Les bains publics zurichois autorisent le port du burqini, un maillot de bain intégral pour musulmanes. Or, le parti d’extrême droite des Démocrates suisses veut l’interdire. Un article de Monique Keller pour 24 Heures.
Dans les eaux zurichoises, certaines femmes se baignent habillées de pied en cap. Elles ne sont ni plongeuses ni adeptes du triathlon, mais simplement musulmanes. Leur maillot d’un genre nouveau s’appelle le burqini, un croisement entre le bikini sexy et la stricte burqa. Il s’agit d’un ensemble deux pièces en Lycra, constitué d’un leggings couvrant les jambes jusqu’aux chevilles et d’un sweat-shirt à longues manches orné d’un capuchon enveloppant les cheveux ainsi que d’une jupette pour protéger les courbes féminines du regard masculin.
Le burqini n’est pas nouveau. Il a débarqué dans les bains publics zurichois, il y a trois ans. Mais depuis peu, des panneaux à l’entrée des piscines rendent les baigneuses attentives au fait que le port du vêtement est officiellement accepté, selon le nouveau règlement. «Pour des raisons d’hygiène nous ne tolérons pas que les femmes se baignent toutes habillées, le burqini représente donc pour elles une alternative intéressante», souligne Peter Hediger du service des bains et piscines zurichoises.
Pudeur «provocante»
Tous ne sont pas de cet avis. Pour le parti des Démocrates suisses (DS), «les burqinis ne sont pas hygiéniques et constituent une provocation de la part de migrants qui ne veulent pas s’adapter aux moeurs et usages locaux», écrivent-ils dans une motion. Pour ces raisons, les parlementaires d’extrême droite demandent à la ville de Zurich d’interdire leur port dans les bains des bords de la Limmat.
A la tête du Département des sports, on se montre plutôt étonnés par cette réaction. «L’argument de l’hygiène ne tient pas, réfute Peter Hediger. Le burqini est aussi hygiénique que n’importe quel autre maillot de bain puisqu’il est constitué du même tissu.» Pour lui, interdire le burqini reviendrait à proscrire dans la foulée les néoprènes utilisés par les plongeurs et les triathlètes. «La polémique autour du burqini est un faux problème, poursuit Peter Hediger. Depuis qu’il est apparu à Zurich, il y a trois ans, nous n’avons jamais eu de plainte de la part des clients.» Sur les bords de la Limmat, les adeptes du fameux maillot intégral ne seraient qu’une demi- douzaine. Une goutte d’eau face aux 1,7 million de baigneurs qui fréquentent chaque année la vingtaine d’installations de la ville.
Lausanne et Genève intéressés
En Suisse romande, le burqini n’a pas (encore) fait son apparition. «Jusqu’ici, personne ne s’est présenté avec ce type de maillot», atteste Christian Barascud, gérant des piscines et patinoires lausannoises. S’il admet ne pas avoir été confronté à l’objet, il se montre plutôt intéressé. «Le règlement exige que les baigneurs adoptent un maillot approprié à leur sexe. Ensuite, nous nous adaptons à la demande, car les choses évoluent. » Les maillots de compétition, notamment, sont de plus en plus longs pour permettre une meilleure glisse. «Tant qu’il est en Lycra, ce type de maillot est accepté», précise Christian Barascud. Selon lui, le burqini pourrait donc avoir ses chances dans les piscines lausannoises.
Car à Lausanne, comme à Genève, les personnes qui demandent à pouvoir se baigner toutes habillées ne sont pas rares. «Nous avons énormément de problème à la caisse avec les femmes musulmanes, confie une réceptionniste caissière de la piscine des Vernets. Elles ne veulent souvent pas comprendre que pour des raisons d’hygiène, elles doivent se mettre en maillot.» Et pour cause! «Au contact des vêtements de ville, l’eau des bassins se transforme rapidement en bouillon de culture», confirme Christian Barascud.
Une baigneuse musulmane et son maillot deux-pièces.
«Les burqinis ne sont pas hygiéniques et constituent
une provocation de la part de migrants qui ne veulent
pas s’adapter aux moeurs et usages locaux»,
estiment les Démocrates suisses.
ZWOLLE, PAYS-BAS, FÉVRIER 2008
EPA
«Les burqinis ne sont pas hygiéniques et constituent
une provocation de la part de migrants qui ne veulent
pas s’adapter aux moeurs et usages locaux»,
estiment les Démocrates suisses.
ZWOLLE, PAYS-BAS, FÉVRIER 2008
EPA
Dans les eaux zurichoises, certaines femmes se baignent habillées de pied en cap. Elles ne sont ni plongeuses ni adeptes du triathlon, mais simplement musulmanes. Leur maillot d’un genre nouveau s’appelle le burqini, un croisement entre le bikini sexy et la stricte burqa. Il s’agit d’un ensemble deux pièces en Lycra, constitué d’un leggings couvrant les jambes jusqu’aux chevilles et d’un sweat-shirt à longues manches orné d’un capuchon enveloppant les cheveux ainsi que d’une jupette pour protéger les courbes féminines du regard masculin.
Le burqini n’est pas nouveau. Il a débarqué dans les bains publics zurichois, il y a trois ans. Mais depuis peu, des panneaux à l’entrée des piscines rendent les baigneuses attentives au fait que le port du vêtement est officiellement accepté, selon le nouveau règlement. «Pour des raisons d’hygiène nous ne tolérons pas que les femmes se baignent toutes habillées, le burqini représente donc pour elles une alternative intéressante», souligne Peter Hediger du service des bains et piscines zurichoises.
Pudeur «provocante»
Tous ne sont pas de cet avis. Pour le parti des Démocrates suisses (DS), «les burqinis ne sont pas hygiéniques et constituent une provocation de la part de migrants qui ne veulent pas s’adapter aux moeurs et usages locaux», écrivent-ils dans une motion. Pour ces raisons, les parlementaires d’extrême droite demandent à la ville de Zurich d’interdire leur port dans les bains des bords de la Limmat.
A la tête du Département des sports, on se montre plutôt étonnés par cette réaction. «L’argument de l’hygiène ne tient pas, réfute Peter Hediger. Le burqini est aussi hygiénique que n’importe quel autre maillot de bain puisqu’il est constitué du même tissu.» Pour lui, interdire le burqini reviendrait à proscrire dans la foulée les néoprènes utilisés par les plongeurs et les triathlètes. «La polémique autour du burqini est un faux problème, poursuit Peter Hediger. Depuis qu’il est apparu à Zurich, il y a trois ans, nous n’avons jamais eu de plainte de la part des clients.» Sur les bords de la Limmat, les adeptes du fameux maillot intégral ne seraient qu’une demi- douzaine. Une goutte d’eau face aux 1,7 million de baigneurs qui fréquentent chaque année la vingtaine d’installations de la ville.
Lausanne et Genève intéressés
En Suisse romande, le burqini n’a pas (encore) fait son apparition. «Jusqu’ici, personne ne s’est présenté avec ce type de maillot», atteste Christian Barascud, gérant des piscines et patinoires lausannoises. S’il admet ne pas avoir été confronté à l’objet, il se montre plutôt intéressé. «Le règlement exige que les baigneurs adoptent un maillot approprié à leur sexe. Ensuite, nous nous adaptons à la demande, car les choses évoluent. » Les maillots de compétition, notamment, sont de plus en plus longs pour permettre une meilleure glisse. «Tant qu’il est en Lycra, ce type de maillot est accepté», précise Christian Barascud. Selon lui, le burqini pourrait donc avoir ses chances dans les piscines lausannoises.
Car à Lausanne, comme à Genève, les personnes qui demandent à pouvoir se baigner toutes habillées ne sont pas rares. «Nous avons énormément de problème à la caisse avec les femmes musulmanes, confie une réceptionniste caissière de la piscine des Vernets. Elles ne veulent souvent pas comprendre que pour des raisons d’hygiène, elles doivent se mettre en maillot.» Et pour cause! «Au contact des vêtements de ville, l’eau des bassins se transforme rapidement en bouillon de culture», confirme Christian Barascud.
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