Les policiers avaient retrouvé 34 900 francs au domicile d’un jeune guinéen en 2005.
Suite à un signalement de La Poste, la police fait une descente au domicile d’un requérant d’asile guinéen. Sur place, elle trouve 31 900 fr. et 2000 € scotchés dans un magazine. Imperturbable, le jeune homme affirme que cet argent provient de ses économies. L’argent est séquestré et l’homme accusé de blanchiment d’argent. On est en septembre 2005.
Jugé une première fois au Tribunal d’arrondissement de Lausanne, il est acquitté. Recours du ministère public et nouveau jugement, mercredi à Yverdon.
Comment un requérant d’asile africain, arrivé en Suisse en 2002, peut économiser 35 000 francs en moins de trois ans? Qu’en est-il des traces de cocaïne que la police a trouvées dans le studio du jeune homme? Selon le Tribunal, ces traces peuvent très bien émaner de ses compatriotes qui venaient lui rendre visite dans un immeuble loué par l’ex-Fareas. La Cour a également établi qu’entre février 2003 (premier salaire) et septembre 2005, il restait, après déductions des charges incompressibles, quelque 1500 francs par mois à cet aide-cuisinier. Et l’homme vit seul, ne fume pas, ne boit pas et sort peu. Le bénévolat dans une structure lausannoise lui permettait d’avoir un «repas gratuit». La police signale que des vêtements de luxe ont été retrouvés chez lui? Il réplique qu’ils proviennent de magasins de seconde main, «à moins de dix francs». Des requérants d’asile refusent des tâches rétribuées comme le nettoyage des toilettes? Il saute sur l’occasion!
Les témoins ont tous corroboré ses affirmations. «Ce jeune homme très attachant connaît toutes les combines pour dépenser le moins d’argent possible.» Ainsi, pour s’approvisionner en viande, il allait aux… abattoirs. «Trop économe, oui, mais malhonnête, non», ont-ils résumé. Parfois, il recevait aussi de l’argent d’un couple qui l’avait pris sous sa protection.
Et gare à celui qui doit de l’argent à ce Harpagon dont l’avarice n’a d’égale que la ténacité. «Il est venu plusieurs semaines réclamer 13 francs qu’il estimait qu’on lui devait», a rappelé une employée de l’ex-Fareas. «Son attitude, a justifié Me Alix de Courten, s’explique par son parcours de vie. Mais c’est faire un malheureux parallèle que de l’accuser de blanchiment d’argent. Lui restituer son argent, c’est lui restituer sa dignité. Et pour cela, il faut reconnaître son innocence.»
L’avocate sera entendue par Françoise Dessaux, la présidente du Tribunal. «Mais, lancera-t-elle à l’endroit du jeune Africain, il ne faudra pas m’appeler pour me reprocher que vous avez perdu au change avec vos 2000 euros par rapport au cours en vigueur en septembre 2005.»
A. P. N. dans 24 Heures
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