jeudi 4 septembre 2008

Asile, le cadeau empoisonné de Blocher

Depuis quelques mois, le nombre de requérants est reparti à la hausse. Or la Suisse a réduit ses capacités d’accueil sous l’impulsion de l’ancien chef de Justice et Police. Du coup, les limites sont atteintes plus rapidement. Un article de Caroline Zuercher dans 24 Heures.

Les centres pour requé­rants d’asile tirent la lan­gue. Après avoir réguliè­rement diminué, le nombre d’étrangers arrivant aux frontiè­res helvétiques est à la hausse. Et une question devient lanci­nante: où loger les nouveaux venus? Ces dernières années, sous l’impulsion de Christoph Blocher, la Suisse a en effet réduit ses capacités d’accueil. Et désormais, les limites sont at­teintes plus rapidement.Total des nouveaux dossiers déposés de janvier à août 2008
On était presque habitués à voir le nombre de demandes d’asile baisser. De 47 513 en 1999, elles sont passées à 10 795 en 2005 et se sont éta­blies à 10 844 en 2007. Mais depuis juin, la tendance s’est une nouvelle fois inversée (voir infographie). Les chiffres d’août montrent que cette hausse est notamment due à l’afflux de Somaliens, d’Ira­kiens, d’Erythréens, d’Afghans, de Sri Lankais, de Serbes et de Nigérians. Pour l’ensemble de l’année, l’Office fédéral des mi­grations (ODM) table sur quel­que 12 000 demandes.
Capacités réduites

Ces nouvelles arrivées entraî­nent les premières difficultés. C’est que, face à la baisse des demandes d’asile, Christoph Blocher avait décidé de réduire les capacités d’accueil – «à quel­que 12 000», confirme l’Office fédéral des migrations (ODM). Les soutiens financiers aux can­tons ont été modifiés et, en contrepartie, Berne devait inter­venir si les statistiques dépas­saient à nouveau la barre des 12 000 demandeurs d’asile. L’idée était de faire appel aux cantonnements de l’armée pour laisser aux régions le temps de trouver des solutions.

L'armée n'est plus certaine de pouvoir fournir une aide aussi importante que prévu

STRUCTURES Après plusieurs programmes d’économies, l’armée n’est aujourd’hui plus certaine de pouvoir fournir une aide à l’accueil aussi importante que prévu. LEHMANN/ATS LUKAS


«Nous n’avons pas de tableau général, en raison du fédéra­lisme. Mais ce qui paraît clair, c’est que les cantons ont réduit leurs capacités au maximum, confirme Yann Golay, porte-pa­role de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR). Et maintenant, à la plus petite augmentation, ils atteignent ra­pidement les limites.» Difficulté supplémentaire: après plusieurs programmes d’économies, l’armée n’est plus aujourd’hui dans la même situa­tion que par le passé. Et n’est plus certaine de pouvoir fournir une aide aussi importante que prévu. Elle en a averti l’ODM et analyse actuellement ses capaci­tés d’accueil. Du coup, la situa­tion se tend. Comme l’a relaté la presse alémanique, presque tous les lits zurichois sont pris, Saint­-Gall affiche un taux d’occupa­tion maximum et Thurgovie a dû faire face à 117 nouveaux venus pour la première partie de l’année, contre 30 à 50 per­sonnes les années précédentes.
Les barques sont pleines

Dans le canton de Vaud, le centre de Sainte-Croix, qui compte 125 places, est plein. Le canton de Genève, pour sa part, estime qu’au rythme actuel, il atteindra un taux d’occupation de 100% d’ici à deux mois.
«C’est un fait, les demandes d’asile ont augmenté, mais il n’y a pas encore de raisons de trop s’agiter», relativise Margrith Hanselmann, secrétaire générale de la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales. Toutefois, le canton de Thurgo­vie a demandé à la Confédéra­tion de ne plus lui attribuer de nouveaux requérants. Autre si­gne de cette pression, les can­tons rencontrent Eveline Wid­mer- Schlumpf lundi pour discu­ter de la situation. Que vont-ils demander à la Confédération? Leurs représentants ne feront pas davantage de commentaires avant la semaine prochaine.

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