vendredi 25 février 2011

Un problème à affronter, «aussi déplaisant soit-il»

Philippe Leuba a exhorté le district de Nyon de trouver des solutions pour accueillir et occuper les requérants.

Voilà deux ans que Nyon a été contrainte d’ouvrir en urgence un abri de protection civile pour accueillir des requérants d’asile. C’était à l’époque la seule solution pour répondre aux sollicitations du canton auprès d’une région qui ne participait plus, depuis quelques années, à l’effort d’hébergement réclamé à toute commune vaudoise de plus de 2000 habitants. Hier, lors de l’assemblée des syndics du district de Nyon, le conseiller d’Etat Philippe Leuba est revenu à la charge pour qu’ils assument une répartition plus équitable des requérants sur le territoire cantonal.

«Je vous appelle franchement à collaborer, et vous assure qu’on tiendra compte du ratio entre le nombre d’habitants et les places attribuées», a-t-il rappelé. Ce d’autant plus que le canton, qui se doit déjà d’accueillir 8,4% des 16 000 demandes d’asile faites par année en Suisse, risque un afflux supplémentaire de réfugiés avec les conséquences du printemps du Maghreb. «Je sais les craintes et les problèmes que suscite l’accueil de requérants, que votre région connaît une pénurie de logements. Mais il y a des communes qui pourraient faire de l’hébergement et qui ne jouent pas le jeu. Il faut affronter le problème, aussi déplaisant soit-il», a plaidé le conseiller d’Etat, en souhaitant que la région mette la même détermination à accueillir les requérants qu’elle a mis pour accueillir… le siège de l’UEFA.

Dézoner? Illusoire!

Bien sûr, les pontes du football, eux, ne trafiquent pas de la drogue. Alors que la région planche depuis dix ans sur diverses solutions pour offrir un modèle d’accueil, les craintes qui ont surgi autour d’un abri nyonnais surpeuplé et ne réunissant que des hommes, dont certains dealent ouvertement dans la rue, n’encouragent pas les initiatives. Il y en a une pourtant, mais qui se heurte à une fin de non-recevoir. «J’ai proposé le bâtiment délaissé par Radio Suisse, qui appartient à la Confédération. Mais on me dit qu’une dérogation n’est pas possible sur un terrain agricole», a déploré le syndic de Prangins, Hans Rudolf Kappeler, en se demandant si le canton ne pouvait pas faire une exception. Dézoner pour accueillir des réfugiés? Ce serait une procédure interminable et non équitable vis-à-vis des nombreux propriétaires qui demandent des déclassements de terrain, a rappelé le conseiller d’Etat. «Penser qu’à court terme un terrain agricole puisse accueillir des requérants est une illusion. Ce n’est pas réaliste, il me faut une solution demain», a martelé Philippe Leuba. Bravache, il s’est dit prêt à écrire à la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga pour voir si un régime d’exception était possible.

Occuper les requérants

En attendant, le directeur de l’EVAM, Pierre Imhof, a appelé les communes à offrir des programmes d’occupation pour les requérants qui sont hébergés à Nyon. A l’exemple de ce que fait Vallorbe, seule commune romande qui s’est vu imposer un centre d’enregistrement de réfugiés. Son syndic, Stéphane Costantini, est venu expliquer sans complaisance les problèmes de cohabitation qu’il génère, mais aussi les travaux d’utilité publique que sa commune peut confier à des requérants, notamment dans ses forêts. A la sortie de la séance, quatre syndics au moins se sont approchés de M. Leuba en se disant prêts à accueillir ou à occuper des migrants.

Madeleine Schürch dans 24 Heures


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