lundi 28 février 2011

Inquiétudes à Berne

Simonetta Sommaruga et Johann Schneider-Ammann préparent des solutions pour les semaines à venir.

La vague de révolte dans les pays arabes inquiète Simonetta Sommaruga et Johann Schneider-Ammann. La ministre de la Justice table sur la collaboration européenne pour maîtriser un éventuel afflux de réfugiés. Pour l'heure, personne ne peut prévoir l'importance de la vague.

Selon la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, les conséquences de la révolte en Libye et de son lot de réfugiés vers l'Europe restent totalement inconnues. De même, on ne peut évaluer pour l'heure la taille d'une éventuelle vague de migrants, a-t-elle déclaré samedi à la radio alémanique DRS.

Il n'y a toutefois pas lieu de paniquer, a souligné la plus haute responsable de l'asile en Suisse. La Confédération doit aider à gérer les suites des turbulences dans le monde arabe et pour ce faire, il s'agit de collaborer avec les Etats de l'Union européenne. Mme Sommaruga a ajouté qu'on ne saurait utiliser ces réfugiés comme thème de campagne électorale et a appelé les partis à la retenue.

L'Office des migrations est prêt

En cas d'arrivée très importante de réfugiés, la Suisse serait dans une situation d'urgence absolue, souligne la vice-directrice de l'Office fédéral des migrations (ODM) Eveline Gugger Bruckdorfer: il faudrait alors recourir temporairement à des installations de la protection civile.

La Confédération peut gérer actuellement 1200 demandes de requérants d'asile par mois, pour lesquels elle dispose de places. Ces demandes peuvent être traitées rapidement. Cette infrastructure peut être étendue à 1800 places au maximum, précise Eveline Gugger Bruckdorfer dans une interview au journal dominical «Sonntag». Il sera difficile d'aller au-delà en cas d'afflux plus important. «Nous nécessiterions alors des bâtiments dont nous ne disposons pas actuellement. Mais nous cherchons des solutions. Au final, il appartient aux cantons de développer leurs structures».  Or ceux-ci se montrent réticents depuis des semaines.

La présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police Karin Keller-Sutter rappelle dans la presse alémanique de dimanche que la Confédération doit refouler immédiatement les réfugiés économiques tunisiens, sans les transférer aux cantons.

Pas d'armée aux frontières

Dans «Le Matin Dimanche», le chef du Corps des gardes-frontières Jürg Noth explique qu'en cas d'afflux massif, il peut s'imaginer une aide de l'armée pour la surveillance aérienne ou une aide logistique. Il est toutefois hors de question de placer des soldats de milice aux frontières.

Un soutien est également possible à travers les organisations partenaires des pays voisins, sur la base des accords policiers et douaniers bilatéraux. Ceci pourrait se faire avec l'Allemagne et la France afin de dégager des moyens pour les régions où il y a un manque de personnel, comme au Tessin, explique Jürg Noth.

Quant au ministre de l'Economie, Johann Schneider-Ammann, il a annoncé samedi dans la «Berner Zeitung» qu'au vu des contestations actuelles, les demandes d'exportation d'armes vers le monde arabe sont examinées avec beaucoup de prudence. Pour l'instant, aucune requête n'a été déposée par un pays arabe.

Pas de durcissement

Le conseiller fédéral PLR renonce à un durcissement des règles pour les exportations d'armes et de munitions. Les directives ont été renforcées il y a trois ans déjà: depuis, armes et munitions ne sont plus livrées à des pays qui enfreignent systématiquement et de manière grave les droits humains, a-t-il rappelé. Pour cette raison, les exportations d'armes sont interdites vers l'Arabie saoudite. En 2010, la Suisse a pourtant encore livré du matériel de guerre d'une valeur de 132,6 millions de francs vers Riyad: mais il s'est agi d'un système de défense anti-aérienne dont l'exportation avait été autorisée en 2006. Johann Schneider-Amman espère une rapide stabilisation dans les pays en révolte. Afin d'y parvenir, il n'exclut pas une aide extérieure à l'économie. Il juge intéressante l'idée d'une sorte de plan Marshall - un programme de reconstruction économique - mais, selon lui, elle est irréaliste et ne se fera «certainement pas avec la Suisse dans les premiers rangs».

Le Nouvelliste

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