SOUTIEN - Le collectif genevois organise demain une journée axée sur la situation des jeunes sans statut légal. Interview de la coordinatrice Sophie de Rivaz.
Depuis quelques semaines, la France assiste à un regain de mobilisation en faveur des travailleurs sans papiers. Certains patrons se sont associés au mouvement exigeant la régularisation de milliers de personnes. Des actions comparables se déroulent également en Grande-Bretagne. Et la Suisse? Après le mouvement amorcé au début de la décennie et les espoirs soulevés par l'ex-conseillère fédérale Ruth Metzler, la question a quasiment disparu de l'agenda politique. Genève attend toujours le déblocage de sa demande portant sur 5500 permis pour des employés sans statut légal du secteur de l'économie domestique.
Pour tenter de raviver la flamme, le Collectif de soutien aux sans-papiers –réunissant une quarantaine d'associations, de syndicats et de partis genevois– organise demain une journée de solidarité (lire ci-dessous). Le thème: «Jeunes sans-papiers: interdits de futur?». Le point avec Sophie de Rivaz, coordinatrice du collectif.
Où en est le dossier des travailleurs sans statut légal au niveau politique?
Sophie de Rivaz: Au point mort. Tout a été totalement bloqué durant la législature où Christoph Blocher tenait les rênes du Département de justice et police. Nous verrons prochainement si le message passe mieux avec Eveline Widmer-Sclumpf. Sous l'angle local, le vote des Genevois en faveur de la nouvelle législation sur les étrangers, en septembre 2006, a constitué un sale coup. Rappelons que l'impossibilité pour les ressortissants de pays hors-Union européenne de s'établir en Suisse est maintenant ancrée dans la loi. Ces dispositions existaient certes déjà mais elles figuraient dans une ordonnance. Un non des électeurs genevois aurait apporté une crédibilité supplémentaire au canton dans ses démarches pour obtenir les 5500 permis qu'il réclame depuis trois ans dans le secteur de l'économie domestique.
Avez-vous toujours des contacts avec le Conseil d'Etat?
Oui, nous allons régulièrement les voir. Notre dernière rencontre a eu lieu en début d'année. Reste que Genève est bien seul sur ce thème.
Si la démarche des autorités genevoises peut être qualifiée de minimaliste, elle demeure effectivement exceptionnelle au plan national.
Notre espoir est qu'au moins un autre grand canton suive le mouvement, par exemple Bâle ou Berne. Le plus intéressant serait bien sûr Zurich, vu sa taille et son poids économique. Mais c'est actuellement politiquement irréaliste: le poids de l'UDC y est bien trop important.
Le maire de Genève, Patrice Mugny, s'est beaucoup engagé en faveur des sans-papiers durant cette année. Qu'en pensez-vous?
On reste évidemment dans le domaine symbolique. Mais il est très positif de voir le maire d'une grande ville suisse se profiler sur ce sujet. D'un point de vue genevois, ça passe pour une chose normale. Mais quand on discute avec des collègues alémaniques, par exemple, on se rend compte que ce genre d'engagement n'est pas très courant.
Le mouvement de solidarité avec les sans-papiers avait acquis une grande visibilité au début des années 2000. Quelle est la situation actuelle?
Nous avons l'intention de multiplier les actions de sensibilisation en direction du grand public. Si les militants et certaines personnalités n'ont pas cessé de travailler, le mouvement n'a pas la force et le dynamisme qu'il a pu avoir il y a quelques années. Une nouvelle structure va se créer au plan suisse le mois prochain. L'idée est d'entreprendre un lobbying sur la problématique des mineurs sans-papiers. La Suisse ne respecte pas certaines dispositions de la Convention de l'ONU relative aux droits de l'enfant. Notamment sous l'angle de l'accès à l'école – tous les cantons ne sont pas aussi libéraux que Genève – et à l'apprentissage. Ou encore sur la question de l'enfermement des requérants d'asile mineurs déboutés.
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