samedi 26 avril 2008

L’Autriche régularise ces «Anges de l’Est» qui s’occupent des retraités

Elles sont près de 40 000. Sans statut légal, elles s’occupent pourtant 24 h sur 24 des personnes âgées dépendantes. Et leur nombre ne cesse de croître. Un article de Gustavo Kuhn avec l'AFP dans 24 Heures.

anges de l'Est

Les retraités dépendants autrichiens font très souvent appel à des Européennes de l’Est (Keystone)


Genève en a rêvé, l’Autriche le fait. Notre voisin oriental s’est en effet lancé dans un proces­sus de régularisation de quel­que 40 000 sans-papiers. Com­plètement dépassé par le nom­bre de retraités dépendants, qui a doublé en quinze ans, Vienne a décidé d’offrir un statut légal aux Européennes de l’Est qui travaillent comme aides à do­micile dans la clandestinité.
Main-d’oeuvre bon marché, disponibles à toute heure du jour et de la nuit, réputées compétents et fiables, celles qui sont surnommées les «anges de l’Est» ont jusqu’à la fin du mois de juin pour se déclarer aux autorités afin de bénéficier d’un permis de séjour en règle et de protections sociales, couvertes par des subventions et un abat­tement fiscal. Elles pourront ainsi légalement continuer de s’occuper des 400 000 person­nes âgées autrichiennes néces­sitant une assistance – sur une population totale de 8,3 mil­lions d’habitants. Un chiffre qui devrait encore être multiplié par deux au cours des vingt prochaines années.
Soutien populaire

Du coup, la population sou­tient à 70% les régularisations. «Il n’y avait quasi aucune autre possibilité de disposer légale­ment d’une assistance à domi­cile 24 h sur 24. Le marché avait résolu le problème dans l’illégalité, et c’est une bonne chose que cette situation soit régularisée», a déclaré Werner Kerschbaum, secrétaire général adjoint de la Croix-Rouge autri­chienne, qui aide les personnes concernées à accomplir les dé­marches.
Dumping salarial

Les syndicats, par contre, ont protesté: la nouvelle législation abaisse de facto le revenu ho­raire à 2 euros. «Ce système a le mérite d’offrir un début de solu­tion à un vrai besoin. Mais il est clair qu’il ne fonctionne que grâce à l’importante différence de revenus entre l’Autriche et ses voisins de l’Est», analyse Walter Marschitz, de l’associa­tion d’aide sociale Hilfswerk.
Reste que, pour l’heure, seu­les 4300 aides à domicile, se sont déclarées. «La procédure reste relativement compliquée, surtout pour des gens qui sor­tent d’une situation d’illégalité et qui ne maîtrisent pas parfai­tement la langue. Mais les de­mandes de régularisation vont sans aucun doute se multiplier ces prochaines semaines», es­time Walter Marschitz.

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