mardi 7 avril 2009

Clandestins: Tripoli, invité à coopérer avec l'UE, demande des contreparties

BRUXELLES - La Commission européenne a demandé mardi à la Libye une coopération plus étroite pour lutter contre les embarquements d'immigrants clandestins, mais les contreparties réclamées par Tripoli posent problèmes, a souligné le commissaire à la Sécurité Jacques Barrot.

"La Libye a demandé des financements et des moyens logistiques pour surveiller sa frontière sud", a expliqué M. Barrot à l'AFP à l'issue d'une rencontre à Bruxelles avec l'ambassadeur de Libye, Ahmed Hadeiba Alhadi. "Mais répondre à ces demandes est très difficile. Il n'est ainsi pas certain que les pays africains acceptent l'alimentation d'un fonds pour les problèmes liés à l'immigration via le Fonds européen au développement", a-t-il souligné. "Je veux rouvrir le dialogue avec la Libye et je veux aller au fond des choses", a-t-il néanmoins affirmé.

M. Barrot n'a pas exclu un déplacement en Libye. "Je veux voir comment intéresser les Libyens à un certain nombre d'actions efficaces", a-t-il insisté. "Il faut arrêter les passeurs", a-t-il affirmé. "J'ai également dit que nous étions prêts à les aider pour éviter les naufrages, mais que ce qui impliquait une coopération étroite avec Frontex", l'agence européenne chargée des frontières extérieures de l'UE, a ajouté le commissaire. "J'ai noté leur engagement pour des patrouilles conjointes avec l'Italie à la mi-mai, et c'est un point positif, parce que cela peut permettre d'éviter des catastrophes humaines", a-t-il souligné.

"Mais le problème devient que faire des personnes sauvées. Où les emmener?", a-t-il demandé. "Il nous faut des accords de réadmission avec la Libye, mais les Libyens nous disent que ces personnes viennent d'autres pays d'Afrique avec qui ils n'ont pas d'accords et donc qu'ils ne peuvent les renvoyer", a-t-il précisé. "Les autorités libyennes ont pris la mesure du problème. Ils estiment à près de 2 millions les candidats à l'immigration vers l'Europe présents sur leur territoire", a-t-il indiqué.

Environ 80% clandestins qui tentent une traversée de la Méditerranée vers l'Europe entrent en Libye par le Niger, avait indiqué la semaine dernière le ministre libyen de l'Intérieur Abdelfattah Younis Al-Obeidi. Fin mars, le naufrage d'une embarcation de fortune au large de la Libye à fait au moins 21 morts et plus de 200 disparus, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM), qui a fait état de "départs massifs" d'immigrants depuis les côtes libyennes. La plupart tentent de rallier l'Italie ou sont dirigés sur Malte. Près de 37.000 candidats à l'immigration sont arrivés sur les côtes italiennes en 2008, un chiffre en hausse de 75% par rapport à 2007, selon le ministère italien de l'Intérieur.

Les difficultés rencontrées par l'Italie, Malte et l'Espagne, trois pays du sud de l'Europe en première ligne face à l'immigration clandestine, ont été une nouvelle fois évoquées lundi lors d'une réunion des ministres de l'Interieur de l'UE à Luxembourg. "Nous devons placer la dimension migratoire au centre de tous nos accords avec les pays tiers, notamment les pays d'origine", a affirmé Jacques Barrot. "Nous ne pouvons pas accueillir toute l'Afrique en Europe. Ce ne serait pas possible et ce ne serait pas bon pour l'Afrique", a-t-il souligné.

(©AFP / 07 avril 2009 17h43)

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