La présidente de la Confédération s’est rendue hier dans le complexe de Dadaab, au Kenya, qui accueille 380 000 Somaliens.
La Suisse est «très préoccupée et touchée» par la terrible sécheresse qui frappe la Corne de l’Afrique. Micheline Calmy-Rey a visité hier les camps de réfugiés de Dadaab, au Kenya. «La présidente a été très émue en voyant la souffrance de ces personnes», affirme Lars Knuchel, chef d’Information du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). «Pour elle, c’était très important de rencontrer directement ces gens et ceux qui s’en occupent. Elle a aussi pu voir d’elle-même l’engagement de la Suisse, et évaluer ce que notre pays peut encore apporter.» Micheline Calmy-Rey est le premier chef d’Etat occidental à se rendre dans la région depuis le début de la crise.
Le complexe de Dadaab, situé à 80 kilomètres de la frontière somalienne, est le plus grand camp de réfugiés du monde. Il accueille plus de 380 000 personnes chassées de Somalie par la guerre civile et la sécheresse. Dadaab a notamment vu une impressionnante augmentation des arrivées de réfugiés à partir du mois de juin. Le complexe enregistre aujourd’hui 1300 nouveaux venus par jour. Une affluence qui a mis à mal la capacité d’accueil des humanitaires.
Léger mieux
«Cela va un peu mieux maintenant, notamment au niveau de la distribution d’eau et de nourriture, affirme Antoine Froidevaux, coordinateur de Médecins sans frontières Suisse (MSF) au camp de Dagahaley, à Dadaab. Il y a eu une prise de conscience de la gravité de la situation. Mais nous sommes toujours confrontés à de nombreux problèmes. Les taux de malnutrition sont alarmants et d’importantes difficultés subsistent dans l’enregistrement des réfugiés qui continuent d’arriver.» «La population ne cesse de croître et il n’y a aucune perspective pour que cela s’arrête», a assuré William Spindler, du Haut-Commissariat pour les réfugiés.
Car si la communauté internationale a enfin commencé à se mobiliser pour venir en aide aux populations de la Corne de l’Afrique, la sécheresse et la guerre civile qui ravagent la Somalie ne faiblissent pas. Les Nations Unies ont ainsi déclaré hier trois nouvelles régions en état de famine. L’ONU a aussi averti que la famine risque de s’étendre à l’ensemble du sud du pays d’ici peu.
D’autant que les difficultés d’accès aux populations touchées par la famine, notamment dans les zones sous contrôle des insurgés shebab, laissent peu d’espoirs d’observer une amélioration de la situation. «La communauté internationale est en train d’être dépassée par une crise qui échappe à tout contrôle», estime Elise Ford, de l’ONG Oxfam. Pour elle, «la question est de savoir si les bailleurs de fonds sont capables d’agir de façon urgente et de transformer les dons en actions concrètes pour sauver des vies».
La conférence de donateurs qui devait avoir lieu mardi prochain a cependant été reportée d’au moins deux semaines.
Gustavo Kuhn
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