Questions à Martine Brunschwig Graf.
Lire l'interview réalisée par Valérie de Graffenried dans le Temps
Le PRD et les libéraux, réunis au sein d'un comité «Non aux naturalisations à l'aveugle», ont présenté mardi leurs arguments contre l'initiative de l'UDC sur les naturalisations. Deux autres comités la combattent: les Verts et le PS d'un côté, le PDC de l'autre. Et tant chez les radicaux que chez les démocrates-chrétiens, certains élus soutiennent le texte de l'UDC. Comment y voir clair dans ce foisonnement de comités? Martine Brunschwig Graf répond.
Le Temps: Trois comités distincts pour combattre l'initiative de l'UDC: cette dispersion des forces n'affaiblit-elle pas votre combat?
Martine Brunschwig Graf: Non! Il est légitime et important de vouloir s'adresser à nos électeurs avec nos moyens, des arguments qui nous sont propres. En agissant ainsi, nous ne perdons pas notre identité et ne faisons pas d'alliances contre-nature. Offrir un front massif, indéterminé ou tout à coup on s'entend comme larrons en foire pourrait être mal perçu par une partie de nos électeurs. Les citoyens n'aiment pas les messages aseptisés, les comités indistincts.
- Le PDC était dans un premier temps prêt à s'associer à la gauche, mais il a décidé de fonder son propre comité en voyant le PRD faire sécession...
- Je n'ai pas participé aux décisions. Encore une fois: il ne s'agit pas de faire front commun contre l'UDC mais de contrer un texte qui nous paraît ouvrir la porte à l'arbitraire et aux discriminations. Dresser toute la population contre l'UDC est une mauvaise stratégie. Il y a d'autres raisons de s'opposer à l'initiative que de mener une guerre unie contre l'UDC. Faire passer ce parti pour un martyr est une mauvaise tactique.
- Cette conférence de presse est-elle un acte unique de votre comité ou allez-vous véritablement vous engager dans cette campagne?
- Comme vous le savez, nous avons peu de moyens financiers à disposition pour cette votation. Mais nous ferons le nécessaire pour apparaître le plus possible dans les médias, via des opinions, des interviews et des débats.
- Et que dites-vous de vos «moutons noirs» qui soutiennent l'initiative de l'UDC?
- Vous pensez au comité lancé par Filippo Leutenegger (PRD/ZH)? Aucun libéral n'y est. Pour les autres, je ne peux que déplorer leur position. Mais c'est leur droit de fonder un tel comité: nous ne sommes pas des partis totalitaires. Contrairement à un autre parti, nous n'excluons pas des membres qui ont une opinion différente.
- Le premier sondage GfS signale que 48% des gens voteraient aujourd'hui en faveur du texte, 37% contre. Qu'allez-vous faire pour convaincre les quelque 15% d'indécis?
- La meilleure garantie d'avoir des naturalisations de qualité est d'avoir une bonne intégration en amont, avec des contrôles bien faits, ce que l'initiative de l'UDC ne garantit pas. Nous avons toujours milité pour une véritable loi-cadre sur l'intégration et nous continuerons à le faire. Il est également important de rappeler qu'environ 45000 naturalisations par année, c'est peut-être beaucoup, mais cela ne représente que 3% de la population étrangère de Suisse. Et ce taux est un des plus bas d'Europe.
- Qu'est-ce qui vous gêne le plus dans le texte de l'UDC: le retour aux naturalisations par les urnes ou l'interdiction de tout recours?
- L'interdiction des recours est un peu la «cerise sur le gâteau», si j'ose m'exprimer ainsi. Le problème principal avec cette initiative est le règne de l'arbitraire. C'est la porte ouverte aux discriminations et non aux naturalisations de qualité.
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