux Frais (à renvoyer à Pierre PROUVEZE Les Bougainvillées F 13012 MARSEILLE)
Nom :........................... Prénom :............
désire recevoir....... coffret.. OUVRIERS SANS-PAPIERS, GENS D’ICI et LEURS AMIS
je joins un chèque de ... x (20 €+5€) = ..... € à l’ordre de Pierre PROUVEZE et demande de le recevoir à l’adresse suivante : ................ .........
Pierre PROUVEZE Les Bougainvillées F 13012 MARSEILLE 0603829211
A la suite de l'agression de la CGT contre les sans-papiers
leur familles
Communiqué du Rassemblement des ouvriers sans-papiers, gens d'ici et
leurs amis
Quand la CGT et les CRS de Sarkozy/Hortefeux travaillent ensemble pour
chasser et persécuter les ouvriers sans-papiers et leurs familles.
De quoi cette collaboration et cette violence sont-elles significatives
pour tout le monde ?
Que dire ? Que faire ?
1) Le mercredi 24/06, une cinquantaine de militants de la CGT entrent
dans la Bourse du Travail à Paris et en chassent violemment (avec gaz et
coups de bâtons) les sans-papiers qui y sont depuis plusieurs mois. Plus
de 10 cars de CRS sont immédiatement présents sur les lieux,
n'interviennent pas et regardent. Dans un communiqué, la CGT déclare
"avoir libéré la bourse du travail". Les autres syndicats se taisent.
2) Depuis 1 an, la CGT s'est servi du désespoir de certains ouvriers
sans-papiers pour les embringuer derrière un mensonge : "le gouvernement
régularise si tu as un contrat de travail, c'est prévu dans la loi".
Mensonge qui a mis des centaines d'ouvriers dans les mains d'un comité
tri-partite : les préfectures, les patrons et la CGT. L'ouvrier n'existe
plus, sa parole n'apparaît plus : il attend d'être choisi et élu ou non
par ce comité ! "L'immigration choisie et non subie" si chère à Sarkozy
et à sa bande a trouvé un relais supplémentaire pour son application,
ainsi qu'un soutien et un rempart pour la loi CESEDA, loi de non-droits
et de persécution à l'encontre des ouvriers, étudiants, malades, exilés
étrangers qui vivent ici.
3) Avec ces comités tri-partite, Hortefeux et la CGT ont inventé et mis
en place la première organisation de la politique sarkozyste, hors UMP.
La CGT s'est chargée d'organiser la séparation et la division des
ouvriers sans-papiers par l'abaissement du chacun pour soi et par la
peur face à la loi. Puis par le maniement de la matraque et des gaz pour
le faire accepter aux récalcitrants. Ils affirment ainsi que ce sont eux
(préfecture de police, patrons et CGT) qui choisissent pour la vie des
autres, pas question que les gens eux-mêmes, ceux concernés, aient leur
mot à dire !
4) Le message est clair : tout doit se faire et se décider dans le cadre
de l'état et de ses organisations (partis, syndicats, institutions…).
Les gens n'ont pas à s'organiser eux-mêmes, à penser, à décider ! C'est
pour cela que la CGT essaie depuis plus d'un an de détruire les
collectifs d'ouvriers sans-papiers qui s'affrontent courageusement à la
loi CESEDA et à ses conséquences sur la vie des gens (déni de droits,
persécution, humiliation, expulsion…).
5) Nos propositions sont tout aussi claires :
- à nous, ceux qui le veulent et le décident, de continuer la bataille
pour tous, pour les droits pour tous, pour le respect de chaque habitant
de ce pays. Ce travail, c'est entre nous qu'il faut le mener, pas avec
l'état et ses organisations comme la CGT !
- Faisons exister, dans les faits, la France comme le pays de tous ceux
qui y sont, qui y vivent !
- Gagnons l'abrogation de la loi CESEDA !
- Il n'y a pas à choisir le "bon" ouvrier, le "bon" étudiant, le "bon"
malade, le "bon" citoyen...nous sommes ici, ensemble.
- Faisons une politique de paix et d'amitié entre les habitants du pays
! Il faut les droits pour tous et le respect !
Le Rassemblement des ouvriers sans-papiers, gens d'ici et leurs amis
Toulouse, le 26/06/2009
Liens : http://ouvriersgensdici.free.fr/spip.php?article157
------------------------------------------------------------------------
Des nouvelles et des mises au point des sans papiers évacués de la
Bourse du travail :
vendredi 26 juin 2009
Polémique en Suède autour des expulsions d'étrangers
AUCUNE PREUVE
Les accusations de la police ont provoqué une forte polémique entre les deux administrations, car l'Agence des migrations a pris la défense de ses employés. "Nous n'avons reçu aucune preuve, explique sa porte-parole, Louise Utter. Il est vrai que nous avons des employés politiquement actifs, mais ce n'est pas interdit." Plus d'une trentaine de demandeurs d'asile sont actuellement en attente d'être expulsés à Kallered, l'un des cinq centres de Suède. La plupart viennent d'Irak. "Il y a parfois des gens qui s'échappent, mais aucune preuve que quelqu'un les aide à fuir, poursuit Louise Utter. Un centre de rétention n'est pas une prison et ces demandeurs d'asile expulsables ne sont pas des criminels." Directeur du centre incriminé, Raoul Fogelberg est outré des déclarations de la police. "Certains policiers peuvent peut-être ressentir une certaine frustration quand des demandeurs d'asile s'échappent ou quand ils estiment avoir du mal à faire leur travail, mais, nous, nous ne travaillons pas comme la police. Certains de ces réfugiés sont restés longtemps chez nous et quand il s'agit en plus de groupes importants, comme c'est le cas des Irakiens en ce moment, cela crée plus de tension."
Depuis environ deux ans, la Suède expulse de nombreux Irakiens après en avoir accueilli beaucoup. Il y a eu récemment plusieurs manifestations devant le centre de Kallered pour protester contre ces expulsions. La police tente de minimiser l'affaire. "L'enquête préliminaire de la police vis-à-vis des employés de l'Agence des migrations est classée pour l'instant", souligne Klas Friberg, directeur adjoint de la police dans la région du Västergötland.
Le groupe AFA, qui est dans le collimateur de la SÄPO depuis sa création en 1993, a, ces dernières années, commis plusieurs attaques matérielles contre des locaux de l'Agence des migrations pour protester contre des décisions d'expulsion. Mais outre l'AFA, connue pour employer parfois des méthodes violentes, des réseaux s'organisent de plus en plus partout en Suède pour s'opposer à la politique du gouvernement suédois qui procède à davantage d'expulsions ces derniers mois.
jeudi 25 juin 2009
Les sans-papiers expulsés campent sur le trottoir
«Maintenant, ce sera les CRS ou les papiers»
Evacués de force mercredi de la Bourse du travail à Paris par la CGT qui voulait récupérer ses locaux, 200 travailleurs en situation irrégulière campent sur le trottoir.
CORDÉLIA BONAL
Jeudi devant la Bourse du travail, dans le IIIe arrondissement à Paris. (CB)
Un semblant de calme est revenu autour de la Bourse du travail ce jeudi à Paris, après la violente évacuation la veille des occupants par le service d'ordre de la CGT. Les sans-papiers délogés, au nombre de 200 environ, ont passé la nuit sur le bout de trottoir où ils ont échoué avec matelas et couvertures, et ne comptent pas en bouger pour le moment.
Ce matin, personne n'est parti travailler, tous s'en tiennent au mot d'ordre: ne pas bouger tant que les demandes de régularisations déposées par le collectif (750 dossiers déposés à ce jour à la préfecture, 1200 au ministère) n'avanceront pas. En attendant, on s'organise, sous l'œil de quelques policiers. Des chaises, réchauds, radios ont rejoints le fatras de sacs et matelas. Voisins et associations passent discuter, dire leur colère, distribuer pain et bouteilles d'eau. Sur le trottoir d'en face, quelques cafetiers ouvrent l'accès à leurs toilettes.
Travailleurs isolés en situation irrégulière, originaires d'Afrique pour la grande majorité, les occupants avaient investi il y a 14 mois la Bourse du travail, bâtiment appartenant à la ville de Paris mais géré par plusieurs syndicats, dont la CGT. L'occupation avait été décidée après le refus par la préfecture de police de Paris de recevoir 1.000 dossiers que le collectif, la CSP 75 (coordination de sans-papiers) voulait voir traiter, la préfecture renvoyant vers la CGT.
«Bandits»
«On est en France depuis des années, on travaille, on cotise, nos grands-parents se sont battus pour la France», énumère Keita, intérimaire dans le bâtiment grâce à de faux papiers, comme beaucoup ici. «Alors on ne bougera pas de ce trottoir. Maintenant, ce sera les CRS ou les papiers.»
Depuis hier, les deux accès au bâtiment sont bloqués: grilles baissées côté boulevard, porte close côté rue, qui s'ouvre de temps à autre pour laisser passer une poignée de responsables syndicaux venus reprendre possession des locaux. Entre le collectif de sans-papiers et les membres de la CGT, on évite soigneusement tout contact.
«La CGT ? C'est des bandits!», s'insurge Keita. Même colère chez Anzoumane Sissoko, délégué du collectif, la CSP 75: «Nous ne voulons plus avoir affaire à eux. Après ce qu'ils nous ont fait hier, venir comme ça nous taper et nous asperger de gaz lacrymogène, ça suffit comme ça.» Au lendemain de l'évacuation, Sissoko compte les absents: «six blessés» et «quatre interpellés». Chiffres qui n'ont pas été confirmés ce jeudi par la préfecture.
«Violence injustifiable»
Après l'épisode violent de la veille, associations et partis ont condamné, plus ou moins fermement, la décision de la CGT, syndicat qui se pose par ailleurs régulièrement en intermédiaire pour le dépôt de dossiers de régularisations de travailleurs. Pour France Terre d'asile, «la CGT, avec cette intervention, qu’elle l’ait souhaité ou non, indique clairement qu’elle change de logiciel en se recentrant sur sa "clientèle" habituelle. Nous devons veiller collectivement (...) à ne pas laisser la division et le rejet de l’autre se propager».
Le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) «dénonce la brutalité de la CGT et demande au gouvernement des actions concrètes pour faciliter une sortie de crise de manière plus humaine», tandis que les Verts s'élèvent contre une «violence injustifiable».
Droit au logement, qui s'était «désolidarisé de l'occupation de la Bourse par les sans papiers motivée par des considérations peu crédibles», dénonce néanmoins la méthode, «expéditive».L’illusion sécuritaire
Pour les nationalistes, les lois sur l’asile et sur les étrangers ne seront jamais assez sévères ni assez punitives
Pour les nationalistes, les lois sur l’asile et sur les étrangers ne seront jamais assez sévères ni assez punitives. Depuis vingt ans, l’UDC prend rituellement pour cible les requérants d’asile et, plus largement, les étrangers. Ce pilonnage a lourdement conditionné la politique suisse. Certes, aucune des initiatives lancées par l’UDC n’a trouvé de majorité populaire. En revanche, la pression ainsi exercée a contaminé le gouvernement et le parlement, qui ont donné plusieurs tours de vis aux lois existantes. Ce durcissement constant des conditions d’accueil et des procédures finit par paraître raisonnable par contraste avec les projets extrêmes de l’UDC. Il rassure une opinion publique méfiante et sensible aux abus réels ou supposés commis par une minorité des étrangers.
Pourtant, sur le terrain de l’immigration non désirée, peu de choses ont changé. Les tours de vis successifs sont vécus par les administrations comme l’expression d’une impuissance à maîtriser un problème complexe qui ne se résume pas à l’enjeu des abus.
Il n’en ira pas différemment avec les nouveaux projets visant le renvoi des «étrangers criminels». Quelques faits divers choquants ont amené l’UDC à sortir l’artillerie lourde, bien que l’expulsion des étrangers délinquants soit déjà possible et pratiquée. Il est juste que la règle du renvoi s’applique très diversement sur le territoire helvétique, fédéralisme oblige. Le gouvernement s’engouffre dans la brèche. Il propose un tour de vis et demi là où l’UDC en réclame deux. Son contre-projet reprend largement les mesures préconisées par l’UDC, tout en veillant à dresser deux ou trois garde-fous. Scénario classique.
Les étrangers sont avertis: le respect de l’Etat de droit est une condition pour vivre en Suisse; aucun écart grave ne sera pardonné. Bien, mais quid du service après-vente? La majorité des renvois souhaités seront impraticables, comme c’est déjà le cas aujourd’hui. On s’agite beaucoup pour faire croire que le pays deviendra plus sûr, mais la réalité se chargera de calmer les esprits.
Le tour de vis du Conseil fédéral
La presse helvétique commente la réponse du gouvernement à l’initiative de l’UDC sur le renvoi des délinquants étrangers
Pour le gouvernement, les étrangers qui commettent un délit grave passible d’une peine d’un an de prison au moins doivent être renvoyés. «Le Conseil fédéral a en effet décidé de durcir le ton», explique 24 Heures. «On se rappelle qu’une initiative des démocrates du centre demandant leur expulsion automatique avait recueilli 210’000 signatures. Le gouvernement avait alors proposé un contre-projet prévoyant le renvoi des étrangers condamnés à plus de deux ans de prison. La procédure de consultation a [donc] révélé une véritable volonté de serrer la vis.»
Ce que le quotidien vaudois interprète ainsi: «La pression de l’UDC a marché. Du moins pour l’instant.» Et de constater que «le message est très clair: le gouvernement agit» et «essaie de couper l’herbe sous les pieds de l’UDC». Mais sur le terrain? «Les exécutions de renvois s’avèrent […] très compliquées et les cantons, chargés de cette mission, en savent quelque chose.» 24 Heures énumère les obstacles dans son éditorial: la nécessité de connaître la nationalité, le comportement du pays d’origine, les accords de réadmission, le prix des vols spéciaux de rapatriement, pour en conclure qu’«au final, le gouvernement peut bien hausser le ton. Dans de nombreux cas, sa voix ne portera pas bien loin.»
Pourtant, «cela ne suffit pas au parti agrarien», écrit Le Nouvelliste. Même si, «conscient de l’écho que suscite cette discussion au sein de l’opinion publique, [le Conseil fédéral] a […] durci son projet initial». Si Eveline Widmer-Schlumpf dit que la solution «est un catalogue de fait, puisque toutes les infractions entraînant plus d’un an de prison figurent dans le Code pénal, les autorités conserveront cependant une marge d’appréciation», relève le quotidien valaisan. Et c’est précisément là que le bât blesse: pour l’UDC, ce contre-projet est «un exercice alibi qui ne changera guère la pratique actuelle».
Le Conseil fédéral veut «dribbler l’UDC», titre pour sa part Le Courrier. Le quotidien de gauche genevois résume: «Pour un an de prison, ce sera l’exil». Samedi dernier, il écrivait déjà, en élargissant le propos au droit d’asile et à la vision que la Confédération a de la problématique des étrangers en Suisse, qu’en janvier 2009, «un an jour pour jour après l’entrée en vigueur du énième durcissement de la loi sur l’asile, la conseillère fédérale Eveline Widmer-Schlumpf communiquait son intention de donner un tour de vis supplémentaire. L’objectif était clairement énoncé: il s’agit de «diminuer l’attractivité» du pays, point final. Cette révision en préparation n’aura bien entendu aucune incidence sur les flux migratoires en direction de notre pays. Ses effets devraient en revanche pénaliser des catégories de réfugiés qui auraient le plus besoin d’une protection, selon les spécialistes. Comme les réformes précédentes, elle ne fera donc que grossir les rangs des recalés de l’asile, ces laissés-pour-compte contraints de survivre avec, au mieux, quelques francs par jour dans l’un des Etats les plus opulents de la planète.»
Lire la Page suivante
La CGT expulse les sans-papiers!
24/06/2009 à 17h27 (mise à jour à 18h31)
«Ils sont rentrés et ont balancé les lacrymo»
http://www.liberation.fr/societe/06011055-descente-cgt-sans-papiersREPORTAGE + VIDÉO
La CGT évacue des sans-papiers par la forcehttp://www.dailymotion.com/video/x9ob88_la-cgt-evacue-des-sanspapiers-par-l_news
Un commando de gros-bras a délogé ce mercredi les travailleurs sans-papiers de la Bourse du travail, à Paris, à coups de gaz lacrymo. Des CRS ? Non, la CGT.
Matelas sous le bras, sacs et couvertures à la main, ils sont sortis un à un, sous le regard des CRS. Sur le trottoir, bordé par des dizaines de fourgons de police et de cars de CRS, des femmes pleurent, en état de choc.
Après 14 mois passés à vivre jour et nuit dans les locaux de la Bourse du travail à Paris, les occupants de ce grand bâtiment situé à deux pas de la place de la République se sont retrouvés à la rue ce midi, évacués de force.
Africains en situation irrégulière, ils étaient autour de 400 à 500 à y vivre en permanence et près de 1200 à y venir par intermittence. Qui a mené l'évacuation ? La situation était d'abord confuse, cet après-midi. Tandis que nombre de témoins accusaient la police, les sans-papiers évacués désignaient la CGT, qui aurait envoyé son service d'ordre faire le sale boulot.
Scénario que le syndicat a fini par reconnaître quelques heures plus tard: «Après avoir essayé en vain de négocier pendant des mois, nous avons décidé de mettre un terme à une occupation qui était devenue un squatt (...) et ce sans faire appel aux forces de l'ordre», justifie Patrick Picard, secrétaire général de l’Union départementale de Paris.
Pourquoi un syndicat qui monte régulièrement au créneau sur la question des travailleurs sans-papiers a-t-il délogé... des travailleurs sans-papiers ? La CGT, qui dispose du bâtiment, en co-gestion avec la CFDT, FO, la CFE-CGC, l'Unsa et Solidaires, voulait d'abord récupérer son lieu de travail. Ensuite, le syndicat entretient depuis le début des relations tendues avec ces sans-papiers, pour la plupart travailleurs isolés, employés dans le nettoyage ou la sécurité, qui se sont rassemblés dans un collectif autonome, la CSP 75 (coordination des sans-papiers), sans jamais vouloir se rapprocher de la CGT pour les demandes de régularisation.
«Bonbonnes de lacrymo»
Après plusieurs semaines de menaces, la CGT a donc envoyé ce matin «quelques dizaines de militants», qui n'ont pas fait les choses à moitié. Les témoins — occupants, passants ou commerçants — décrivent tous la même scène, très brutale: vers 12h30, alors que le gros des occupants était, comme chaque mercredi, parti manifester place du Châtelet pour réclamer des régularisations, une trentaine de gros bras «au crâne rasé», brassard orange au bras, ont débarqué armés de «bâtons» et de «bonbonnes de lacrymo», le visage protégé par des masques et des «lunettes de piscine».
«Ils ont remonté la rue en rang, arrivés à la porte de la Bourse du travail ils ont crié "On y va! on y va!", ils sont rentrés dans le bâtiment et ont balancé les lacrymo», raconte Nicolas qui remontait la rue à ce moment là et a appelé la police, comme d'autres. Une jeune fille, Nadia, dit aussi avoir vu «une vraie milice. Leurs bâtons, c'étaient des planches». D'autres parlent de «commando», de «chaises qui volaient», montrent les vitres cassées.
Sous le choc, Konté, un occupant qui ce matin n'était pas parti à la manifestation, justement pour garder le bâtiment, raconte: «Ils savaient qu'on est peu nombreux le mercredi. On était dans la cour quand ils sont arrivés, ils nous ont lancé tellement de gaz qu'on a dû sortir, on n'a pas eu le choix.» La police est arrivée «dix minutes plus tard» mais sans rentrer dans le bâtiment, faute, explique-t-on, de réquisition du propriétaire, en l'occurrence la mairie de Paris. Les policiers seront rejoints par les CRS, tandis que les pompiers évacuent plusieurs blessés légers.
«Milice»
Sur le boulevard, les passant s'échauffent: «ratonnade», «nettoyage», «Sarkozy assassin»... Certains jurent reconnaître parmi les policiers en civil présents les mêmes qui ont forcé le bâtiment une demi-heure plus tôt. Deux jeunes filles affirment que des policiers en civil étaient déjà là quand la «milice» a débarqué et se parlaient entre eux avec leur talkie. Bientôt la rumeur court: ce serait la police qui aurait mené une opération coup de poing pour pouvoir ensuite faire évacuer le lieux.
Dans les rangs de la police, on ne nie pas avoir eu des hommes présents «comme chaque mercredi, pour encadrer la manifestation» mais on se défend d'avoir participé à l'évacuation, menée «par le service d'ordre de la CGT et uniquement par lui».
En fin d'après-midi, les sans-papiers achevaient d'amasser leurs affaires sur le trottoir, sans savoir où ils allaient passer la nuit. Impossible pour l'heure de réoccuper le bâtiment, toujours bloqué par la police.
CORDÉLIA BONAL (texte) et EMILIEN CANCET (images)
Le Conseil fédéral durcit son projet de loi sur les criminels étrangers
Le gouvernement entend renvoyer les criminels étrangers ayant commis des infractions passibles de 1 an de prison. Le contre-projet a été durci pour répondre à l’initiative populaire de l’UDC. Un article de Xavier Alonso dans 24 Heures.
«Notre projet respecte la proportionnalité, et donc la Constitution. Tout comme il respecte aussi le droit international.» Eveline Widmer-Schlumpf a dû répondre hier plusieurs fois à la même question: quelle différence existe-t-il entre son contre-projet et l’initiative populaire de l’UDC?
Les démocrates du centre exigent en effet que tous les délinquants étrangers soient automatiquement expulsés. Leur initiative a été rendue célèbre par la campagne qui mettait en scène des moutons noirs boutés hors du drapeau suisse par des moutons immaculés. L’UDC avait alors récolté 210 000 signatures, au lieu des 100 000 nécessaires.
Mais le gouvernement rejette le texte, arguant qu’il ne respecte pas la Constitution et le droit international en introduisant l’automatisme de la sanction.
Pression du Parti libéral-radical
Il propose donc un contre- projet. Dans une première mouture, présentée en janvier dernier, il prévoyait de renvoyer les étrangers ayant commis une infraction passible de 2 ans de prison. Hier, après la mise en consultation, il a, notamment sous la pression du Parti libéral-radical, durci le ton. La nouvelle version propose de révoquer les autorisations de séjour – en clair expulser – des délinquants étrangers en cas d’infraction pénale grave (viol, meurtre). Et cela, dès une peine de prison d’au moins 1 an. «Ce n’est pas plus sévère, note la ministre de Justice et police, mais plus clair.»
Différences entre cantons
Pas pour l’UDC. Le parti a d’emblée dénoncé un «pur exercice alibi, qui ne change guère la pratique actuelle». De leur côté, l’Office des migrations (ODM) et le Parti socialiste estiment que la loi actuelle est suffisante… lorsqu’elle est appliquée. Car, dans les faits, la marge d’appréciation des justices cantonales dessine des sanctions à géométrie variable d'une région à l’autre. Ainsi, par exemple, en 2008, le canton de Vaud a expulsé nonante délinquants étrangers alors que Genève seulement quinze. Le tour de vis du Conseil fédéral se situe donc d’abord dans cette «unification de la pratique des cantons», a expliqué la conseillère fédérale grisonne.
Expulsions impossibles sans accords de réadmission
«Ce contre-projet consacre la pratique vaudoise», a réaffirmé Philippe Leuba, le ministre de la Justice d’un canton de Vaud qui passe pour le bon élève en la matière. Le libéral rappelle également que les «expulsions ne sont exécutées qu'une fois la peine purgée».
Reste un problème qui ne trouve de réponse ni dans le texte de l’initiative UDC ni dans celui du Conseil fédéral: lorsqu’il n’y a pas d’accords de réadmission, la politique peut décréter des expulsions, mais elle ne peut les exécuter. En clair, on ne se débarrasse pas d’un criminel étranger si son pays d’origine ne veut pas le reprendre. C’est le cas pour de nombreux pays d’Afrique centrale. «L’impossibilité pratique d’expulser n’est pas une raison pour baisser les bras, et motiver le laxisme, conclut Philippe Leuba. Mais le Conseil fédéral doit redoubler ses efforts en ce sens.»
Les Roms victimes de racisme à Belfast
La violence continue contre les émigrés roumains en Irlande du Nord. L‘église dans laquelle certains d’entre eux avaient trouvé refuge suite à des attaques racistes à leur domicile a été la cible de jets de pierre qui ont endommagé les ouvertures de l‘édifice. Ces actions qui se sont amplifiées la semaine dernière sont jugées inquiétantes par le Vice-Premier Ministre nord-irlandais… Martin Mac Guiness se demande si les jeunes ne sont pas entrain d’imiter ce qui se passe en Angleterre ou le scrutin européen a vu une nette progression du parti nationaliste britannique considéré comme raciste.
«Nous, Africains, devons prendre notre intégration en mains»
L’Association africaine du Chablais incite les migrants à jouer un rôle actif dans la société qui les accueille. Une approche qui se veut novatrice en Suisse, selon son président.
© Mathieu Rod | Tazuila Emery, président de l’Association africaine du Chablais.
«Ce nom bien valaisan, je ne sais pas comment mon père l’a eu !» Il était peut-être écrit que Tazuila Emery s’établirait en Suisse. Venu du Congo, il fut requérant d’asile. Vingt-huit ans plus tard, ce fidèle employé du site chimique de Monthey préside l’Association africaine du Chablais, forte de plus de 200 membres, baptisée Baobab. « Un arbre de légende dans toute l’Afrique, sous lequel se règlent beaucoup de problèmes de société. Un lieu d’échange et de paix. »
«Nous, Africains, devons prendre notre intégration en mains»
«Nous, Africains, devons prendre notre intégration en mains»
Publié par 24 heures (http://www.24heures.ch)
ASILE | L’Association africaine du Chablais incite les migrants à jouer un rôle actif dans la société qui les accueille. Une approche qui se veut novatrice en Suisse, selon son président.
Patrick Monay | 24.06.2009 | 14:13
«Ce nom bien valaisan, je ne sais pas comment mon père l’a eu !» Il était peut-être écrit que Tazuila Emery s’établirait en Suisse. Venu du Congo, il fut requérant d’asile. Vingt-huit ans plus tard, ce fidèle employé du site chimique de Monthey préside l’Association africaine du Chablais, forte de plus de 200 membres, baptisée Baobab. « Un arbre de légende dans toute l’Afrique, sous lequel se règlent beaucoup de problèmes de société. Un lieu d’échange et de paix. »
- Pourquoi avoir fondé cette association, il y a deux ans ?
- Pour enfin devenir acteurs dans la société. Pendant un quart de siècle, beaucoup d’entre nous sont venus en Suisse avec l’intention de rentrer au pays. C’était mon cas. Or, cette attitude conduit à être attentiste, à rester simple observateur. Cela a beaucoup pesé sur notre communauté, notamment en ce qui concerne l’intégration des enfants. C’est comme si l’Africain était resté devant la porte d’une maison, sans jamais frapper. Désormais, ici dans la Chablais, nous avons décidé de frapper à la porte. De prendre nos responsabilités. C’est une rupture totale.
- Comment ?
- Prenez l’éducation. Un comité, au sein de Baobab, est chargé de mener une réflexion et de faire des propositions aux autorités, afin d’éliminer les blocages culturels. Nous souhaitons disposer d’un local où les devoirs des enfants seraient pris en charge, avec la contribution des grands frères. Ce centre doit devenir, en quelque sorte, notre nouvelle « place du Marché ». Un endroit où créer le débat avec les autochtones, de façon plus ouverte que dans nos églises et nos boutiques africaines.
- Vous ambitionnez aussi de fonctionner comme une passerelle pour les migrants africains. De quelle façon ?
- Comme nous avons l’avantage de parler les mêmes langues ou dialectes que les nouveaux arrivants, nous pouvons, d’entente avec les autorités locales, faciliter leur accueil. Actuellement, les requérants d’asile sont marginalisés dès le départ. Au plan psychologique, c’est néfaste. Nous pouvons contribuer à changer cela en leur expliquant des choses très concrètes, comme le fonctionnement des institutions ou la gestion des déchets, mais aussi en les mettant en contact avec des familles suisses. Ce sont des mesures que nous pouvons mettre en place dès demain, si l’on nous ouvre la porte.
- A quels obstacles vous heurtez-vous ?
- Aux préjugés, principalement. De par notre couleur de peau, nous sommes une minorité très visible. Bien plus que les Italiens ou les Portugais avant nous… Nous pouvons comprendre la méfiance que cela peut faire naître au départ. Mais nous voulons combattre les idées reçues et les généralisations.
- Comme celle concernant les dealers…
- C’est une réalité que nous ne pouvons ignorer. Mais il s’agit d’une infime minorité d’entre nous. La preuve que rester dans la marge est dangereux… En travaillant sur l’intégration active, nous voulons immédiatement faire entrer les gens dans la légalité.
- Quels sont les premiers échos de vos efforts ?
- Très positifs. Certains Africains étaient réticents au départ. Aujourd’hui, tout le monde est enthousiaste. Et nous avons d’excellents contacts avec les autorités, en particulier la commune de Monthey. Nous avons beaucoup à apporter à la société. L’objectif, c’est de créer un déclic. Espérons que notre démarche sera reprise ailleurs en Suisse.
>> L’Association africaine du Chablais organise samedi 27 juin une «soirée de l’amitié » à Monthey (salle de la Gare). Dès 18h, cuisine africaine, danse et musique avec, entre autres artistes, Vincent Zanetti. Entrée libre.
VOS COMMENTAIRES