Le gouvernement de Silvio Berlusconi a durci le ton contre les étrangers en situation illégale. Au Tessin, des magistrats et des politiciens s’attendent donc à ce que ces clandestins remontent vers le Nord. Ils appellent Berne à l’aide.
Pendant ce temps, sur le terrain, c’est le calme plat.
Un article d'Antonio Civile pour 24 Heures.
Le tour de vis décrété contre les étrangers en situation illégale en Italie fait craindre à certains magistrats tessinois une infiltration massive de personnes enclines à la délinquance. Le député au Grand Conseil Lorenzo Quadri a interpellé le Conseil d’Etat tessinois. A lui de faire pression sur la Confédération pour qu’elle renforce le corps des gardes-frontière au Tessin.
Silvio Berlusconi va-t-il étendre son influence jusqu’en Suisse? Depuis que le Cavaliere a repris la présidence du gouvernement italien et qu’il a serré la vis contre les étrangers illégaux, le Tessin se met à craindre une invasion de clandestins et de nomades en provenance d’Italie. Les Roms ne sont pas explicitement nommés. Mais ils sont les premiers visés.
C’est la magistrature cantonale qui a sonné l’alarme. «Les étrangers chassés d’Italie prendront la route du Nord pour arriver sous nos latitudes», prédit le procureur Antonio Perugini, qui craint pour la sécurité au Tessin. «La clandestinité est en effet l’antichambre de la criminalité organisée. De nombreux clandestins et requérants d’asile finissent en prison. Tant qu’ils sont en prison, ils sont neutralisés. Mais à l’extérieur, il y a de très nombreuses autres personnes dans la même situation. Raison pour laquelle il faut traiter le problème en amont. Sinon, notre territoire va finir comme les faubourgs de Rome, Milan et Turin et de tous les grands centres italiens», lance le magistrat, d’obédience PDC.
La Lega saute sur l’occasion
Prompte à thématiser tout ce qui touche à l’immigration, la Lega (droite populiste) s’est tout de suite emparée du sujet. «Les gardes-frontière souffrent d’une sous-dotation en personnel, dénonce ainsi le député au Grand Conseil Lorenzo Quadri. Et de son côté, la police communale de Chiasso n’a pas les moyens de faire face à des situations qui dépassent la gestion courante.» Politiciens et juges regardent maintenant en direction de la Berne fédérale. «Elle a fait les choses à moitié en laissant aux cantons le soin d’endiguer un phénomène incontrôlable à leur niveau administratif et opérationnel, dénonce le procureur Antonio Perugini. Pendant ce temps, ces étrangers clandestins posent des problèmes en augmentation constante et préoccupante, qu’ils vendent de la drogue, qu’ils commettent des vols ou qu’ils voyagent en train sans billets. Et sitôt relâchés, ils recommencent à commettre des délits, ce qui engendre un sentiment de frustration chez les juges et les policiers.» Lorenzo Quadri a, de son côté, interpellé le Conseil d’Etat tessinois: à lui de faire pression sur la Confédération pour qu’elle renforce le corps des gardes-frontière au Tessin.
Cent fois moins de cas qu’il y a dix ans
Pendant ce temps, sur le terrain, la situation reste calme et Piergiorgio Fornera, commandant ad interim des gardesfrontière de l’arrondissement du Tessin, ne s’attend à aucun afflux massif d’étrangers ces prochaines semaines. «A chaque durcissement de la loi italienne ces dernières années, on a craint une augmentation de la pression migratoire à la frontière. Or l’augmentation des entrées illégales en Suisse dépend moins de la politique italienne que de la situation internationale. A titre de comparaison, l’an passé, nous avons interpellé 590 clandestins, soit moins de deux par jour. Or, en 1997-1998, pendant la crise des Balkans, nous interceptions quotidiennement 200 personnes.»
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