Caritas et la Croix-Rouge gèrent dans l'urgence les arrivées des réfugiés et s'inquiètent d'une situation qui empire. Pétange en est le dernier exemple.
Même si c'est le gouvernement qui gère les conteneurs de Pétange, les deux associations connaissent le problème sur le bout des doigts et insistent pour que soit enfin menée au Luxembourg une gestion durable du problème du logement des demandeurs d'asile.
Les conditions de vie terribles des Roms réfugiés à Pétange que nous avons soulignées dans Le Quotidien de vendredi n'est que le dernier maillon d'une chaîne. Celui sur lequel se répercute tous les dysfonctionnements de l'administration en amont. C'est ce qui ressort des constats effectués par Yves Schmidt (Caritas) et Nadine Conrady (Croix-Rouge), tous deux spécialistes de la question de l'accueil des demandeurs d'asile.
«Il faut compter en moyenne une centaine d'arrivants par semaine», annonce Nadine Conrady. Problème: les structures d'accueil sont complètement saturées. La place manque, au point que l'on tombe dans l'absurde: «Nous avons des conteneurs qui sont bien équipés, mais on ne peut pas s'en servir parce que l'on n'a pas de terrains où les mettre», précise-t-elle.
C'est le sens de l'appel commun de la ministre de la Famille, Marie-José Jacobs (qui gère les logements pour les demandeurs d'asile), et des organisations comme la Croix-Rouge et Caritas, il y a quelques semaines déjà. Depuis, pas grand-chose n'a bougé. «Le gouvernement aurait pourtant le droit de réquisitionner des locaux ou des terrains, mais il ne le fait pas. Pourquoi?», questionne Yves Schmidt. «Dans ce dossier, tout le monde a l'air plus frileux que l'hiver...», regrette-t-il.
«On touche à la dignité des personnes»
La Croix-Rouge possède trois centres permanents et un provisoire, qui sont tous complets. Caritas aussi fait le maximum : «Notre centre de 50 places est plein et nous avons réquisitionné un autre de nos bâtiments pour y installer des familles. Nous sommes prêts à installer des conteneurs dans notre cour, mais il faudrait maintenir trouver une solution durable. Les arrivées de demandeurs d'asile ne s'arrêteront pas demain», relève Yves Schmidt.
Actuellement, des bases de scouts (comme à Liefrange) et des centres de vacances sont occupés par les réfugiés. «Ce ne sont que des solutions à court terme qui camouflent plus qu'elles ne résolvent le problème», selon Yves Schmidt.
Au foyer de premier accueil de la Croix-Rouge Don Bosco, à Luxembourg, par où passent tous les nouveaux venus, on sature: «Nous avons logé jusqu'à 290 personnes, alors que nous n'avons que 150places... On ne peut pas faire plus. Nous avons atteint nos limites au niveau de l'hébergement, de l'accueil et de l'encadrement.»
Et malgré ce taux d'occupation au- delà du raisonnable, nombreux sont ceux qui, à Pétange, regrettaient d'avoir été envoyés dans le Sud... «Si on pense qu'en accueillant mal les gens, ça les fera repartir, on touche le problème de la dignité de la personne et là, c'est très grave», s'indigne Yves Schmidt.
Ce qu'il espère, c'est que des travailleurs sociaux pourront accompagner davantage les demandeurs d'asile perdus dans un environnement inconnu. Ce serait d'autant plus indispensable que le taux d'illettrisme est important chez les Roms. «Si un de nos éducateurs veut passer, il faut qu'il demande l'autorisation au ministère puisque les gardes des sociétés privées, qui sont payés par le gouvernement, ont pour consigne de ne pas laisser entrer de personnes extérieures.»
Ces deux acteurs de l'accueil d'urgence des réfugiés pointent le même problème essentiel: le gouvernement est dans la réaction, pas dans l'action. Et à force d'user de mesures provisoires, on repousse le seuil critique sans amener de véritables réponses à un problème national.
Erwan Nonet dans le Quotidien (Luxembourg)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire