Durant toute la journée, les forces de l’ordre ont traqué ces clandestins du bitume. Bilan, 26 personnes arrêtées qui se sont opposées à leur expulsion. Un article signé Thierry Mertenat dans 24 Heures.
Quatre fourgons de police tournent en ville de Genève ce jeudi matin. Ils remontent les boulevards à petite vitesse, s’arrêtent, repartent. Un déploiement inhabituel un jour sans manifestation, sans trouble apparent sur la voie publique. Mais pas sans mendiants. C’est à eux justement que s’intéressent les trente gendarmes engagés dans cette opération. Du flagrant délit de mendicité, dans une ville, Genève, où ce «métier» au ras du bitume est désormais interdit.
Contrôle de routine d’abord, puis transfert vers le nouvel hôtel de police pour des auditions, selon les directives fixées en accord avec le Département des institutions et son patron, Laurent Moutinot. Au total, 26 personnes se retrouvent en salle de rétention, 14 hommes, 7 femmes et 5 enfants. Ils viennent tous du même pays, la Roumanie, et sont pris en charge par quatre traducteurs-interprètes qui leur rappellent, dans leur langue, que mendier est contraire à la loi à Genève, qu’ils ne peuvent séjourner sur le territoire suisse sans moyens de subsistance.
Pas des délinquants
En poche, ils n’ont que quelques francs, une pièce d’identité, un titre de transport (souvent un aller simple en car depuis chez eux), ainsi que cette carte de séjour du pauvre où sont inscrites les nuitées à l’abri des Vollandes. «Je suis arrivée il y a une semaine, explique cette mère de famille. J’ai sept enfants.» Trois sont avec elle à Genève, quatre en France dans des villes dont elle ignore le nom.
Ces bouts d’existences nomades restent invérifiables. Cela, la police le sait bien. Alors, à quoi bon cette opération inédite dans les moyens et les effectifs utilisés? «On reçoit régulièrement des doléances à propos de ces gens. Ils ont été déclarés en contravention à plusieurs reprises, commente le premier lieutenant Claude Pahud. On leur adresse un signe clair: ils ne remplissent pas les conditions pour être en Suisse. Leur présence est indésirable. Pour autant, ce ne sont pas des délinquants. On ne peut pas les mettre dans un avion et les renvoyer en Roumanie.»
Dans un avion, non, mais dans un car, oui. Il a attendu hier jusqu’à la nuit avant que sa course ne soit annulée. Un bus de 40 places avait en effet été mis à disposition par l’Etat pour permettre à ceux qui le souhaitaient de faire gratuitement le voyage du retour. Seulement voilà, les Roumains n’en ont pas voulu.
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